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Le cyclisme égyptien sort de l’ombre

Marianne Youssef, Lundi, 23 octobre 2017

Le cyclisme a peu d'adeptes en Egypte, notamment à cause des conditions d'entraînement difficiles. La Fédération égyptienne de cyclisme a donc lancé un plan de travail pour promouvoir la discipline dans les clubs et former de futurs champions.

Le cyclisme égyptien sort de l’ombre
De nombreux problèmes entravent le développement du cyclisme égyptien.

Introduit en 1910 lors de l’occupation anglaise, le cyclisme est toujours resté dans l’ombre en Egypte. Sans grands résultats sur la scène africaine ou internationale, la Fédération égyptienne de cyclisme avec, à sa tête, son président Waguih Azzam, lance aujourd’hui un plan pour tenter de développer cette discipline. Celleci est peu pratiquée en Egypte. Le premier championnat organisé dans le pays était les Jeux africains en 1991, lors desquels l’Egypte a remporté une médaille de bronze. Toutefois, ce sport n’a pas progressé, vu la difficulté de l’entraînement qui requiert de vastes espaces et des routes asphaltées. C’est aussi la raison pour laquelle les jeunes pratiquent le cyclisme plutôt comme loisir que comme sport.

Le nombre de pratiquants du cyclisme ayant toujours été très restreint, l’Egypte n’a pas brillé lors des compétitions internationales. Elle a néanmoins réalisé quelques performances grâce à Ibtessam Zayed, la seule Egyptienne de la discipline à avoir participé aux Jeux olympiques, à Rio en 2016. Elle a également remporté le titre de championne d’Afrique en 2014, 2015, 2016 et 2017. « Le cyclisme, qui consiste à parcourir une distance donnée à vélo le plus rapidement possible, la course se faisant sur l’asphalte, n’attire pas les jeunes, vu qu’il ne peut pas être pratiqué dans les clubs. Pour s’entraîner, on a besoin de longues routes goudronnées. Et vu que ce sport ne se pratique pas dans des clubs, il est difficile pour les parents d’accompagner leurs enfants pour l’entraînement », explique Azzam.

Le président de la Fédération égyptienne de cyclisme met l’accent sur un autre problème rencontré par le cyclisme, qui est le manque de moyens financiers. La fédération se trouvait, en effet, dans l’incapacité de fournir un terrain d’entraînement idéal. Ce problème pourrait être résolu si les routes en Egypte étaient planifiées comme en Europe ou dans certains pays africains, où les voitures partagent la route avec les vélos. « En Europe, les vélos ont l’avantage de pouvoir rouler sur des pistes cyclables sur certaines routes. Il n’y a rien de tel en Egypte », explique Mohamad Ibrahim, directeur technique de la sélection. Le coût des équipements constitue un autre frein non négligeable au développement de la discipline. « Un vélo professionnel coûte près de 4 000 euros, ce qui correspond à 80 000 L.E. Les cyclistes égyptiens s’entraînent donc sur des vélos non professionnels, vu que la fédération n’a pas les moyens de leur fournir ce genre de vélos », indique Azzam.

Des idées pour promouvoir le vélo

Etant donné ces obstacles, il est compliqué pour un Egyptien de devenir cycliste professionnel. Cela n’empêche pas que l’Egypte possède des cyclistes qui ont l’amour du vélo et l’esprit de compétition, mais ceuxci ont besoin d’une bonne formation pour avancer et atteindre un niveau international. Afin de donner un coup de pouce à la discipline, la fédération a eu recours aux forces armées, qui lui a fourni un terrain d’entraînement correspondant aux normes internationales.

« Nous avons essayé de convaincre les forces armées que cela valait la peine d’investir de l’argent pour disposer, au bout de quelques années, d’une forte équipe, qui pourrait représenter l’Egypte dans les courses continentales et internationales. L’armée nous a fourni un terrain qu’elle a construit dans la nouvelle ville d’Al-Mostaqbal. Il s’agira du premier terrain d’entraînement créé pour le cyclisme égyptien et qui a obtenu l’approbation de la Fédération internationale de cyclisme. L’armée va aussi nous fournir un bon nombre de vélos professionnels », se réjouit Azzam.

L’Egypte a un travail d’autant plus sérieux à faire pour se mettre à niveau que le cyclisme est actuellement très développé dans de nombreux pays africains. Ainsi, l’Erythrée, le Maroc, le Rwanda et l’Afrique du Sud sont des rois de la discipline. Ces pays possèdent des routes qui conviennent très bien au vélo ainsi que des sélections très fortes. Un autre axe de travail serait d’augmenter le nombre d’adeptes du vélo. « La promotion de ce sport au sein des clubs est très importante. A cet effet, un groupe d’entraîneurs visitera les différents clubs pour encourager les jeunes et leur fournir des informations concernant le cyclisme ainsi que son système d’entraînement », souligne Azzam.

Afin de renforcer la promotion, la fédération a aussi eu l’idée d’intégrer une nouvelle épreuve, à savoir le Bicycle Moto Cross (BMC). Il s’agit de l’un des sports cyclistes les plus rapides et les plus récents, dont la popularité a rapidement augmenté sur la scène internationale et qui est devenu discipline olympique lors des JO de Beijing en 2008.

Le principe est simple : 8 concurrents s’affrontent sur une piste équipée de sauts et d’obstacles. Pas besoin de grandes distances comme dans le cyclisme classique. « C’est un sport d’action qui va attirer un grand nombre de jeunes, car il est plein d’aventures. Le cycliste exécute notamment des sauts pour franchir les obstacles avec son vélo », explique Azzam.

Le cyclisme égyptien avance donc vers plus de popularité, l’objectif étant de voir se qualifier un certain nombre de cyclistes pour les JO de Tokyo en 2020.

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