« Les Etats-Unis vont travailler à la mise en place d’une coalition internationale pour contrer l’Iran », a annoncé la semaine dernière l’ambassadrice des Etats-Unis aux Nations-Unies, Nikki Haley. Selon l’ambassadrice, Téhéran viole la résolution 2 231 des Nations-Unies, qui englobe l’accord nucléaire interdisant à l’Iran toute vente de missile balistique pendant cinq ans. Pour prouver ses accusations, elle a présenté des morceaux d’armes qui, d’après les Etats-Unis, faisaient partie d’armements fournis par l’Iran aux milices chiites houthies dans le cadre du conflit sévissant au Yémen.
Si l’Iran a toujours démenti avoir approvisionné les Houthis avec de telles armes, les Etats-Unis affirment, quant à eux, que le missile tiré le mois dernier du Yémen sur l’Arabie saoudite par les milices chiites houthies « a été fabriqué en Iran ». Ils accusent Téhéran de violer les résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu qui lui interdisent de fabriquer des missiles et, du même coup, de soutenir le terrorisme et de se comporter de manière « agressive » dans la région.
Les déclarations de la diplomate américaine se fondent sur un récent rapport de l’Onu relatif aux missiles tirés par les Houthis yéménites en direction de l’Arabie saoudite. Dans ce document, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, expose le travail d’experts de l’Organisation ayant pu inspecter, du 17 au 21 novembre, des débris de missiles et leurs interrogations sur la possible origine iranienne de certains des composants. « Le design, les caractéristiques et les dimensions des composants inspectés par les experts coïncident avec des éléments créés et fabriqués pour le missile (iranien) Qiam-1 », ont affirmé les experts, tout en rappelant qu’un embargo sur les armes pour le Yémen est en vigueur depuis avril 2015. Les experts indiquent également qu’« aucune preuve n’a pu être recueillie sur l’identité d’un intermédiaire ou du fournisseur de ces composants aux Houthis ».
L’Iran a réagi par le rejet des « allégations » américaines, les dénonçant comme étant un moyen utilisé par les Etats-Unis pour détourner l’attention de leur propre rôle dans la guerre meurtrière qui déchire le Yémen. « Alors que l’Iran appelle depuis le début à un cessez-le-feu et au dialogue au Yémen, les Etats-Unis ont vendu des armes, permettant à ses alliés de tuer des civils et de créer la famine », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, en référence au soutien militaire américain à l’Arabie saoudite. « L’Administration américaine essaie de détourner l’attention de la question de Jérusalem. Ce n’est pas la première fois qu’elle accuse l’Iran de fournir des armes aux rebelles au Yémen, en Syrie et en Iraq ou l’accuse de soutenir le terrorisme dans la région. C’est là une stratégie qu’elle suit depuis des années pour que les Nations-Unies imposent des sanctions à l’Iran. Les Américains essaient tout le temps de faire pression sur les Iraniens, notamment à travers les menaces », analyse Dr Ahmad Youssef, politologue et directeur du Centre des études arabes et africaines au Caire. Et d’ajouter : « Une autre raison susceptible d’expliquer les accusations américaines est que les Etats-Unis et l’Arabie saoudite veulent exercer de fortes pressions sur l’Iran et les Houthis pour les forcer à entrer dans des négociations de paix et imposer un règlement politique de la crise yéménite ». Cette analyse explique notamment les déclarations faites samedi 16 décembre par le secrétaire américain à la Défense, Jim Mattis. « L’offensive des Etats-Unis pour dénoncer l’influence déstabilisatrice de l’Iran au Proche-Orient est purement diplomatique et non militaire », a en effet assuré Mattis. « Les Etats-Unis n’ont pas l’intention de répondre aux agissements de l’Iran militairement. Non. C’est la raison pour laquelle Mme Haley était là, et non l’un de nos généraux », a-t-il encore indiqué.
Menaces houthies
De son côté, l’Arabie saoudite, forte du soutien américain, a appelé à agir « immédiatement » contre l’Iran, son principal rival au Moyen-Orient. Un appel repris par les Emirats arabes unis et Bahreïn, des proches alliés de l’Arabie saoudite.
Les rebelles ont, quant à eux, menacé de prendre pour cible potentielle toute infrastructure saoudienne importante, exacerbant ainsi les tensions entre les deux puissances régionales que sont l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite. « Nous allons tirer sur les ports, les aéroports, les postes frontaliers et les installations vitales en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis », ont indiqué les Houthis dans un document, déclarant que cette menace constituait une riposte au durcissement du blocus contre leur pays décidé par la coalition militaire arabe. « Nous ne resterons pas les bras croisés et étudierons des options plus radicales pour empêcher le renforcement du blocus contre le peuple yéménite et les mesures visant à l’affamer et à l’humilier », ont-ils affirmé dans un document.
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