L’opération antiterroriste « Sinaï 2018 », en cours dans plusieurs régions d’Egypte, est la plus vaste jamais menée par l’armée et les forces de police. L’opération vise à « éliminer la menace terroriste » et à « renforcer le contrôle des zones frontalières ». Un remarquable dispositif militaire a été déployé pour les besoins de l’opération, avec notamment des unités de l’armée de terre, de la marine et de l’armée de l’air.
Deux considérations expliquent cette opération d’envergure. D’abord, l’environnement régional de plus en plus hostile. Avec le chaos qui règne dans plusieurs pays de la région (Syrie, Libye, Yémen), et la prolifération des groupes terroristes armés, l’Egypte se sent menacée sur son sol et dans son environnement immédiat. Le risque de voir Daech s’installer définitivement dans le Sinaï, après ses débâcles en Iraq et en Syrie, était une source d’inquiétude permanente pour les autorités égyptiennes. Le récent attentat contre la mosquée d’Al-Rawda au Nord-Sinaï, qui a fait plus de 300 morts, a été le déclic, surtout que des informations faisaient état d’une possible attaque terroriste à grande échelle dans le Sinaï à l’approche de l'élection présidentielle.
L’Egypte fait face à trois menaces terroristes. La première et la plus importante se trouve dans le Sinaï où opère le groupe Province du Sinaï, branche égyptienne de Daech. Né en 2008 et initialement affilié à Al-Qaëda, ce groupe, qui a prêté allégeance à Daech, est responsable de la plupart des attentats terroristes de ces quatre dernières années dans la péninsule du Sinaï. En dépit de son affaiblissement, il reste très dangereux.
La deuxième menace est représentée par les groupuscules affiliés à la confrérie des Frères musulmans comme Hasm et Liwaa Al-Sawra. Ces derniers opèrent principalement dans le Delta et la vallée du Nil. Ils utilisent un matériel rudimentaire et visent essentiellement des policiers. Leur capacité opérationnelle a été nettement réduite.
La troisième menace se trouve aux frontières occidentales de l’Egypte. Il s’agit essentiellement de groupes armés affiliés à Al-Qaëda, comme Ansar Al-Islam, Jound Al-Islam et Morabitoune. Ces groupes, qui profitent du chaos en Libye, sont soutenus par certaines puissances régionales et disposent d’un armement sophistiqué.
Sinaï 2018 vise à éliminer la menace terroriste sur ces trois fronts, d’où le caractère global de l’opération. Celle-ci établit une nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme qui consiste à prendre l’initiative face aux groupes armés. L’ampleur de la campagne est sans précédent tant par le volume des opérations que par les armes et les équipements utilisés. Sinaï 2018 est aussi un message adressé au monde, et selon lequel l’Egypte n’acceptera que la victoire dans son âpre guerre contre le terrorisme.
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