Lundi 26 mars, il est 9h du matin. Des policiers et des soldats des forces armées sont postés en grand nombre devant les bureaux de vote de l’école primaire
Al-Horriya à Imbaba, quartier populaire proche du centre du Caire. Ils procèdent à des fouilles systématiques. Des jeunes, des femmes avec leurs enfants portant des drapeaux de l’Egypte, mais aussi des personnes âgées commencent à s’affluer. L’ambiance est festive et des haut-parleurs installés sur des voitures sillonnent les rues et diffusent des chansons patriotiques incitant les citoyens à participer aux élections. Les pancartes des candidats couvrent les façades des immeubles ou sont accrochées aux arbres. Des tok-tok font des allers-retours transportant les électeurs vers les bureaux de vote. «
Le processus électoral s’est bien déroulé. Nous avons ouvert nos portes à 9h pile. Et les électeurs ont commencé à affluer. 5 000 électeurs sont inscrits ici », affirme le conseiller Walid Auf, responsable du bureau de vote.
Rapidement, on remarque que les femmes sont nombreuses à venir voter. Hadja Fatma, une femme de 70 ans, est venue de bonne heure le matin pour voter. Elle se réjouit de la présence d’une chaise roulante devant chaque bureau de vote. « Je n’ai plus vraiment la santé, mais je voulais voter car je suis convaincue que c’est un devoir national et un impératif pour la sécurité et la stabilité de notre pays », dit-elle avant de voter.
Nihal, une jeune femme avec son enfant, arrive à midi. « Je suis venue donner ma voix au président Sissi. Je pense que durant les quatre dernières années, l’Egypte a progressé au niveau des investissements et de l’infrastructure, et on a commencé à réaménager les bidonvilles. J’ai beaucoup d’espoir que les problèmes des Egyptiens seront résolus », dit-elle. Pour d’autres femmes venues voter, la sécurité est le facteur le plus important. C’est l’avis de Saadiya Rizqallah, une femme de 50 ans. « Je suis une femme chrétienne et je suis venue soutenir le président Sissi, car pour la première fois depuis de longues années, je me sens en sécurité », dit-elle. Même son de cloche pour Amina, qui a insisté pour venir avec ses deux enfants malgré son handicap : « Nous sommes venus soutenir le président, car nous voulons la stabilité. Nous avons souffert de l’instabilité pendant des années et nous en payons tous le prix aujourd’hui ».
Ahmad, 30 ans, est, lui, venu pour accomplir un devoir national. « Depuis la révolution du 25 janvier, nous avons pris conscience de l’importance de participer à la vie politique. C’est un droit auquel nous ne renoncerons jamais », lance-t-il.
Quelques moments passent et un groupe de 5 jeunes salafistes entrent au bureau de vote. Eux aussi votent pour le président. « Beaucoup de projets ont été réalisés ces dernières années comme la Nouvelle Capitale administrative et le Nouveau Canal de Suez », disent-ils.
A Zamalek, l’élite se mobilise
A quelques kilomètres d’Imbaba se trouve le quartier huppé de Zamalek. Ici, au bureau de vote de la faculté des beaux-arts, la scène est différente. C’est surtout le calme qui règne, mais les électeurs tiennent à accomplir leur devoir de citoyen. « Les habitants de Zamalek ont donné l’exemple avec leur participation remarquable. Ici, nous avons 8 000 électeurs », déclare le conseiller responsable du bureau de vote.
Ici, ce sont davantage des personnes d’un certain âge qui votent. Il y a aussi des chanteurs et des acteurs qui habitent le quartier. A la sortie du bureau de vote, ils prennent des photos avec les électeurs. Pour Salwa, une femme de 60 ans, « la participation massive aux élections est dans l’intérêt national de l’Egypte ». Avis partagé par Hanaa, qui lance : « Tous les Egyptiens doivent participer au vote. Il ne faut pas que nous soyons négatifs ». En participant massivement au scrutin, les Egyptiens à l’étranger ont donné l’exemple. « Nous devons faire de même », affirme Hanaa.
Mohamad Mansour, grand-père, a tenu à emmener ses petits-fils pour leur donner l’exemple. « C’est pour la sécurité de nos enfants que nous devons donner nos voix au président Sissi, qui mène une âpre guerre contre le terrorisme », dit-il.
Alexandrie plus déterminée que jamais
(Photo : Mohamad Abdou)
A 200 kilomètres au nord du Caire se trouve la ville d’Alexandrie, perle de la Méditerranée. Quelques jours avant les élections, un attentat manqué à la bombe avait visé le convoi du directeur de la sécurité de la ville. L’attentat n’a pas dissuadé les électeurs descendus en grand nombre pour voter. Les grandes familles et les députés de la ville côtière avaient réussi ces derniers jours à mobiliser les habitants chacun dans sa circonscription.
Les salafistes ont participé en masse, notamment dans les circonscriptions de Montazah et de l’ouest d’Alexandrie. Hommes et femmes se sont rendus aux urnes avec à leur tête Yasser Borhami et Abdel-Moneim Al-Chahat, respectivement vice-président et porte-parole de l’Appel salafiste, ainsi que plusieurs députés du parti salafiste Al-Nour.
Les coptes orthodoxes et les catholiques ont également répondu aux appels de leurs patriarches qui les ont encouragés à accomplir leur devoir de citoyen et d’envoyer un signal positif à l’Etat pour poursuivre le développement.
Le patriarche grec orthodoxe, Théodore II, a voté à l’école d’Al-Attarine aménagée en bureau de vote. « Je suis très heureux de ce qui a été réalisé en Egypte durant ces quatre dernières années », a-t-il déclaré.
Une délégation de la Ligue arabe a fait le tour d’un nombre de bureaux de vote, dont certains à Minya Al-Bassal. Elle comptait des représentants du Maroc, d’Algérie et de Syrie. Des officiels du consulat américain à Alexandrie ont également visité plusieurs circonscriptions, notamment à Abouqir à l’est d’Alexandrie. De même, l’Union africaine a envoyé des observateurs en provenance du Tchad, de Djibouti et de Namibie. Selon May Mahmoud, députée d’Alexandrie, les observateurs africains ont visité dix bureaux de vote et ont gardé une impression positive quant au bon déroulement du vote, à sa sécurisation et au contrôle judiciaire du processus.
Dans les 488 bureaux de vote que compte le gouvernorat d’Alexandrie, aucune irrégularité n’a été reportée. Le QG de l’Autorité nationale des élections n’a reçu aucune plainte. Les électeurs étaient plus nombreux parmi les femmes et les citoyens les plus âgés, avec une faible participation des jeunes.
Vote massif à Assiout
A Assiout, en Haute-Egypte, les habitants du gouvernorat étaient présents tôt le matin dans les bureaux de vote, malgré la chaleur et les appels au boycott lancés par certains. Dans les villages et les bourgs, des familles complètes étaient présentes devant les bureaux de vote. Elles chantaient et dansaient comme pour fêter un heureux événement familial. Les enfants ont participé à leur manière à cette fête électorale.
Dans les villages situés au nord de la ville d’Assiout, peu d’électeurs ont voté pendant la matinée, car la majorité des habitants sont des agriculteurs. Mais en début d’après-midi, les électeurs, en particulier les femmes et les jeunes, ont afflué vers les bureaux de vote.
Mahmoud Abdel-Rahmane, étudiant, déclare : « J’ai insisté sur le fait de venir très tôt le matin en compagnie de mes amis. Ce n’est pas vrai que les jeunes ne veulent pas participer, au contraire, nous tenons à choisir notre président. Le président Sissi croit à l’importance des jeunes ». Mahmoud Abdallah affirme qu’il vote pour « la stabilité de l’Egypte ». « Mieux vaut faire la queue devant les bureaux de vote que de la faire devant les bureaux des affaires des réfugiés. Rien ne vaut la stabilité et la sécurité. Nous avons vu comment des pays se sont effondrés face au terrorisme et à la guerre. Dieu merci, l’Egypte connaît actuellement une phase de reconstruction à laquelle tout le monde doit participer », dit Abdallah.
Les villages de Qosseir et de Chalkakil ont donné l’exemple. Personne ne s’attendait à ce que les habitants de ces villages très pauvres participent aux élections. Mais au contraire, beaucoup de monde attendait le matin de bonne heure devant les bureaux de vote, en particulier des femmes et des personnes âgées. « Nous sommes venus remercier l’Etat qui nous a accordé de l’attention pour la première fois depuis des décennies. L’Etat a créé une nouvelle allocation de retraite (Takafol wa Karama) dont profitent des milliers de familles démunies dans nos villages, en plus d’un nouveau système d’approvisionnement. Il était donc normal que nous venions aujourd’hui pour voter », conclut Mohamad, jeune électeur.
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