Samedi, 14 septembre 2024
Opinion > Opinion >

Sinaï 2018 : Pourquoi, comment ?

Dimanche, 25 février 2018

L’opération antiterroriste « Sinaï 2018 », en cours dans plusieurs régions d’Egypte, est la plus vaste jamais menée par l’armée et les forces de police. L’opération vise à « éliminer la menace terroriste » et à « renforcer le contrôle des zones frontalières ». Un remarquable dis­positif militaire a été déployé pour les besoins de l’opération, avec notamment des unités de l’armée de terre, de la marine et de l’ar­mée de l’air.

Deux considérations expliquent cette opération d’envergure. D’abord, l’environnement régional de plus en plus hostile. Avec le chaos qui règne dans plusieurs pays de la région (Syrie, Libye, Yémen), et la prolifération des groupes terroristes armés, l’Egypte se sent menacée sur son sol et dans son environnement immédiat. Le risque de voir Daech s’installer définitivement dans le Sinaï, après ses débâcles en Iraq et en Syrie, était une source d’inquiétude per­manente pour les autorités égyp­tiennes. Le récent attentat contre la mosquée d’Al-Rawda au Nord-Sinaï, qui a fait plus de 300 morts, a été le déclic, surtout que des infor­mations faisaient état d’une pos­sible attaque terroriste à grande échelle dans le Sinaï à l’approche de l'élection présidentielle.

L’Egypte fait face à trois menaces terroristes. La première et la plus importante se trouve dans le Sinaï où opère le groupe Province du Sinaï, branche égyptienne de Daech. Né en 2008 et initialement affilié à Al-Qaëda, ce groupe, qui a prêté allégeance à Daech, est res­ponsable de la plupart des atten­tats terroristes de ces quatre der­nières années dans la péninsule du Sinaï. En dépit de son affaiblisse­ment, il reste très dangereux.

La deuxième menace est repré­sentée par les groupuscules affiliés à la confrérie des Frères musul­mans comme Hasm et Liwaa Al-Sawra. Ces derniers opèrent principalement dans le Delta et la vallée du Nil. Ils utilisent un maté­riel rudimentaire et visent essen­tiellement des policiers. Leur capa­cité opérationnelle a été nette­ment réduite.

La troisième menace se trouve aux frontières occidentales de l’Egypte. Il s’agit essentiellement de groupes armés affiliés à Al-Qaëda, comme Ansar Al-Islam, Jound Al-Islam et Morabitoune. Ces groupes, qui profitent du chaos en Libye, sont soutenus par certaines puissances régionales et disposent d’un armement sophis­tiqué.

Sinaï 2018 vise à éliminer la menace terroriste sur ces trois fronts, d’où le caractère global de l’opération. Celle-ci établit une nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme qui consiste à prendre l’initiative face aux groupes armés. L’ampleur de la campagne est sans précédent tant par le volume des opérations que par les armes et les équipements utilisés. Sinaï 2018 est aussi un message adressé au monde, et selon lequel l’Egypte n’acceptera que la victoire dans son âpre guerre contre le terrorisme.

Mots clés:
Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique