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Zlec : Un projet ambitieux dans une Afrique en difficulté

Maha Salem avec agences, Lundi, 26 mars 2018

Les dirigeants africains ont signé un accord pour la création d'une zone de libre-échange. Un projet ambitieux dans un continent où les différends politiques sont un frein à toute intégration économique.

Zlec : Un projet ambitieux dans une Afrique en difficulté

Un accord pour créer une Zone de Libre-Echange Continentale (ZLEC) a été signé par quarante-quatre pays africains à Kigali, à la fin d’un sommet de l’organisation extraordinaire de l’Union Africaine (UA) tenu mercredi 21 mars dans la capitale rwandaise. Cet accord vise essentiellement au développement économique de l’Afrique, par le biais d’une hausse du commerce intra-africain. La création de cette Zlec, présentée comme potentiellement la plus vaste au monde en nombre de pays membres, fait suite à deux années de négociations et est l’un des projets-clés de l’UA pour renforcer l’intégration du continent.

L’accord entrera en vigueur dans un délai de 180 jours, après avoir été ratifié à l’échelle nationale par les pays signataires. « Nous sommes venus ici pour répondre à l’aspiration de nos peuples à l’intégration et à l’unité », a déclaré le président de la commission de l’UA, Moussa Faki. Les poids lourds, comme l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Egypte, le Kenya ou encore la pourtant très protectionniste Algérie, ont signé l’accord. Le Nigeria, l’une des premières économies du continent, qui avait pourtant coordonné les négociations avec l’Egypte, est le principal pays à s’être abstenu.

Le président nigérian, Muhammadu Buhari, avait décidé de ne pas faire le déplacement à Kigali, après qu’un des plus grands syndicats du pays, le Nigeria Labour Congress (NLC), eut dit craindre les effets négatifs de la Zlec pour l’économie nationale. Ce syndicat avait aussi demandé à être davantage impliqué dans les négociations et Buhari avait accepté de donner plus de temps aux consultations. « Certains pays ont des réserves et n’ont pas encore finalisé leurs consultations à l’échelle nationale. Mais nous aurons un autre sommet en Mauritanie en juillet et nous espérons que ces pays signeront alors », a déclaré le commissaire de l’UA chargé du commerce et de l’industrie, Albert Muchanga. Parmi les autres pays n’ayant pas signé l’accord figurent le Bénin, la Namibie, le Burundi, l’Erythrée et la Sierra Leone.

La Zlec doit permettre l’élimination progressive des droits de douane entre pays membres, favorisant ainsi le commerce au sein du continent et permettant aux pays africains de s’émanciper d’un système économique trop centré sur l’exploitation des matières premières. Actuellement, seuls 16 % du commerce des pays africains s’effectuent avec d’autres pays du continent. Si les 55 pays membres de l’UA signent le document, la Zlec ouvrira l’accès à un marché de 1,2 milliard de personnes, pour un PIB cumulé de plus de 2,5 milliards de dollars.

Un premier pas

La Zlec est un des projets-clés mis en exergue par l’UA dans son Agenda 2063, un programme de développement à long terme. Les défenseurs de cet accord estiment que la Zlec aidera à la diversification des économies africaines et à l’industrialisation du continent, tout en lui offrant une plateforme unique pour négocier de meilleurs accords commerciaux avec l’extérieur. Cette Zlec s’inscrit dans le cadre d’un processus devant mener d’ici 2028 à la création d’un marché commun, et d’une union économique et monétaire en Afrique. C’est « une nouvelle étape dans notre marche vers plus d’intégration, plus d’unité. Le monde change, et change à grande vitesse. La compétition internationale est âpre. Elle ne laisse pas de place aux faibles », a affirmé Moussa Faki.

Mais tout le monde ne partage pas cet optimisme. « Il ne faut vraiment pas faire preuve d’optimisme », estime Dr Ahmed Youssef, directeur du Centre des études et recherches arabes et africaines au Caire, qui estime que le chemin est encore long. « Il est vrai que cet accord donne une lueur d’espoir pour réaliser les objectifs premiers de la création de l’UA (ancienne Organisation de l’unité africaine) en 1963, à savoir une unification politique et économique du continent. Mais en raison des différends et des conflits qui déchirent les pays africains, ce rêve n’a jamais pu être réalisé. En fait, le problème est que toute intégration économique passe par une entente politique, ce qui n’est pas évident en Afrique », explique l’expert.

Même Faki l’a reconnu: les Africains ont connu « tant de proclamations restées lettre morte, tant d’engagements sans prolongement pratique qu’ils en sont venus à douter de la force de notre engagement » .

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