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Les Arabes furieux de la candidature d'Azoulay à la tête de l'Unesco

Céline Lussato, Lundi, 10 juillet 2017

A la demande de François Hollande, l'ancienne ministre de la Culture est la candidate de la France à la direction de l'institution. Mais la grogne monte dans le monde arabe selon un article paru dans Le Nouvel observateur et que nous republions.

Les Arabes furieux de la candidature d

Cela s’appelle un couac diplomatique. Cherchant un point de chute à sa ministre de la Culture, François Hollande a, en effet, appuyé par mégarde sur le bouton nucléaire de la Maison de l’Unesco. Pour les Etats arabes qui estiment devoir enfin obtenir cette année la prestigieuse direction générale de l’institution internationale, la candidature de dernière minute d’Audrey Azoulay, imposée par Hollande n’est rien de moins qu’une provocation ! Ils l’ont d’ailleurs rapidement signifié au nouvel occupant du Palais de l’Elysée : venu au Caire le 8 juin parler de la Libye, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est ainsi vu remettre à l’ambassade de France une pétition signée par une cinquantaine de grands noms de la culture arabe, au premier rang desquels l’écrivain égyptien Mohamed Salmawy. « Nous appelons le président Macron à reconsidérer cette candidature. C’est la relation étroite de la France avec le monde arabe que François Hollande a mise en péril en faisant ce cadeau à Mme Azoulay », estime l’écrivain de passage à Paris. « L’ex-président n’a-t-il pas mesuré combien le prestige de la France allait être écorné par cette candidature qui vient voler la place à l’un de nos représentants ? », interroge l’intellectuel qui occupe actuellement le poste de secrétaire général de l’Union des écrivains d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latin

Accusé de vouloir recaser une personne de son premier cercle, François Hollande a également omis la règle tacite qui empêche l’Etat où siège une organisation internationale de se présenter à sa direction. Ce que ne manquent pas de rappeler, dans leur communiqué, les intellectuels arabes, en estimant qu’une absence de soutien de la nouvelle présidence française à la candidate de Paris garantirait « la primauté de l’équité absolue », lors de cette élection. Peu importe que le père de l’ancienne ministre, André Azoulay, soit un conseiller du roi du Maroc, pour Mohamed Salmawy, il ne fait aucun doute qu’un candidat arabe doit être porté à la tête de l’institution. « Dans ces temps où l’Occident s’inquiète de la montée du fondamentalisme, qui mieux qu’un ressortissant du monde arabe pourrait diriger l’Unesco ? C’est par la culture et l’enseignement que nous pourrons lutter contre les extrémistes. Et la voix d’un ressortissant du monde arabe sera bien mieux entendue en Orient », argumente-t-il. Mieux que celle d’une Européenne qui plus est de confession juive ? L’ancienne ministre de la Culture, qui est la cible d’une campagne contre sa candidature bien plus virulente que celles menées contre les candidats vietnamien ou chinois, voit en effet sa judéité régulièrement mise en avant sous couvert de dénoncer une « maladresse supplémentaire de Hollande » au moment où la direction de l’Unesco devrait revenir à un pays du monde arabe. Quatre candidats du monde arabe se sont portés candidats à la direction de l’Unesco : l’Egyptienne Mouchira Khattab, le Qatari Hamad bin Abdulaziz Al-Kawari, l’Iraqien Saleh Al-Hasnawi et la Libanaise Vera Al- Khouri Lacoeuilhe. Le vote aura lieu en octobre.

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