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Tergiversations américaines en Corée du Nord

Maha Al-Cherbini avec agences, Vendredi, 22 décembre 2017

Sous la pression de la Maison Blanche, le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, a été contraint d'abandonner son offre de dialogue avec Pyongyang, Donald Trump insistant à opter pour la méthode dure.

La carotte ou le bâton ? L’Administration américaine reste toujours divisée quant à la politique à suivre avec la Corée du Nord, décidée à développer son arsenal nucléaire en dépit de huit trains de sanctions du Conseil de sécurité de l’Onu. Semant l’espoir en une issue pacifique à la crise nord-coréenne après des mois de tensions suscitées par la rhétorique agressive du président américain, Donald Trump, le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, s’est dit prêt à parler avec Pyongyang « sans condition préalable ». Une déclaration « prometteuse » qui a été favorablement accueillie par la communauté internationale, surtout par la Russie et la Chine, deux alliés traditionnels du régime stalinien. Mais l’enthousiasme n’a pas perduré, car Donald Trump a vite contredit son ministre, affirmant qu’il n’y aurait pas de discussions « sans une amélioration fondamentale du comportement du régime nord-coréen ».

De quoi pousser Tillerson à abandonner, vendredi 15 décembre, son offre devant la session du Conseil de sécurité de l’Onu, consacrée à discuter des moyens de faire pression sur le régime stalinien. Faisant volte-face, le chef de la diplomatie américaine a réclamé devant le Conseil de sécurité un « arrêt prolongé du comportement menaçant de la Corée du Nord » comme condition à l’ouverture de discussions entre Washington et Pyongyang. « Les Etats-Unis vont augmenter la pression jusqu’à ce que la Corée du Nord s’engage dans un dialogue sur son programme nucléaire. Mais si la Corée du Nord fait de mauvais choix, nous sommes prêts militairement », a-t-il menacé. Une volte-face qui, selon Dr Hicham Mourad, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, va aboutir à une escalade sans merci dans la crise nord-coréenne, et qui témoigne surtout des « graves divergences entre le département d’Etat et la Maison Blanche ». « Alors que le département d’Etat opte pour la diplomatie, la Maison Blanche insiste à adopter la politique des sanctions et des menaces. Malheureusement, c’est Trump qui a imposé sa position, car c’est lui qui a le dernier mot en tant que président », explique Dr Mourad. « Pourtant, ajoute-t-il, le dialogue serait l’unique issue fructueuse avec un leader jusqu’au-boutiste comme Kim Jong-Un qui pourrait embraser la péninsule avec son arsenal nucléaire en cas de frappe militaire contre son pays. Il faut vite entamer des négociations à l’iranienne, afin de mettre un terme à ce nouveau casse-tête nucléaire ».

En effet, Pyongyang continue de tenir tête. Le dirigeant nord-coréen a affirmé, samedi 16 décembre, sa détermination à faire de son pays la « puissance nucléaire et militaire la plus forte » au monde, promettant de sortir victorieux de « l’épreuve de force » avec les Etats-Unis grâce à un arsenal nucléaire qui avance à grands pas. « Le fait que la Corée du nord devienne une puissance nucléaire est irréversible », a renchéri le représentant permanent de la Corée du Nord auprès de l’Onu, qualifiant la réunion du Conseil de sécurité de « mesure désespérée tentée par les Etats-Unis terrifiés par la puissance incroyable de notre République qui a réussi la grande cause historique d’achever son programme d’armement nucléaire ».

Mise en garde de Moscou

Déçu par ce revirement américain, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a mis en garde, samedi 16 décembre, contre un risque d’escalade dans la péninsule coréenne. « Il est triste de voir que la position américaine utilise de nouveau ces exigences, que les Etats-Unis appellent la Russie et la Chine à renforcer la pression sur la Corée du Nord », a déclaré Sergueï Riabkov. « Il est temps d’arrêter cette guerre des menaces, de la pression, du chantage et de la mise en avant de conditions préliminaires et d’aller vers la vraie recherche d’une solution politique », a-t-il poursuivi, disant craindre le risque d’une escalade incontrôlée. Auparavant, la Russie et la Chine — deux alliés traditionnels de Pyongyang — avaient salué l’assouplissement de la position de Washington, les deux pays préconisant un dialogue avec la Corée du Nord sur la base d’une feuille de route qui prêche un arrêt simultané des essais nucléaires nord-coréens et des manoeuvres conjointes entre la Corée du Sud et les Etats-Unis. Une proposition toujours rejetée par Washington.

Concentrant ses critiques sur la Russie et pas sur la Chine comme d’habitude, le président américain, Donald Trump, a regretté samedi, après un entretien téléphonique avec son homologue russe, Vladimir Poutine, que la Russie ne se joigne pas aux efforts des Etats-Unis et de la Chine pour accentuer la pression sur la Corée du Nord.

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