Selon Jean-Yves Le Drian, la crise doit se dénouer au sein des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG).
(Photo : AP)
Après le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, c’était au tour du Français Jean-Yves Le Drian de tenter, cette semaine, une médiation entre le Qatar et ses adversaires. Le ministre français des Affaires étrangères, en tournée dans le Golfe, a déclaré vouloir aider aux efforts de médiation pour mettre fin à la crise entre le Qatar et quatre autres pays arabes, dont l’Arabie saoudite. Le Drian a appelé, dimanche dernier, à « une désescalade, indispensable pour que des négociations se déroulent dans une atmosphère constructive ».
C’est par cette modeste déclaration faite à des journalistes à Abu-Dhabi que Le Drian a achevé sa tournée de deux jours dans la région du Golfe. Une tournée au cours de laquelle le ministre français s’est entretenu avec le prince héritier d’Abu-Dhabi, cheikh Mohammed Bin Zayed Al Nahyane, commandant en chef adjoint des forces armées des Emirats arabes unis, après trois escales à Doha, à Djeddah et au Koweït, qui joue un rôle de médiateur. M. Le Drian, qui a souligné que la France entendait jouer un rôle de « facilitateur » entre les protagonistes, a répété dimanche que « la crise doit se dénouer au sein des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) ». « C’est pourquoi nous soutenons la médiation koweïtienne », a-t-il ajouté. Le Drian a dit compter sur un renforcement de la coopération entre la France et le Qatar « dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, et en particulier dans la lutte contre le financement du terrorisme ». A Djeddah, Le Drian a aussi déclaré souhaiter « un engagement déterminé de tous contre le terrorisme (...) Et dans cette perspective, il importe que le CCG soit uni pour demeurer un rempart contre l’instabilité ».
Positions antagonistes
Pour Paris, la mission de Jean-Yves Le Drian visait à plaider pour un « apaisement rapide » dans cette crise. Or, au-delà des déclarations floues et d’ordre général, rien de concret n’a été réalisé au cours de la tournée française, tant les positions restent antagonistes. Comme celle de son homologue américain. En effet, la médiation française intervient quelques jours après une tournée du secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson. Mais jusqu’à présent, ces tentatives semblent infructueuses. Certes, Tillerson a obtenu l’accord du Qatar à un programme de lutte contre « le financement du terrorisme », mais ce dernier a été jugé « insuffisant » par les quatre pays arabes opposés à Doha (l’Arabie saoudite, les Emirats, Bahreïn et l’Egypte). Ces derniers exigent, entre autres, du Qatar la fermeture de la chaîne de télévision Al-Jazeera et d’une base turque. Ce que Doha a refusé. D’ailleurs, Ankara et Doha ont exclu, une fois de plus, vendredi dernier, la fermeture de cette base militaire turque au Qatar. « Nous répétons qu’il est inacceptable que la fermeture de la base turque fasse partie de ces demandes », a déclaré le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, lors d’une conférence de presse vendredi avec son homologue qatari cheikh Mohammed Bin Abderrahmane Al Thani. « Les accords que le Qatar a conclus ne sauraient être remis en cause tant qu’ils respectent la loi internationale. Aucun pays n’a le droit de soulever la question de la base turque et la coopération militaire entre le Qatar et la Turquie du moment où cette coopération se déroule dans le respect de la loi internationale », a renchéri le chef de la diplomatie qatari.
Mais au-delà de ces positions qui semblent figées, les différentes parties peuvent tout à fait parvenir, à terme, à un compromis, estime un analyste ayant requis l’anonymat. Selon lui, les médiations en cours visent à parvenir à un compromis, à une porte de sortie qui sauve la face à toutes les parties.
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