Al-ahram hebdo : La création d’un front commun est l’une des résolutions de la 1re conférence des intellectuels pour éviter la faillite du secteur culturel. Ce front sera-t-il uni et efficace ?
Mohamed Hachem : Ce front de la défense des arts et de la culture sera formé par tous les intellectuels de tous les domaines culturels. L’idée est venue d’un traducteur vivant en France, Darwiche Al-Halwagui. Selon lui, il faut avoir un seul appareil pour unifier nos efforts. Nous visons à faire face aux attaques menées contre l’identité égyptienne.
— Quelles seront les actions du front ?
— Sous la houlette de ce front, les intellectuels pensent continuer l’organisation de protestations pacifiques visant à limoger le ministre et à empêcher la ruine de la culture égyptienne et du ministère. Nous allons construire une seule entité pour nous représenter. Un conseil du front sera formé, afin qu’il puisse parler au nom de tous les intellectuels.
Nous allons organiser des activités culturelles dans les gouvernorats pour que le public participe avec nous à sauvegarder la culture. Nous envisageons aussi de nous servir de notre droit d’accès aux institutions du ministère et à son budget parce qu’il s’agit d’argent que les citoyens paient avec leurs impôts. Il y aura aussi des initiatives individuelles.
— La culture a toujours été victime de violations de la part du gouvernement. Pourquoi aujourd’hui les intellectuels se réunissent-ils pour agir ensemble ?
— Cette conférence a rassemblé des groupes comme celui des auteurs et artistes pour le changement créé en 2005, le Front de la créativité artistique fondé en 2012, des alliances des artistes de la révolution, des groupes de la culture indépendante ... Ce regroupement vise à défendre notre identité. Je dois dire que des centaines de palais de la culture sont fermés dans plusieurs gouvernorats. Le gouvernement veut annuler des festivals et diminuer la valeur des prix de mérite de l’Etat. Les Frères ne veulent plus de la culture, parce qu’ils sont contre les écrivains et contre la créativité.
— Existe-t-il un vrai danger qui menace la culture en Egypte ?
— A l’époque du Conseil militaire, le ministre ne pouvait pas prendre de décision et on nous disait toujours qu’il n’y avait pas de budget suffisant. Le ministre se concentre juste sur le paiement des salaires des fonctionnaires sans penser aux activités culturelles. Aujourd’hui tout est annulé : le nouveau ministre est là pour supprimer toutes les activités et vendre les appareils relevant du ministère. Les intellectuels ont senti le danger et ripostent. Nous devons réunir nos efforts contre ce régime et contre les atteintes faites aux intellectuels .
Lien court: