Y a-t-il encore un espoir ?
Pour tenter de régler politiquement la crise syrienne, une série de réunions aura lieu au cours des prochaines semaines. Tout d’abord, une réunion du groupe restreint des «
Amis de la Syrie » (hostiles au régime de Damas) aura lieu à Amman et pourrait être suivie d’une autre rencontre à Paris.
Fin mai, les 27 pays de l’UE doivent se prononcer sur la levée ou l’assouplissement de l’embargo sur les armes à destination de l’opposition syrienne. Une autre conférence organisée par le comité de la Ligue arabe sur la Syrie se réunit d’urgence pour préparer la conférence de paix internationale. Cette conférence doit être tenue en juin. Le dialogue voulu par les organisateurs de cette conférence s’annonce difficile à instaurer, l’opposition syrienne faisant du départ du président Bachar Al-Assad un préalable à toute discussion.
De son côté, Bachar Al-Assad a exclu de démissionner et de quitter le pouvoir. L’armée syrienne, appuyée par le puissant parti chiite libanais Hezbollah, a lancé dimanche dernier l’assaut sur la ville de Qousseir pour tenter de prendre ce bastion rebelle dans le centre du pays. L’armée semble avoir aujourd’hui atteint son but.
L’opposition syrienne a dénoncé une « tentative d’envahir » la ville, estimant qu’un tel acte risquait de vider la conférence de paix proposée par Washington et Moscou de « tout sens ».
A cet égard, la rébellion syrienne traverse une phase difficile. Avant tout, elle doit choisir un président pour remplacer Moatz Al-Khatib, démissionnaire il y a un mois. Ces jours-ci, l’opposition syrienne se réunit à Istanbul pour élire ses dirigeants et se prononcer sur sa présence à la conférence internationale.
Mais les divergences et les conflits menacent l’organisation de ces élections. L’opposition affronte aussi une série d’accusations la remettant en cause. Le dernier épisode est la diffusion d’une vidéo montrant un rebelle éviscérant un soldat et faisant mine de vouloir avaler ses organes.
Au moment où se multipliaient les condamnations, de nouvelles images sont apparues, montrant des djihadistes exécutant onze partisans du régime. Des images et des actes qui inquiètent la communauté internationale soutenant l’opposition.
L’opposition veut des armes
L’opposition a souvent réclamé des armes à l’Occident. Mais l’Europe et les Etats-Unis ont refusé plusieurs fois ces demandes disant craindre que les armes ne tombent aux mains d’extrémistes.
« La situation de l’opposition est difficile parce que les actes de certains rebelles affaiblissent leur cause. En plus, ces actes permettent au régime de gagner des points », explique Rabha Allam, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire.
Pour soutenir l’opposition, la communauté internationale est en pleine activité diplomatique pour organiser une conférence sur la Syrie, dite « Genève 2 », qui se tiendrait en juin, dans la foulée d’un accord signé entre les grandes puissances dans la ville suisse le 30 juin 2012 et censé oeuvrer à un règlement politique en Syrie.
Selon les analystes, un important point d’achoppement reste la question du choix des interlocuteurs syriens. Le principal enjeu de cette conférence est de réunir des représentants de l’opposition et du régime syriens autour d’une même table, et donc de trouver des interlocuteurs acceptés par les belligérants et leurs soutiens respectifs. « Pour nous, il est clair que la Coalition Nationale Syrienne (CNS), reconnue comme le seul représentant légitime du peuple syrien, est au coeur de la négociation. Mais nous ne serons pas intrusifs au point de coucher sur le papier les noms de ceux qui représenteront l’opposition aux négociations. C’est à elle de faire ses choix », a déclaré Philippe Lalliot, porte-parole de la présidence française.
Paris est l’un des principaux parrains de la CNS, qu’il a le premier reconnue en tant que représentant légitime du peuple syrien. En ce qui concerne les représentants du régime, « il faut qu’ils n’aient pas de sang sur les mains », a réaffirmé le porte-parole .
Genève 1
L’accord de juin 2012 signé par les représentants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, des pays représentant la Ligue arabe et l’Union européenne, prévoit la mise en place d’un « gouvernement transitoire disposant des pleins pouvoirs » et agréé par « consentement mutuel » entre opposition et régime, mais reste muet sur le sort du président syrien Bachar Al-Assad.
Le texte n’a jamais été appliqué en raison des divergences d’interprétation sur ce point. Il tentait de trouver une issue au conflit, qui a fait depuis mars 2011 plus de 94 000 morts selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH) et 1,5 million de réfugiés.
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