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Relancer le marché local du sucre

Amani Gamal El Din, Dimanche, 04 mars 2018

Canal Sugar est un projet qui intervient à temps pour combler la pénurie de sucre sur le marché égyptien.

Les études effectuées par la mai­son de courtage Prime Securities sur le marché du sucre en Egypte démontrent que celui-ci est per­turbé. C’est en 2015 qu’il a connu la pire année, affaibli par la compé­tition de l’étranger suite à la baisse du prix du sucre mondial. Les importateurs égyptiens vendaient le sucre à un prix plus bas que celui produit localement, ce qui a mis le marché sous pression.

En 2016, les dynamiques du mar­ché ont changé en faveur du mar­ché local, avec la hausse des prix mondiaux. Toute la production a donc été destinée à l’exportation. « Ce fut l’une des raisons de la pénu­rie du marché local en sucre », déclare Omneya El-Hammamy, analyste financière auprès de la maison de courtage Prime Securities. Le gouvernement est alors intervenu pour combler la lacune via le ministre de l’Approvi­sionnement.

Selon les études de Prime Securities et El-Hammamy, si le gouvernement a dû faire une série d’interventions pour sauver le marché local du sucre en 2017, ce n’étaient que de simples apaise­ments. Or, selon El-Hammamy, ces apaisements étaient vitaux pour rééquilibrer le marché. En effet, en règle générale, les denrées de base doivent être essentiellement orientées vers le marché local.

Le ministère de l’Approvisionne­ment a ainsi mis en place un fonds pour combler le déficit de l’offre à travers des adjudications interna­tionales. En mars 2017, le premier ministre Chérif Ismaïl a, en outre, exempté le sucre brut des frais d’importations pour qu’il soit raf­finé en Egypte. Une décision saluée par la Fédération des industries, toujours selon les études de Prime Securities. En avril 2017, le ministre du Commerce, Tareq Qabil, a émis une décision imposant aux expor­tateurs de payer 3000 L.E. sur chaque tonne exportée. La déci­sion était destinée à protéger les compagnies publiques et à limiter les exportations à cause du grand écart de prix, les compagnies pri­vées exportant le sucre à 7000 ou à 8000 L.E. par tonne à l’heure où le prix sur le marché local était de 3 000 L.E. par tonne. Enfin, une décision du ministre de l’Approvi­sionnement a autorisé les compa­gnies gouvernementales, pour les protéger, à vendre directement aux commerçants sans se référer aux prix fixés, avec un prix mini­mum de 8000 L.E. par tonne.

« Le projet Canal Sugar est destiné à aider le marché égyptien à parvenir à l’autosuffisance nécessaire », a annoncé Sahar Nasr, ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale.

L’Egypte, selon El-Hammamy, produit 2,4 millions de tonnes de sucre par an, alors qu’elle en consomme environ 3,6 millions. « Si les investissements ne vont pas dans ce secteur, le même cycle de déséquilibre recommencera. Une nou­velle entreprise est en train d’être mise en place, Al-Nouran Sugar, qui commencera à produire au deuxième trimestre de 2018. Elle est censée combler 25% du déficit du marché en lui procurant 200000 tonnes, le reste étant destiné à l’exportation. On s’attend par ailleurs que Canal Sugar oriente 180000 tonnes vers le mar­ché local. Avec la production des deux projets, le marché local atteindra l’autosuffisance espérée », explique El-Hammamy. Et de poursuivre : « Nos analyses démontrent l’appétit des investisseurs étrangers pour le secteur agro-industriel; la preuve en est le nombre de fusions et d’acquisi­tions dans le domaine et les chiffres d’affaires réalisés par le secteur en 2017, soit 22,5 milliards de dollars, selon un récent rapport publié par United States Department of Agriculture (USDA). L’emplacement géographique de l’Egypte fait d’elle un futur hub d’exportation ». Les années à venir nous diront si le secteur peut atteindre ses objectifs et s’il saura attirer les investisseurs étrangers.

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