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Quand le Liban joue avec le feu

Abir Taleb avec agences, Mardi, 28 mai 2013

Deux roquettes ont visé dimanche le fief du Hezbollah à Beyrouth, témoignant d’un débordement croissant du conflit syrien au pays du Cèdre.

La ligne rouge a-t-elle été franchie au Liban ? Peut-être pas encore, mais une chose est sûre, le Liban a de plus en plus de mal à se tenir à l’écart de ce qui se passe chez son voisin syrien. Dimanche dernier, deux roquettes sont tombées sur la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, faisant quatre blessés, selon une source de sécurité.

« On ne peut pas à ce stade accuser qui que ce soit. Nous espérons que ce qui se passe en Syrie ne va pas déborder chez nous au Liban et qu’il y aura des gens sensés qui comprennent que le Liban ne peut pas le supporter », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, tout en dénonçant « un acte de sabotage visant à créer la zizanie ». Il s’agit de la première attaque du genre depuis 2006. C’est aussi la première fois que les débordements de la crise syrienne atteignent la capitale libanaise, alors qu’ils étaient jusque-là cantonnés à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, où les combats entre partisans et opposants au président syrien Bachar Al-Assad ont fait la semaine dernière 30 morts, alors qu’au moins 79 membres du Hezbollah ont été tués en une semaine lors de l’assaut de Qousseir.

Au total, 204 personnes ont également été blessées dans ces affrontements opposant des habitants du quartier sunnite de Bab el-Tebbaneh, favorables aux rebelles syriens, à d’autres du secteur alaouite de Jabal Mohsen, qui soutiennent le régime de Damas, selon cette source

Bien que l’attaque de dimanche n’ait pas été revendiquée, il est clair que l’incident soit lié au conflit syrien, d’autant plus qu’il est intervenu au lendemain d’un discours du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a promis à ses partisans la victoire en Syrie, où son mouvement est engagé en particulier dans la bataille de Qousseir.

C’est la première fois que M. Nasrallah reconnaît ouvertement l’implication de son mouvement en Syrie. « La Syrie, c’est la protection arrière de la résistance, le support de la résistance. La résistance ne peut rester les bras croisés quand sa protection arrière est exposée et quand son support se brise », a-t-il dit dans un discours retransmis sur un écran géant devant ses partisans lors d’une cérémonie à Machghara (sud-est), à l’occasion du 13e anniversaire du retrait israélien du Liban. Le jour même, neuf corps de combattants du mouvement, tués dans la région de Qousseir, sont arrivés dans la ville libanaise de Baalbeck, selon leurs familles. Et, sur sa page Facebook, la Tansikiyat (comité de coordination sur le terrain) de Qousseir a appelé à l’aide : « Si Qousseir tombe, nous ne nous relèverons plus. Aidez-nous, envoyez-nous de l’argent, de la nourriture et des médicaments ».

Le Hezbollah a ainsi dévoilé ses cartes, alors que jusque-là, son jeu se faisait plus discret. Un jeu qui inquiète aussi bien à l’intérieur du Liban qu’à l’étranger. Car, s’il en va de la survie du Hezbollah, c’est aussi l’avenir du Liban qui risque d’être hypothéqué.

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