Les études effectuées par la maison de courtage
Prime Securities sur le marché du sucre en Egypte démontrent que celui-ci est perturbé. C’est en 2015 qu’il a connu la pire année, affaibli par la compétition de l’étranger suite à la baisse du prix du sucre mondial. Les importateurs égyptiens vendaient le sucre à un prix plus bas que celui produit localement, ce qui a mis le marché sous pression.
En 2016, les dynamiques du marché ont changé en faveur du marché local, avec la hausse des prix mondiaux. Toute la production a donc été destinée à l’exportation. « Ce fut l’une des raisons de la pénurie du marché local en sucre », déclare Omneya El-Hammamy, analyste financière auprès de la maison de courtage Prime Securities. Le gouvernement est alors intervenu pour combler la lacune via le ministre de l’Approvisionnement.
Selon les études de Prime Securities et El-Hammamy, si le gouvernement a dû faire une série d’interventions pour sauver le marché local du sucre en 2017, ce n’étaient que de simples apaisements. Or, selon El-Hammamy, ces apaisements étaient vitaux pour rééquilibrer le marché. En effet, en règle générale, les denrées de base doivent être essentiellement orientées vers le marché local.
Le ministère de l’Approvisionnement a ainsi mis en place un fonds pour combler le déficit de l’offre à travers des adjudications internationales. En mars 2017, le premier ministre Chérif Ismaïl a, en outre, exempté le sucre brut des frais d’importations pour qu’il soit raffiné en Egypte. Une décision saluée par la Fédération des industries, toujours selon les études de Prime Securities. En avril 2017, le ministre du Commerce, Tareq Qabil, a émis une décision imposant aux exportateurs de payer 3000 L.E. sur chaque tonne exportée. La décision était destinée à protéger les compagnies publiques et à limiter les exportations à cause du grand écart de prix, les compagnies privées exportant le sucre à 7000 ou à 8000 L.E. par tonne à l’heure où le prix sur le marché local était de 3 000 L.E. par tonne. Enfin, une décision du ministre de l’Approvisionnement a autorisé les compagnies gouvernementales, pour les protéger, à vendre directement aux commerçants sans se référer aux prix fixés, avec un prix minimum de 8000 L.E. par tonne.
« Le projet Canal Sugar est destiné à aider le marché égyptien à parvenir à l’autosuffisance nécessaire », a annoncé Sahar Nasr, ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale.
L’Egypte, selon El-Hammamy, produit 2,4 millions de tonnes de sucre par an, alors qu’elle en consomme environ 3,6 millions. « Si les investissements ne vont pas dans ce secteur, le même cycle de déséquilibre recommencera. Une nouvelle entreprise est en train d’être mise en place, Al-Nouran Sugar, qui commencera à produire au deuxième trimestre de 2018. Elle est censée combler 25% du déficit du marché en lui procurant 200000 tonnes, le reste étant destiné à l’exportation. On s’attend par ailleurs que Canal Sugar oriente 180000 tonnes vers le marché local. Avec la production des deux projets, le marché local atteindra l’autosuffisance espérée », explique El-Hammamy. Et de poursuivre : « Nos analyses démontrent l’appétit des investisseurs étrangers pour le secteur agro-industriel; la preuve en est le nombre de fusions et d’acquisitions dans le domaine et les chiffres d’affaires réalisés par le secteur en 2017, soit 22,5 milliards de dollars, selon un récent rapport publié par United States Department of Agriculture (USDA). L’emplacement géographique de l’Egypte fait d’elle un futur hub d’exportation ». Les années à venir nous diront si le secteur peut atteindre ses objectifs et s’il saura attirer les investisseurs étrangers.
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