La apide urbanisation a sensibilisé l’Egypte aux nombreux défis environnementaux, sociaux et économiques qui se posent. « L’installation de villes durables est l’unique solution pour résoudre une urbanisation accrue en Egypte, mais les défis sont nombreux », explique Khaled Abdel-Halim. Comme l’indique le rapport de l’UN Habitat sur les établissements humains, l’Afrique et les pays en développement connaissent une rapide croissance urbaine qui ne va pas de pair avec les impératifs de développement socioéconomique en infrastructure, en services, en offre d’emploi et en résilience aux problèmes climatiques. Ces conjonctures s’appliquent également à l’Egypte, mais auxquelles sont ajoutées d’autres spécificités. L’Egypte compte une population urbaine ayant atteint 34,8 millions en 2013, mais elle est disproportionnée. La migration vers Le Caire est estimée à 80 %. 43 % de la population égyptienne habite dans 223 villes, dont 56 % sont concentrés dans le Grand Caire et Alexandrie.
Ce constat représente un défi majeur pour l’Egypte et demeure l’une des raisons derrière la croissance de zones informelles et insécurisées, à l’heure où elle redéfinit sa politique d’urbanisation durable. « Les récentes statistiques du CAPMAS nous disent que ces concentrations urbaines ont triplé en nombre. Ce qui veut dire que notre politique d’urbanisation, censée être le moteur du développement, doit être repensée », explique Khaled Abdel-Halim, professeur de politiques urbaines à l’Université américaine du Caire. D’ailleurs, le rapport sur les établissements humains met en garde contre une possibilité dans le futur d’un étalement urbain entre les deux villes reliant le formel et l’informel, et donnant lieu à une gigantesque métropole fluviale.
« L’aménagement urbain qui sert de socle pour la future ville durable n’est pas bien compris en Egypte, et ses applications sont disparates », explique Abdel-Halim. Et de poursuivre que les mutations écologiques, sociales et économiques doivent être comprises et resituées dans leur contexte socio-spacial. Egalement, les politiques urbaines doivent être repensées en fonction de plusieurs facteurs : la croissance urbaine et démographique, la spécificité des contextes urbains, les conditions socioéconomiques, le niveau de pauvreté, le degré de dégradation environnementale, les économies locales et les cadres institutionnels et légaux.
Vers une redéfinition du planning urbain
Plusieurs problèmes sont inhérents au planning urbain qui est l’une des composantes-clés de l’aménagement urbain. Abdel-Halim critique le fait que « jusqu’à récemment, il était confiné en Egypte à une approche exclusivement sectorielle qui en est une parmi tant d’autres. L’environnement physique et spatial est totalement éclipsé ».
Le concept de « ville durable » est paradoxal et difficile à définir, car au-delà du théorique, il constitue un projet aux multiples dimensions. Il existe plusieurs écoles d’urbanisation, mais celle qui est la plus adaptée au concept de ville durable, telle qu’on le conçoit aujourd’hui, c’est l’école stratégique. Le planning de la ville qui doit être stratégique, tenant compte des caractéristiques et de l’empreinte de la ville touristique, commerciale ou autres. C’est un processus pragmatique, participatif, inclusif, tenant compte des impératifs de mixité fonctionnelle, de mobilité et de gestion des terres. Les villes telles que la cité du 15 mai et Al-Sadate ont été un échec parce qu’elles ont été conçues selon les écoles traditionnelles d’urbanisme favorisant la séparation fonctionnelle, menant à davantage d’exclusion et d’immobilité de certaines catégories.
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