Comment la défaite militaire de Daech en Iraq et en Syrie va-t-elle se répercuter politiquement sur la région ? Même si le groupe terroriste contrôle encore de vastes territoires dans les deux pays, et même si l’idéologie extrémiste qu’il prône subsiste encore, les revers subis par les djihadistes vont assurément avoir une incidence sur les rapports de force dans la région. La victoire de l’armée iraqienne à Mossoul est perçue comme une victoire pour le premier ministre iraqien Haïder Al-Abadi. Eclaboussé par les difficultés internes, notamment la crise économique, le chef du gouvernement iraqien cherche à présent à exploiter médiatiquement et politiquement la victoire sur Daech à un an des élections législatives en Iraq où il sera confronté à son rival, l’ancien premier ministre Nouri Al-Maliki, qui tente de revenir au pouvoir. Il y a quelques jours, Haïder Al-Abadi s’est rendu à Mossoul où il a annoncé « la victoire des forces gouvernementales » sur les extrémistes de Daech, qui s’étaient emparés de la ville, il y a trois ans. Al-Abadi a félicité les officiers qui ont participé aux combats « héroïques » contre Daech et le peuple iraqien pour cette « grande victoire ».
Mais, outre le gouvernement iraqien, la victoire militaire contre les extrémistes de l’Etat Islamique (EI) va surtout profiter à une force régionale de poids : l’Iran. La République islamiste était impliquée dans la lutte contre Daech en Iraq à travers son soutien aux milices chiites. Les gardiens de la révolution ont, en effet, joué un rôle majeur dans la mobilisation et la formation de ces milices. L’avènement de l’Etat islamique en 2014 représentait un défi majeur pour Téhéran et ses alliés dans la région (le Hezbollah libanais et le régime syrien de Bachar Al-Assad), empêchant notamment la République islamique d’envoyer des armes au Hezbollah, mais aussi au régime syrien, à travers le nord de l’Iraq. Ali Akbar Vélayati, un conseiller du guide de la Révolution iranienne, a déclaré cette semaine que la défaite de l’EI à Mossoul était une « victoire pour l’Iran et pour l’Iraq ».
La victoire militaire contre Daech va renforcer l’axe chiite dans la région, formé de l’Iran, du régime syrien et du Hezbollah, face à l’axe sunnite formé principalement des pays du Golfe, et va paradoxalement jouer en défaveur des Etats-Unis, qui cherchent à juguler l’influence de l’Iran dans la région. La chute de l’Etat islamique va permettre à la république de rétablir lentement son influence, de renforcer l’axe Téhéran-Bagdad-Damas et donc de modifier la dynamique régionale .
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