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Un été égyptien en cinq escales

Najet Belhatem, Mardi, 28 mai 2013

L’été sera chaud avec ses coupures d’électricité. Il faut y ajouter d'autres dossiers : manque de transparence, blocage politique et l’armée ... sur fond d’appels à des manifestations contre les Frères.

coupure de presse
« Ecoute, Kaka Maka Saka … Je suis très inquiet, ils risquent de découvrir que nous sommes derrière le kidnapping des soldats égyptiens au Sinaï ! ».

Escale 1. « La femme entre en soins intensifs, son état est grave, mais ses parents attendent son rétablissement. Soudain aux environs de 9 heures et demie, le courant est coupé et un problème technique dans le générateur a causé l’arrêt de tous les appareils médicaux auxquels la vie de la malade est reliée. Elle a rendu l’âme aux soins intensifs de l’hôpital des recherches médicales à l’Université d’Alexandrie. Et quand le courant a été rétabli après 45 minutes, elle n’était plus là pour crier : Hééé comme nous avons pris l’habitude de faire en cet été de Nahda (ndlr, c’est le nom du projet donné par les Frères à leur projet politique de développement du pays) », écrit Ahmad Samir dans le quotidien Al-Masry Al-Youm pour revenir sur le problème des coupures de courant quotidiennes dans toutes les villes égyptiennes, ce qui annonce un été tout en sueurs sans climatiseurs, ni ventilateurs, ni plus dramatiquement d’électricité dans les hôpitaux. Ces coupures ont déclenché un tollé sur la Toile et les réseaux sociaux où le mot Nahda a été associé à l’électricité engendrant des commentaires du genre « La Nahda a débarqué » pour dire que le courant a été coupé.

Escale 2. « Voir des membres de l’armée se faire tuer et kidnapper sous le règne des Frères musulmans ne semble pas un simple hasard. La confrérie des Frères musulmans a une histoire dramatique avec l’armée égyptienne depuis 60 ans. Cela ne veut pas dire nécessairement qu’elle est accusée de commettre ces hauts faits, mais au moins qu’elle s’en réjouit. Ce n’est pas un secret, pour qui connaît l’histoire, que la confrérie, dans ses grands heurts ou ses épreuves comme elle les qualifie, considère que l’armée a été la force principale que l’Etat engageait contre elle. Il en a ét&´ ainsi en 1954 après la tentative de quelques membres de la confrérie d’assassiner Nasser, et en 1965 quand s’est formée une organisation de Frères autour du cheikh Sayed Qotb et ses idées djihadistes. Et cela a continué sous Moubarak jusqu’à sa chute, puisque c’était les cours martiales qui infligeaient les plus dures peines aux Frères », fait remarquer le chercheur et président du syndicat des Journalistes Diaa Rachwan également dans Al-Masry Al-Youm. Et d’ajouter : « L’appel au secours de la majorité lancé à l’armée en tant que seul sauveur du pays a fait que la confrérie en veut davantage à l’armée ».

Escale 3. « L’opposition déclare que la principale raison de sa décision de boycott des élections législatives est qu’elle craint un manque de garantie de probité. Or, une raison se cache dans son subconscient et c’est la peur d’échouer et de voir la légitimité de Mohamad Morsi et des Frères musulmans se renforcer une fois pour toutes. Le stigmatisme politique de la majorité des forces de l’opposition les empêche de voir la crise que vit la confrérie des Frères musulmans dans la rue égyptienne surtout dans le Grand Caire et les villes des gouvernorats », lance Emadeddine Hussein dans le quotidien Al-Shorouk au moment où des indices laissent prévoir que les législatives seront reportées. Pour dire que le blocage se poursuivra cet été et que l’opposition peine à trouver les moyens d’impact sur les Egyptiens.

Escale 4. Emad Adib s’attaque, dans le quotidien Al-Watan, à un autre gros problème récurrent depuis la révolution. Le manque d’information et l’opacité. « Depuis le début de la révolution, il y a une logique illogique, à savoir la multitude de versions qui accompagnent chaque événement de telle sorte que la vérité disparaisse. Pour exemple, l’ancien président a-t-il quitté le pouvoir de son propre gré ou a-t-il reçu une injonction de la part de l’armée ? Y a-t-il eu d’accord secret entre l’armée et les Frères ? Les Etats-Unis ont-ils fait pression pour soutenir Mohamad Morsi contre Chafiq ? A-t-on truqué les résultats des élections présidentielles ? Quelle est la réalité des relations égypto-iraniennes ? Qui a tué les manifestants à Maspero, à Port-Saïd, à Mahallah et ailleurs ? ». Il est clair que les Egyptiens n’auront pas de réponses à ce genre de questions cet été. De quoi raviver le souk à rumeurs en pleine expansion depuis plus de deux ans.

Escale 5. « La rébellion est devenue un état d’esprit égyptien. Là où vous allez vous trouvez de jeunes volontaires qui vous proposen de signer la pétition du mouvement Tamarrod (rébellion). La signature est chose aisée, il suffit d’être en colère contre le régime des Frères à cause du manque de sécurité, des coupures de courant et du manque de chance de travail. Le mouvement appelle à descendre sur les places des villes le 30 juin, date de l’investiture du président en 2012, pour protester contre lui ». Les foules signataires répondront-elles à l’appel ? Nul ne sait.

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