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L’hôtel le plus aristocratique du Caire

Mardi, 06 février 2018

Le Grand Continental est connu pour sa splendeur et sa beauté. De célèbres personnalités ont séjourné dans cet hôtel, qui a été témoin de plusieurs événements historiques.

Le Grand Continental n’a pas été construit au départ pour devenir un hôtel, mais c’était l’un des palais du prince Gamil Tousson. Etant donné que le palais ne répondait pas aux besoins du prince et à ses exigences, il l’a vendu à Georges Nungovich qui l’a démoli et a reconstruit à sa place, en 1869, l’hôtel Savoy Continental, qui a conservé ce nom jusqu’en 1924. Construit par l’architecte italien Gastoni Rossi, le Continental était un des joyaux architecturaux de la place de l’Opéra construit dans le style classique. Il a été spécialement construit pour accueillir les invités de la cérémonie d’inau­guration du Canal de Suez.

En fait, pendant la première moitié du XXe siècle, le Continental était le meilleur hôtel de la ville, c’était le grand rival du célèbre hôtel Shepheard situé juste à côté, sur la même place. Très vite, l’hôtel est devenu l’endroit favori des grandes personnalités politiques. C’était un lieu de rencontre des présidents, des rois et des célébrités du monde entier. Le roi Farouq avait à l’hôtel une suite en son nom.

Le Grand Continental était décrit à l’époque comme étant remarquablement moderne avec des restaurants, des salons spacieux, un fumoir, une salle de lecture de style égyptien. Chaque chambre avait une cheminée, il y avait des suites avec salle de bains et toilettes privées à chaque étage. Il était surtout connu par sa grande terrasse où se réunissaient quotidiennement des hommes d’Etat du parti du Wafd. C’est là en fait que se rencontraient Saad Zaghloul, Adli Yakan et Ali Maher pacha. Dans ses salles étaient organisés des bals et des spectacles venus d’Europe. Le casino de l’hôtel était aussi l’un des plus grands de l’époque.

Winston Churchill et d’autres

Outre les hommes politiques égyptiens, des per­sonnalités de renom fréquentaient l’hôtel. Vu son luxe et sa renommée, l’hôtel a été visité par plu­sieurs rois et reines d’Europe à l’époque royale, entre autres Winston Churchill, Sir Benjamin Baker et Sir John Aird, architecte et entrepreneur du Barrage d’Assouan. En 1905, lorsque l’impéra­trice Eugénie, âgée de 80 ans, revint en Egypte 36 ans après l’ouverture du Canal de Suez, elle s’ins­talla au Savoy. Le roi George V et la reine Mary, alors prince et princesse de Galles, sont restés à l’hôtel sur le chemin du retour de l’Inde.

Peu de temps après le début de la Première Guerre mondiale, en octobre 1914, l’armée britan­nique confisqua l’hôtel. La majeure partie de la clientèle était des Anglais comme Thomas Edward Lawrence, le célèbre Lawrence d’Arabie, qui y a séjourné à l’hôtel au début de la Première Guerre mondiale. Lord Carnarvon, qui a financé les fouilles de la tombe de Toutankhamon, est mort dans l’une des chambres de l’hôtel en 1923. Howard Carter, qui a découvert la tombe du jeune roi, et le journaliste américain Henry Morton Stanley, entre autres, fréquentaient régulièrement l’hôtel. En 1941, Major Orde Wingate, le génie militaire qui a dirigé plus tard les commandos bri­tanniques des Chindits contre les Japonais en Birmanie pendant la Seconde Guerre mondiale, a tenté de se suicider deux fois dans sa chambre en se poignardant le cou avec un couteau, mais il a échoué. A la fin de la guerre, le gouvernement bri­tannique a choisi d’utiliser l’hôtel qui est devenu une adresse commerciale pour les entreprises bri­tanniques. En 1910, l’hôtel a été démoli et recons­truit à nouveau sous le nom de l’hôtel Grand Continental en gardant toujours son style classique. En 1924, il a été vendu à Charles Behler, action­naire principal de l’Egyptian Hotels Ltd, qui a fait beaucoup de changements dans l’édifice.

L’hôtel est composé de trois ailes, l’une au sud donnant sur la rue Adli où se trouvaient les chambres et suites de l’hôtel, l’autre au nord don­nant sur la rue du 26 Juillet. Cette aile était réservée aux chambres des fonctionnaires de l’hôtel, alors que dans l’aile centrale se trouvaient les salles de réception et de conférences et la célèbre terrasse. La superficie totale de l’hôtel est de 6 090 m2, composé de 5 étages avec un sous-sol, et 300 chambres.

En 1949, la célèbre terrasse de l’hôtel a été démolie et a été remplacée par des ateliers et des boutiques qui vendent principalement des vêtements et des tissus et qui existent encore à ce jour. Alors que le Shepheard a été incendié lors des émeutes de janvier 1952, le Grand Continental a survécu. Mais après la Révolution de 1952, le Grand Continental a souffert d’un déclin lent et douloureux, finissant par devenir tellement détérioré qu’il a cessé d’accepter des clients et a été complètement déserté depuis 1980. En 1985, il a été vendu à la société hôte­lière égyptienne Egoth, qui l’a complètement délaissé. Aujourd’hui, les travaux de démolition du bâtiment ont commencé.

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