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Les aspects de festivité devant les urnes font la particularité des élections en Egypte.
«
Si je pouvais, je serais venu tout au long des trois jours, pour prouver au monde entier de quoi nous, Egyptiens, sommes capables ». C’est ce que déclare Adel Ahmad qui, malgré ses 75 ans, a tenu à répondre présent. Ce dernier fait partie d’une importante catégorie de personnes âgées dont la participation à l’élection a été remarquable. On les a vues en grand nombre malgré l’état physique faible de certains d’entre elles. On a leurs photos sur des chaises roulantes, avec des cannes, certaines même venues dans une ambulance. Des photos qui ont fait les unes des journaux.
A leur côté dans les bureaux de vote, les youyous se font entendre, témoins de la joie des femmes qui, elles aussi, étaient nombreuses à aller voter. A la présidentielle de 2014, 55% des votants étaient des femmes. Cette fois-ci aussi, il y avait beaucoup de femmes dans les bureaux de vote. « J’ai vécu les plus beaux jours de l’Egypte, mais j’ai aussi vu de près la détérioration dans plusieurs domaines sociaux, surtout après la révolution. Aujourd’hui, je suis consciente des dangers qui nous menacent et qui viennent de plusieurs directions, alors la moindre des choses, c’est d’aller voter à l’élection, en espérant que la situation s’améliorera pour que mes enfants et mes petits-enfants puissent un jour revoir l’Egypte d’autrefois », s’exprime Soheir, une ingénieur de 55 ans.
A l’origine de cet engouement des femmes et des plus âgés, le sens patriotique, certes, mais aussi d’autres raisons. « Les générations les plus âgées sont les témoins d’une histoire tumultueuse. Elles ont connu plusieurs guerres, ont vécu des conditions économiques très difficiles, alors elles veulent à tout prix éviter de revivre de nouveau de tels événements », explique la sociologue Samia Khedr. C’est le cas de Nabil Sobhi, qui est venu sur une chaise roulante accompagné par sa fille. « Nous, on a connu la guerre, on sait ce que c’est que de vivre sous les raids ou d’avoir d’énormes difficultés à trouver les produits alimentaires de base pour subvenir aux besoins de la famille. Et on ne veut pas d’un tel scénario », dit Nabil, qui reconnaît cependant qu’avant la révolution du 25 janvier 2011, il ne participait jamais aux élections ni ne s’intéressait à la politique en général. « Mais actuellement, la situation est tellement différente, et chaque voix compte et fait la différence », insiste-t-il.
Pour ce qui est des femmes. D’un côté, elles se sentent soutenues par le président Sissi et trouvent que le régime actuel a amélioré leur situation. De l’autre, explique la sociologue Nadia Radwane, « c’est la femme qui assume la responsabilité de la famille, c’est elle qui guide, voire décide. Il est donc normal que lorsqu’on l’appelle à faire son rôle patriotique, elle descend et encourage tout son entourage à participer ».
Les novices aussi
Youyous de femmes, patriotisme poussé des plus âgés et enthousiasme des jeunes. En robe blanche et en costume noir de mariage, Sara et Fadi, un couple vivant au Sud-Sinaï, ont choisi de célébrer leurs noces dans un bureau électoral et ont pris des photos avec les responsables et les citoyens qui venaient les féliciter. Une scène qui s’est répétée plusieurs fois dans d’autres gouvernorats. C’est de cette manière que certains jeunes ont choisi de marquer leur participation à l’élection: une nouvelle page dans leur vie privée, une nouvelle page dans le pays.
Le comportement de cette catégorie lors de ce scrutin a été remarquable. Ils ont leurs propres considérations, même s’ils ne possèdent pas l’expérience des aînés et que certains d’entre eux craignent pour leur avenir. Sur les réseaux sociaux, les photos des doigts couverts d’encre rose ont fusé, tout comme les commentaires de ces jeunes qui tiennent à dire leur mot.
« C’est après le dernier acte terroriste que j’ai décidé de me diriger aux urnes pour faire défi aux terroristes », dit Salma, 22 ans, étudiante en beaux-arts. Ahmad, son frère, âgé de 19 ans et qui participe pour la première fois à l’élection, explique qu’il a beaucoup hésité avant de venir, le résultat étant connu d’avance. Mais il a fini par y aller, ses parents l’ayant convaincu que participer, c’est un droit, mais aussi et surtout un devoir, et ce, quel que soit le candidat ou le résultat. « J’ai suivi les deux conférences des jeunes qui avaient lieu en 2016 et 2017 à Charm Al-Cheikh et aussi j’ai entendu parler du projet d’autonomisation des jeunes, c’est ce qui m’a donné de l’espoir pour l’avenir », conclut Ahmad.
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