A Munich, Choukri a présenté la vision de l'Egypte sur la lutte antiterroriste.
Le ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a représenté l’Egypte à la Conférence de Munich sur la sécurité, tenue en Allemagne du 15 au 18 février. En marge de la conférence, il a tenu plusieurs rencontres bilatérales avec nombre de responsables (voir encadré). Regroupant un parterre de chefs d’Etat, de spécialistes de politique étrangère, ainsi que de représentants d’entreprises et de la société civile du monde entier, la Conférence de Munich sur la sécurité (MSC 2018) est le plus important forum international en matière de politique de sécurité. Selon les observateurs, la participation de l’Egypte à cette conférence lui a permis surtout de passer en revue sa stratégie de la lutte antiterroriste et de convaincre la communauté internationale de la nécessité de la solidarité face à ce fléau menaçant la paix et la sécurité mondiales. «
Dans son combat contre le terrorisme, l’approche de l’Egypte est basée sur une vision intégrale visant à éliminer tous les facteurs substantiels au niveau idéologique, social et politique alimentant le terrorisme.
Ceci parallèlement aux efforts visant à couper les sources financières et logistiques dont profitent les groupes terroristes pour se proliférer », a martelé Choukri, qui a participé en tant que principal interlocuteur à la séance sur la lutte antiterroriste tenue dans le cadre des travaux de la Conférence de Munich. Une séance qui s’est tenue sous le slogan « Du djihad après le califat ». Une intitulation que Choukri a tenu à contester lors de son discours, soulignant qu’il s’agit d’un amalgame inadmissible entre le djihad, ayant en islam un sens positif, et les actes barbares que commet le groupe terroriste Daech. « Il est dérisoire d’attribuer un tel groupe terroriste à l’époque du califat islamique qui était marquée par une civilisation glorieuse ayant inspiré le monde entier », a dit Choukri.
Il a de même évoqué les développements de l’opération militaire en cours « Sinaï 2018 », louant les efforts des forces armées égyptiennes et de la police qui s’efforcent de nettoyer le Sinaï, tout en soulignant la nécessité d’« intensifier les efforts de lutte antiterroriste au niveau international, en particulier en ce qui concerne le financement du terrorisme et la fourniture de refuge aux éléments terroristes », et appelant à l’adoption d’un plan d’action international pour la lutte contre le terrorisme.
Une stratégie globale
Depuis sa première édition il y a 53 ans, cette conférence est connue pour être un cadre de dialogue direct loin des habituelles contraintes diplomatiques. D’où son efficacité par rapport à d’autres réunions internationales de même nature. C’est ce qu’explique Tareq Fahmi, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire. Il souligne que la participation de l’Egypte à ce rassemblement international crédibilise ses politiques auprès des pays du monde entier. « Une mission que le chef de la diplomatie égyptienne a parfaitement accomplie lors de sa participation à la conférence. Le discours de Choukri a été direct et concentré, il a pu étaler de manière nette et claire la stratégie de l’Egypte dans la lutte contre le terrorisme et son expérience réussie dans ce combat », estime Fahmi, qui ajoute qu’il est positif que le chef de la diplomatie ait profité de sa présence dans ce rassemblement, pour rappeler les constantes de la stratégie égyptienne en la matière. Cette stratégie, le président Abdel-Fattah Al-Sissi l’a étalée au monde entier que ce soit devant l’Assemblée générale des Nations-Unies ou lors du Sommet islamique américano-arabe tenu en mai 2017 à Riyad.
« La vision de l’Egypte porte sur la nécessité d’une solidarité internationale et d’une stratégie complémentaire pour pouvoir vaincre le terrorisme, une menace qui n’a plus de frontières. Une stratégie consolidée par l’expérience de l’Egypte depuis 2013 », explique le politologue. Fahmi souligne que dans son discours, Choukri a insisté sur l’importance de renforcer la coopération internationale et d’unifier les positions pour pouvoir déraciner le terrorisme. « Face au danger du terrorisme, l’Egypte ne trouve pas suffisant de se contenter de dénoncer un acte terroriste ici ou ailleurs, mais trouve évident de se doter d’une stratégie internationale unifiée portant sur des actes concrets et des plans bien définis », ajoute Fahmi, rappelant que, comme l’a dit le président, l’Egypte combat le terrorisme au nom du monde entier. « Il est temps pour que les pays du monde soutiennent l’Egypte dans son combat contre le terrorisme par tous les moyens militaires et politiques. Car c’est un combat pour l’Egypte mais aussi pour toute la région et pour le monde entier », rappelle Fahmi.
Mais pour réaliser une stratégie mondiale, il est d’abord nécessaire de formuler une définition claire et précise du terrorisme et en quoi consiste exactement un acte terroriste, comme dit Ahmad Kamel Al-Béheiri, spécialiste des groupes islamistes au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. « Jusqu’à présent, il n’existe pas de définition internationale unifiée sur la notion de terrorisme ou même des organisations terroristes. Ceci entraîne des divergences », ajoute-t-il. Conscient de ce fait, Choukri a évoqué cette question devant la Conférence de Munich. « Un point de repère permettant de parvenir à une position internationale unifiée du terrorisme », insiste l’expert.
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