Un lustre illumine la synagogue d'Héliopolis à trois degrés. (Photo : Ahmad Mansour)
Bien que l’on trouve à Héliopolis, depuis sa création, plusieurs églises et mosquées, il n’y a qu’une seule synagogue, celle de Vitali Madjar. Se dressant majestueusement dans la rue Messalla (obélisque), elle a été bâtie en 1928, date inscrite à l’entrée. «
A vrai dire, on ne sait pas qui est le bâtisseur de la synagogue, mais à l’entrée se trouve une liste de donateurs avec, à leur tête, le nom de Vitali Madjar », indique l’architecte Ahmad Mansour, membre de la Fondation du patrimoine d’Héliopolis. Selon lui, Madjar était le premier donateur et donc susceptible d’être celui qui a versé la plus grande somme. Ce qui explique pourquoi la synagogue porte son nom. «
On remarque aussi que la liste porte des noms de confessions différentes et que les donateurs n’étaient pas tous d’Héliopolis », reprend-il. Parmi les noms juifs, le visiteur trouvera celui du politicien Youssof Qattawi et des fils Cicurel. Mais il y a aussi des noms chrétiens, ou encore musulmans, à l’instar de Haggag. La liste révèle ainsi clairement que les dons de personnes des trois religions monothéistes étaient acceptés pour l’édification de la synagogue. L’architecture de la synagogue Vitali Madjar est similaire à celle des synagogues orthodoxes trouvées en Egypte. Elle comprend une salle de prière principale, divisée en trois parties, soit une nef centrale avec un autel en marbre et deux ailes. Pendant les prières, le rabbin se mettait debout devant une sorte d’
embel sur lequel était posé l’Ancien Testament. A l’entrée de l’une des deux ailes se trouve une sorte de bassin de baptême où se purifiaient les croyants avant la prière. Comme toutes les synagogues, celle d’Héliopolis conserve son chandelier à 7 branches. La synagogue d’Héliopolis comprend en outre un lustre à trois degrés composé de trois cercles de tailles différentes. Le centre du lustre est orné d’une étoile hexagonale, tandis que le grand cercle est entouré de 6 étoiles, toujours hexagonales. Dans la salle principale, où priaient les hommes, se trouvent aussi des escaliers qui mènent au premier étage.
« C’est là que priaient les femmes », explique Mansour.
Cohabitation fraternelle
La synagogue est dotée d’une grande cour qui renferme sans doute de nombreux souvenirs de l’ancien temps. Moïse Rahman, un ancien habitant d’Héliopolis, se rappelle autrefois en écrivant dans le livre Mémoires héliopolitainnes : « Nous fréquentions la synagogue d’Héliopolis. Je me souviens de sa cour intérieure durant les fêtes de Roch Hachana (fêtes de la nouvelle année, ndlr). La synagogue est le témoin d’un temps où les trois religions monothéistes cohabitaient dans le respect l’une de l’autre et où les souhaits fraternels se succédaient. Ainsi, aux voeux de Roch Hachana répondaient ceux de Noël et du Ramadan, ponctués d’un amical Kol sana wenta tayyeb ou bonne année ». Aujourd’hui, la Fondation du patrimoine d’Héliopolis essaie de faire revivre cet esprit, notamment en organisant, le 9 décembre, un concert de musique soufie et d’hymnes religieux dans la synagogue.
Quelques informations pratiques
Le réseau « Gens et patrimoine » regroupe des initiatives de protection du patrimoine en Egypte. Il est présent dans 7 villes : Le Caire, Alexandrie, Port-Saïd, Mansoura, Minya, Esna et Qosseir.
Pour connaître le programme détaillé de l’édition 2017 des festivités annuelles du réseau dans chaque ville, prière de visiter la page Facebook :
www.facebook.com/egyptheritagenetwork
Pour le programme du Caire, à Héliopolis :
www.facebook.com/heliopolisheritageinitiative
Héliopolis, les festivités commencent par un tour à vélo, « Hélio Heritage, Bike Tour 2017 », dont le but est de promouvoir le patrimoine héliopolitain (possibilité de louer des bicyclettes en avance, rendez-vous le 8 décembre, à 7h, sur la place Korba).
Le 9 décembre aura lieu l’exposition de photos et de sketchs à la synagogue d’Héliopolis, suivie d’un concert de musique soufie et d’hymnes religieux. Présence uniquement sur invitation.
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