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Syrie : Toujours l’impasse

Inès Eissa avec agences, Mercredi, 31 janvier 2018

Après l'échec des pourparlers de paix de Vienne, les négociations intersyriennes reprennent à Sotchi, sans beaucoup d'espoir.

Syrie
Photo: AFP

Après le 9e round des négociations intersyriennes à Vienne, le processus politique reprend, les 30 et 31 janvier à Sotchi, sous les auspices des Russes. Pourtant, le boycotte de la délégation principale de l’opposition (CNS) remet en doute tous résultats tangibles.

L’opposition au régime de Bachar Al-Assad a annoncé, samedi, qu’elle allait boycotter le congrès sur la Syrie, organisé par la Russie, à Sotchi, à l’issue d’un nouveau tour infructueux de pourparlers avec le régime de Damas sous l’égide de l’Onu. Même chose pour les Kurdes syriens qui ont indiqué qu’ils ne participeraient pas « en raison de la situation à Afrine », enclave kurde du nord-syrien cible d’une offensive turque depuis plus d’une semaine.

« Le régime mise sur une solution militaire, il ne montre pas de volonté d’engager une négociation politique sérieuse », a expliqué Nasr Hariri, négociateur en chef du Comité des Négociations Syriennes (CNS), qui représente les principaux groupes d’opposition. « Ce tour de négociations était un test international pour le régime, et ce test a pris fin », a-t-il ajouté, samedi, au cours d’une conférence de presse dans la capitale autrichienne. L’opposition avait lié sa participation à la conférence de Sotchi, organisée par la Russie avec le soutien de la Turquie et de l’Iran, à l’obtention d’avancées pendant le cycle de négociations viennois, le neuvième depuis l’engagement du processus onusien dit de Genève en 2015. Mais comme au cours des précédentes sessions, aucune rencontre directe de l’opposition et des représentants du régime n’a eu lieu, et Damas a refusé toute concession. « Je partage l’immense frustration de millions de Syriens, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, face au manque de règlement politique à ce jour », a reconnu, manifestement abattu, l’émissaire spécial des Nations- Unies, Staffan de Mistura, à la clôture des pourparlers. L’Onu et l’opposition souhaitent une mise en oeuvre de la résolution 2 254 adoptée en 2015, qui prévoit l’adoption d’une nouvelle Constitution et l’organisation d’élections libres dans un environnement neutre.

Les accusations de Damas

Pour tenter d’arracher une avancée, les discussions de Vienne avaient été axées sur le volet constitutionnel, jugé moins sensible que la question des élections qui déterminerait in fine le sort de Bachar Al-Assad, ligne rouge pour Damas. Mais le négociateur en chef du régime, Bachar Al-Jaafari, a accusé, vendredi, Washington et ses alliés français, britannique, saoudien et jordanien de « tuer » le processus politique avec une proposition de feuille de route, prévoyant notamment une réduction des pouvoirs du président syrien. « Cela relève de l’humour noir que ces pays prétendent parler d’une solution politique et de l’avenir de la Syrie », a déclaré Al-Jaafari, affirmant privilégier l’initiative mise sur pied par Moscou et Téhéran, alliés de Damas, et la Turquie, soutien des rebelles. Soupçonné par certaines chancelleries occidentales de vouloir contourner le processus onusien, ce que Moscou dément, le congrès russe veut rassembler quelque 1 600 participants. Mais en l’absence de la majeure partie de l’opposition, sa légitimité paraît compromise.

D’autant que la participation des puissances occidentales et des Nations-Unies semble hypothétique. « Nous voulons contribuer au processus de Genève dans un cadre équilibré et loyal. Pas à un gigantesque rassemblement où l’on n’aurait que quelques secondes pour s’exprimer », a expliqué à l’AFP le porte-parole du CNS, Yahya Al- Aridi. M. de Mistura a rappelé qu’en tout état de cause, tout accord final (sur la Syrie) devra être conclu dans le cadre fixé par l’Onu. « Les rapports de force entre Russes, Américains, Turcs et Kurdes à l’est du pays ne sont pas encore établis, ce qui permettrait aux protagonistes syriens de procéder à des discussions sérieuses », explique un diplomate qui a requis l’anonymat. Selon lui, l’opposition syrienne ne fait pas assez confiance aux Russes et voit d’un mauvais oeil son rôle de médiateur. « L’opposition considère que Sotchi est un lieu défavorable, où elle serait invitée à faire des concessions et non pas de compromis », conclut le diplomate.

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