PLUS d’un mois et demi se sontécoulés depuis que le présidentaméricain Trump avait reconnuJérusalem comme capitale d’Israël.Un mois et demi au cours desquelsles réactions palestiniennes et arabes(officielles et populaires) et mêmeinternationales ont démontré que lestentatives de surmonter le dossier deJérusalem, et plus généralement lacause palestinienne, n’aboutiront pasdu point de vue pratique. Bien plus,ces réactions, dont les dernières endate sont la Conférence d’Al-Azharau Caire et les réunions du Conseilcentral palestinien à Ramallah, ontmontré que la cause palestiniennemalgré la conjoncture difficile dansla région reste le fondement surlequel sont basées les politiquesrégionales. Par ailleurs, ces réactionsont dévoilé qu’il n’existait pas destratégie américaine dans la région.Certaines parties, et pas seulementIsraël et les Etats-Unis, ontpropagé ces dernières années l’idéeselon laquelle les pays arabes ontdécouvert que l’Iran, et non pasl’occupation israélienne, représentaitla principale menace pour lespays arabes, et que Téhéran est àl’origine de toutes les tensions dansla région. Cette idée a même étéfranchement abordée au sein de lastratégie américaine de sécuritépubliée dernièrement. Certains ontalors imaginé qu’on pouvait ajournerla cause palestinienne.Cependant, les dernières évolutionsont dissipé ces illusions. La dernièredéclaration américaine autour deJérusalem prouve premièrement quele discours sur l’acceptation arabede dissocier la cause palestiniennedes autres dossiers régionaux est undiscours exagéré et hâtif. End’autres termes, entrer dans desnégociations de pure forme encontrepartie d’une normalisationdes relations entre les Arabes etIsraël et du positionnement d’Israëldans ce qu’on appelle l’axe sunniteest une marchandise qui ne trouverapas d’acheteur, du moins à l’heureactuelle.
Deuxièmement, elle prouve quel’Administration Trump ne possèdeaucune stratégie au Moyen-Orient etqu’elle se plie à la volonté d’Israël etdu lobby qui le soutiennent. Si l’AdministrationTrump possédait unevéritable stratégie arabe et voulaitbâtir de nouvelles coalitions, elle nese serait pas empressée de prendre sadécision sur Jérusalem. Cependant,cette Administration n’écoute mêmepas les cercles juifs américains traditionnels.Elle se soumet à certainsfondamentalistes juifs aux Etats-Unis. Des fondamentalistes qui nejouissent même pas du respect descercles juifs américains.
La décision impulsive de Trumpprouve que l’objectif des Etats-Uniset d’Israël est d’échapper à toutrèglement de la cause palestinienne.Il s’est avéré que le discours exagérésur l’Iran, qui a profité aux politiquesaméricaines en Iraq, enAfghanistan et en Syrie, n’est qu’uneexploitation du refus par les pays duGolfe (totalement logique et justifié)des politiques iraniennes. En effet,l’Iran ne représente pas une aussigrande priorité américaine comme leprétend Trump.Plusieurs dirigeants américainss’étaient rendus à Washingtonquelques jours seulement après l’arrivéede Trump à la Maison Blanchepour rencontrer le chef d’Etat américainet sa nouvelle Administration etexpliquer la particularité du dossierde Jérusalem. Il semblerait que cesvisites et celle des délégations palestiniennesaient retardé de quelquesmois la décision de Trump. Mais enfin de compte, il s’est avéré que lespetits calculs de cette Administrationont pris le dessus sur les intérêtsaméricains à long terme.Il est vrai que Trump et son équipeont propagé l’idée que la décision deJérusalem sera suivie par desmesures sérieuses en vue d’un règlementfinal. Ils ont essayé deconvaincre les dirigeants arabes etmême le président palestinienMahmoud Abbas, mais n’ont présentéaucun argument convaincant.Bien que l’idée de trancher le dossierde Jérusalem en faveur d’Israëlcomme prélude à un règlement politiquemanque de logique, il est clairun mois et demi après la décision deTrump que tout ce qui a été dit sur unaccord final ou « l’accord du siècle »n’est qu’illusion. En effet, toutes lesmesures ultérieures ne serviront qu’àreconnaître les réalités qu’Israël veutimposer sur le terrain.
Si nous voulons maintenant évaluerles conséquences pratiques de ladécision de Trump, nous remarquonsdeux points importants. D'abord, lanouvelle Administration américainea éveillé l’instinct offensif desmembres de la Knesset contre lesPalestiniens. En effet, avant la fin dumois de décembre, la Knesset avaitlégiféré une loi visant à changer lesfrontières de Jérusalem dans toutaccord de paix éventuel. Cette loiintervient dans le cadre d’une stratégievisant à profiter au maximum dela présence de l’AdministrationTrump. Dans ce même contexte,s’inscrit la décision du Likoud d’imposerl’autorité d’Israël à laCisjordanie.
De même, l’escalade ne s’est pasarrêtée entre Israël et les factionspalestiniennes à Gaza. Pendant plusd’un mois, le lancement des missilesen direction d’Israël ne s’est pasarrêté. La conjoncture actuelle nediffère pas de celle des dernièresannées qui a connu trois affrontements.Par conséquent, une nouvelleattaque contre Gaza peut s’avéreréminente après plus de trois ans decalme.Il est certain qu’il n’y aura pas« d’accord du siècle », car il est clairque le dossier de Jérusalem ne pourrapas être surmonté ●
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