Situé dans le nord montagneux de l’Iraq, autonome depuis la guerre du Golfe de 1991, le Kurdistan iraqien est, en effet, l’une des plus riches en pétrole en Iraq. Environ 10 % de la production iraqienne, et peut-être un quart des réserves du pays, c’est ce que représente le sous-sol de la région du Kurdistan, qui entend bien appuyer son développement sur le pétrole. Bagdad et Erbil se disputent aussi plusieurs zones, en particulier la province multiethnique de Kirkouk, rattachée au gouvernement fédéral, elle aussi, riche en pétrole. Les Kurdes se sont emparés des champs de Kirkouk quand Daech avait pris, en 2014, le contrôle de Mossoul (libérée il y a à peine deux mois) et qu’il tentait de s’emparer lui aussi de ces puits. Le bras de fer avec Bagdad sur l’exportation du brut avait été temporairement résolu pour faire front uni face à Daech, mais depuis sa défaite quasi totale en Iraq, tout semble ressurgir. Ce n’est d’ailleurs pas fortuit que le Gouvernement régional du Kurdistan (KRG) ait décidé la tenue du référendum au moment où Daech vivait ses derniers jours en Iraq.
Or, la région désignée par le KRG comme un futur territoire kurde inclut des territoires qui ne sont pas officiellement dans la région autonome, mais qui sont contrôlés par les Peshmergas, et ces régions comportent d’importantes ressources pétrolières dans le nord de l’Iraq.
Si le KRG réussit à devenir indépendant, le Kurdistan pourrait contrôler approximativement 28,5 milliards de barils de réserves de brut. Ceci propulserait le pays au sommet de la liste des plus importants producteurs pétroliers, juste au-dessus du Nigeria. Reuters estime d’ailleurs que si le Kurdistan iraqien était un vrai pays, il se classerait parmi les dix puissances pétrolières les plus riches du monde. D’où l’importance de ce référendum. D’où aussi la demande formulée par Bagdad à tous les pays de ne traiter qu’avec lui pour toutes les transactions pétrolières. Une sorte de mesure de rétorsion qu’Ankara entend bien utiliser en menaçant de stopper les exportations pétrolières via la Turquie. « Voyons par quels canaux et où le (Kurdistan iraqien) vendra son pétrole. Les vannes sont chez nous. Une fois que nous fermons les vannes, ce travail est terminé », a lancé le président turc, Recep Tayyip Erdogan, furieux contre le référendum et conscient qu’une telle mesure est susceptible d’asphyxier l’économie du Kurdistan iraqien.
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