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La crise avec le Qatar susceptible de durer

Maha Salem avec agences, Mercredi, 02 août 2017

Réuni à Manama, le quartet arabe anti-Qatar s'est dit disposé à dialoguer avec Doha, mais sous condition. Mais face à l'inflexibilité des Qatari, la crise reste entière.

La crise avec le Qatar susceptible de durer
(Photo : AP)

Après deux mois de rup­ture, le quartet arabe anti-Doha veut dialoguer avec Qatar mais sous condition. Réunis à Bahreïn, les chefs de la diplomatie saoudien, égyptien, émirati et bahreïni ont exigé que le Qatar annonce son renoncement à soutenir le terrorisme et l’extrémisme, à ne plus s’ingérer dans les affaires de ses voisins et à changer de politique régionale.

Les quatre pays et leurs partenaires internationaux veulent s’assurer de l’engagement du Qatar à ne plus accueillir de terroristes, soutenir et financer le terrorisme, mais aussi « à s’abstenir de propager un discours d’extrémisme et de haine, de donner refuge et de financer des extrémistes au Qatar et à l’étranger », explique le communiqué publié après la réunion de Bahreïn. Insistant sur sa position, le quartet a annoncé 18 groupes et individus qualifiés de terroristes à une liste noire répertoriant des entités accusées de liens avec l’émirat gazier. Le 8 juin, le Royaume saoudien, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte avaient déjà publié une pre­mière version de la liste répertoriant 59 personnes et 12 entités liées au Qatar, les accusant d’extrémisme et de terrorisme. La liste noire compte désormais près de 90 noms.

Ce nouveau développement inter­vient alors que les efforts de média­tion et de bons offices entrepris par plusieurs pays n’ont pas réussi à contenir la crise qui secoue la région du Golfe. Le Koweït ne s’est pas joint aux quatre Etats qui boycottent le Qatar.

Il effectue des efforts de médiation pour tenter de résoudre la crise sans précédent que connaît le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) depuis sa création en 1981. Mais ni la média­tion koweïtienne, ni les efforts de bons offices menés par plusieurs pays occidentaux n’ont réussi à désamorcer cette crise.

De même, les revendications réité­rées par le quartet ne prévoient pas une sortie de crise, malgré leur prédis­position à dialoguer. En effet, le Qatar continue de rejeter ces accusations en considérant ces demandes comme une intervention des pays arabes dans ses affaires internes. La crise a commencé le 5 juin quand les quatre pays arabes ont exercé une forte pression sur ce pays en romprant leurs relations diplomatiques et imposant de sévères sanctions économiques à l’émirat gazier. Pour revenir sur ces sanctions, ils ont exigé, le 22 juin, la réalisation de 13 demandes, dont les plus impor­tantes sont tout d’abord la fermeture de la chaîne de télévision Al-Jazeera, la fermeture d’une base militaire turque, ainsi qu’une révision des liens avec l’Iran chiite, rival régional de l’Arabie saoudite sunnite. Mais Doha a rejeté en bloc ces demandes, esti­mant qu’elles violaient sa souverai­neté. Défendant leurs demandes, les quatre pays ont affirmé que les sanc­tions prises contre le Qatar étaient des « actes de souveraineté qui sont conformes aux lois internationales ».

Essayant de trouver un appui de la communauté internationale, le Qatar a protesté contre les conditions mises par l’Arabie saoudite au pèlerinage des Qatari (hajj, le grand pèlerinage annuel à La Mecque qui commence fin août), notamment celle de ne pas arriver dans le pays directement de Doha à bord de Qatar Airways. En plus, l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, a fait son offre de dialogue mais sous condition sans, toutefois, accéder à leurs demandes pour une sortie de crise. « Nous sommes ouverts au dialogue pour régler les problèmes en suspens », a affirmé Tamim, en ajoutant qu’un règlement de la crise devrait se faire « dans le respect de la souveraineté » de son pays et sans diktats. En pre­mière réaction sur cette accusation, le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa Al Khalifa, juste avant la réunion de Manama, a appelé à la solidarité de tous les pays arabes pour lutter contre le terrorisme et assécher ses sources de financement. « Nos quatre pays ont consenti plusieurs martyrs dans le combat contre le terrorisme et pour la défense de nos patries », a expliqué le roi. La dernière réunion des chefs de la diplomatie du quartet s’était tenue début juillet au Caire.

Défendant la position de son émirat, cheikh Tamim s’est élevé contre « les conditions que certains voulaient nous imposer », soulignant que « le Qatar lutte sans relâche contre le ter­rorisme, un crime contre l’humani­té ». Mais il a admis « des divergences sur les causes du terrorisme ». Le Qatar a annoncé avoir amendé sa législation sur la lutte antiterroriste en décrétant une loi sur la lutte antiterro­riste datant de 2004, mais ne donne pas de détails sur les normes retenues pour définir le terrorisme, ni sur les mesures pour porter un suspect ou une organisation sur une liste noire. A cet égard, un nouveau décret-loi a été promulgué par l’émir cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, pour définir les notions de « terroristes, des crimes et entités terroristes ainsi que du finan­cement du terrorisme ». Ce décret établit deux listes nationales pour les individus et les entités terroristes et énonce les mesures nécessaires pour pouvoir les inscrire sur ces listes, mais il donne aux suspects le droit de faire appel contre leur inscription sur l’une de ces listes. L’amendement faisait suite à la signature, la semaine der­nière, par les Etats-Unis et le Qatar d’un accord sur « la lutte contre le financement du terrorisme », à l’occa­sion d’une tournée du secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, dans la région. Mais cet accord avait été jugé insuffi­sant par le quartet anti-Qatar qui a vu qu’un simple accord entre deux Etats ne répond pas à leurs exigences. Rappelant que l’amendement était insuffisant, les quatre pays exigent que Doha agisse désormais pour pour­suivre en justice les personnes et entités terroristes et extrémistes figu­rant sur cette liste afin de prouver son sérieux à combattre le terrorisme et l’extrémisme.

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