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La fièvre du Mondial s’empare de l’Egypte

Mohamad Mosselhi, Lundi, 23 avril 2018

Un climat spécial règne en Egypte depuis la qualification des Pharaons pour le Mondial 2018 en Russie. A moins de deux mois du coup d’envoi de l’événement, l’équipe nationale effectue ses derniers préparatifs, tandis que spécialistes et supporters s’adonnent aux joies des pronostics.

La fièvre du Mondial s’empare de l’Egypte
(Photo : Reuters)

Plus la Coupe du monde s’approche, plus la fièvre du Mondial en Egypte augmente. A moins de deux mois du coup d’envoi, qui aura lieu en Russie le 14 juin prochain, le football est dans toutes les bouches au pays des Pharaons. Les discussions dans les cafés et les rues vont bon train sur les chances de l’équipe nationale lors du Mondial, la question de savoir qui sera le gardien de l’équipe et si Cuper, le directeur technique, restera fidèle à sa stratégie défensive ou non, ainsi que sur d’autres sujets concernant la sélection et son sort au Mondial. Différentes sociétés offrent, dans le cadre de leurs plans de marketing, des voyages gratuits en Russie. Il en est de même pour les entreprises de tourisme, qui organisent de multiples programmes relatifs au grand événement en Russie.

Même la grille des programmes des chaînes satellites pour le mois du Ramadan fera l’objet de certaines modifications. Les programmes sportifs prendront ainsi une place plus importante que d’habitude, aux dépens des feuilletons, et ce, afin d’assurer une meilleure couverture des nouvelles relatives aux Pharaons avant le Mondial, qui commencera deux jours avant la fin du mois du Ramadan. « La fièvre du Mondial en Egypte est normale. Le peuple égyptien adore le football et s’intéresse toujours à la Coupe du monde. Cette fois-ci, l’événement est exceptionnel pour les Egyptiens, vu la participation de l’Egypte pour la première fois depuis 1990 », indique Hassan Al-Mestekawi, président de Wadi Degla et icône du journalisme sportif en Egypte.

En effet, les Pharaons ont réalisé un exploit historique en se qualifiant pour le Mondial pour la première fois depuis 28 ans. Depuis leur deuxième participation en 1990, ils ont échoué à six reprises lors des qualifications. Parfois, ils ont quitté tôt les éliminatoires, tandis que d’autres fois, comme en 2009 et 2013, ils ont manqué le Mondial suite à leurs défaites contre l’Algérie et le Ghana respectivement, lors des matchs de barrage. Les troubles internes qui ont frappé l’Egypte en 2011 ont eux aussi eu des retombées sur le sport égyptien, notamment sur le football. Ainsi, l’Egypte, qui détient le record de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) avec sept titres, dont trois d’affilée (2006, 2008 et 2010), a échoué à se qualifier pour la compétition continentale à trois reprises, avant de revenir en force lors de l’édition 2017 et de se hisser en finale, manquant toutefois la dernière marche contre le Cameroun.

La qualification pour le Mondial et cette place en finale de la CAN ont confirmé que les Pharaons ont retrouvé leur niveau d’antan comme équipe puissante du continent africain. Ce nouvel éveil du football égyptien après sept sombres années a été à l’origine de la grande joie des Egyptiens après la qualification pour le Mondial. « Les célébrations des Egyptiens après la qualification étaient exceptionnelles. Je n’avais jamais vu de telles célébrations dans toute ma vie. On aurait dit qu’ils avaient gagné la finale de la Coupe du monde avec un Golden Goal », a déclaré l’Allemand Jurgen Klopp, directeur technique de Liverpool, suite à la qualification de l’Egypte. Mais il reste que ce degré de célébration est normal pour une équipe qui était absente du Mondial depuis 28 ans.

De grandes ambitions

La fièvre du Mondial s’empare de l’Egypte
Salah, espoir de l'Egypte au prochain Mondial.

Un climat d’optimisme règne en Egypte depuis le tirage au sort des groupes du Mondial en ce qui concerne la chance des Pharaons, qui ont pu éviter les puissances classiques comme l’Allemagne, le Brésil ou l’Argentine. Le tirage au sort a, en effet, été clément pour les Pharaons, qui se retrouvent dans un groupe relativement facile (groupe A) avec la Russie, pays hôte du Mondial, l’Uruguay et l’Arabie saoudite. Pour la majorité des Egyptiens, ces trois sélections sont à la portée des Pharaons. Quant aux autres, ils sont d’avis que la mission de l’Egypte ne sera pas facile contre l’Uruguay d’Edison Cavani (PSG) et de Luis Suarez (Barcelone), qui figurent parmi les meilleurs attaquants du monde.

Or, globalement, la mission des Pharaons ne sera pas difficile dans ce groupe assez homogène. « Je suis très optimiste en ce qui concerne les chances de l’équipe nationale égyptienne au Mondial. Nous avons de grandes chances d’accéder au second tour. La Russie et l’Arabie saoudite sont à notre portée. Beaucoup de gens exagèrent en ce qui concerne la puissance de l’Uruguay. Cette dernière possède Suarez et Cavani, mais nous possédons Salah, le prodige », explique Ahmad Wagdi, pilote et grand fan du football égyptien.

Le défenseur de la formation américaine de Los Angeles FC et de la sélection Omar Gaber se montre, lui, encore plus optimiste, déclarant que ce ne serait pas une surprise pour lui de voir l’Egypte présente au dernier carré de la Coupe du monde. Un exploit jamais achevé par une sélection africaine, la meilleure performance africaine étant une place en quarts de finale. « Nous sommes une équipe solide et très organisée. Nous avons un grand entraîneur, qui a réussi à construire une équipe puissante. Nous ne sommes pas moins forts que le Ghana, le Sénégal ou le Cameroun, qui se sont hissés jusqu’en quarts de finale dans les précédentes éditions. Nous pouvons même faire mieux et aller jusqu’en demi-finales. Ce ne serait pas une surprise pour moi », indique Gaber.

Le niveau exceptionnel du milieu international de Liverpool, Mohamad Salah, cette saison est à l’origine de l’optimisme des Egyptiens, qui ont une grande confiance en lui et en sa capacité à mener les Pharaons le plus loin possible dans le Mondial. C’est la première fois que l’Egypte voit un joueur évoluant en Europe faire la différence pour son équipe. Auparavant, les Egyptiens faisaient toujours des comparaisons entre les joueurs égyptiens évoluant en Europe et les joueurs de l’Afrique noire, à l’instar du Camerounais Samuel Eto’o et de l’Ivoirien Didier Drogba, qui faisaient la différence pour leurs équipes. Maintenant, l’Egypte peut se réjouir d’un joueur du même calibre de Drogba et d’Eto’o. Prudent sur le terrain, Hector Cuper, le sélectionneur des Pharaons, l’est aussi dans ses déclarations en ce qui concerne le sort de l’Egypte au Mondial. « Je sais que les Egyptiens sont très contents. Ils pensent que le groupe est facile, mais pour moi, c’est un groupe assez homogène », a déclaré Cuper suite au tirage au sort. « Dans le monde du football, tu dois respecter ton adversaire. Si tu le sous-estimes, tu es déjà en danger. En fait, il n’y a pas de place pour les équipes faciles dans un grand événement comme la Coupe du monde », a-t-il ajouté. Il apparaît dès lors qu’il n’y aura pas de grandes différences entre les équipes figurant dans le groupe de l’Egypte, à part l’Uruguay, qui possède un mince avantage grâce à son grand duo d’attaquants. Tous les scénarios sont possibles. Les matchs entre les trois autres équipes vont, de leur côté, avoir des conséquences sur le sort de l’Egypte dans la compétition. « Nous aurions préféré ne pas avoir deux équipes arabes dans un même groupe. Mais je suis sûr que nous irons le plus loin possible et représenterons bien le football arabe », a déclaré Essam Al-Hadari, capitaine de la sélection.

Questions en suspens

Alors que la structure de la sélection se dessine dans la tête de Hector Cuper, qui ne préfère pas faire de grandes modifications dans son effectif, l’Argentin doit trouver des réponses à plusieurs questions (voir page 5). La blessure du gardien de but de Zamalek et de la sélection Ahmad Al-Chennawi, qui va donc manquer le Mondial, a constitué un coup dur pour Cuper et son cadre technique, vu les grandes capacités et l’importante expérience du gardien blessé. Ahmad Nagui, l’entraîneur des gardiens au sein de la sélection, a ouvert la porte au retour du gardien d’Ahli, Chérif Ekrami, aux rangs des Pharaons, alors que celui-ci a perdu sa place de titulaire de son club depuis longtemps. Trouver un remplaçant pour Mohamad Abdel-Chafi, latéral gauche, figure parmi les autres tâches qui se présentent à Cuper, tout comme la question des remplaçants pour les milieux Abdallah Al-Saïd et Mohamad Salah. La formule offensive égyptienne à suivre au Mondial constitue elle aussi un défi pour Cuper, qui ne possède pas d’attaquant dans le vrai sens du terme dans son effectif. Les milieux Abdallah Al-Saïd et Mohamad Salah ont assumé une grande responsabilité en menant l’attaque égyptienne lors des qualifications et de la dernière CAN.

Même lors des matchs amicaux de préparation au Mondial de mars dernier, ce duo a été à l’origine de l’unique but marqué contre le Portugal (1-2), avant la perte (0-1) contre la Grèce. Critiqué pour son style de jeu défensif, Cuper devra de plus trouver une solution pour la performance de ses défenseurs contre les centres, qui se présente comme une grande lacune de la défense égyptienne. Le sélectionneur aura la chance de répondre à toutes ces questions à partir du 15 mai prochain, date du coup d’envoi du dernier regroupement des Pharaons avant le Mondial. Lors de ce regroupement, l’Egypte jouera trois rencontres amicales, contre le Koweït, la Belgique et la Colombie, en guise de derniers préparatifs. « C’est très difficile de faire des pronostics dans le monde du football, mais ce qui est sûr, c’est que nous allons faire notre maximum pour bien représenter le football égyptien. Nous avons été absents du Mondial pendant 28 ans et je promets aux Egyptiens qu’ils vont être fiers de leur équipe nationale lors de cette Coupe du monde », conclut Ossama Nabih, adjoint de Cuper.

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