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Le G20 forcé de s'intéresser à l'Afrique

Sabah Sabet avec agences, Lundi, 10 juillet 2017

Dans une tentative de contrer les flux de migrants en provenance d’Afrique, le G20 a décidé de soutenir l’économie africaine. Mais le plan annoncé reste en deçà des ambitions.

L’Afrique, ce continent, qui n’a été que sporadiquement inscrit à l’agenda des rassemblements de G20, était cette semaine à l’honneur du sommet du club très sélect des principaux pays industrialisés. Un changement dû à la problématique migratoire, véritable casse-tête pour l’Europe.

« Nous sommes prêts à aider les pays africains intéressés » et « encourageons le secteur privé à saisir les opportunités économiques africaines en soutenant une croissance durable et la création d’emplois », écrivent les principaux pays développés dans leur déclaration finale lors du sommet du G20 tenu vendredi et samedi derniers à Hambourg. L’objectif est de « lutter contre la pauvreté et les inégalités en tant que cause essentielle des migrations », soulignent-ils, faisant de cette entrée de l’Afrique à l’agenda du G20 une initiative clairement destinée à endiguer l’arrivée en Europe d’hommes, de femmes et d’enfants fuyant la misère.

L’Allemagne, qui préside le G20 et qui a accueilli plus d’un million de demandeurs d’asile depuis 2015, a annoncé depuis plusieurs mois déjà qu’elle inscrirait l’Afrique au coeur des priorités de sa présidence tournante du groupe des pays les plus industrialisés du monde. L’initiative a déjà commencé à prendre forme avec la mise en oeuvre d’un ambitieux plan de développement, le « Compact with Africa », qui a déjà donné lieu à plusieurs événements, dont une conférence ministérielle destinée à mobiliser le secteur privé ainsi que les investisseurs internationaux et un sommet Afrique-Allemagne, le premier du genre qui s’est tenu en juin dernier à Berlin.

« Nous avons pour la première fois un plan de développement pour et par l’Afrique, et nous pouvons désormais travailler avec l’Afrique », s’était réjouie la chancelière allemande, Angela Merkel, vendredi lors de l’ouverture du sommet.

Si l’Allemagne a nettement augmenté son aide au développement — la portant à 0,7 % de son produit intérieur brut contre 0,38 % pour la France, selon l’ONG One —, elle n’a obtenu de ses partenaires du G20 aucun engagement sur le soutien public à l’Afrique, notion absente du communiqué final. « Les Etats- Unis ne seront probablement pas en position de s’engager en Afrique, comme cela serait pourtant nécessaire, et ce, d’autant moins qu’ils n’ont quasiment plus d’intérêts pétroliers dans les régions arabe et africaine », expliquait Mme Merkel jeudi dernier à l’hebdomadaire Die Zeit, livrant une des clés du problème. Mais loin du plan annoncé pour le continent, les initiatives « Compact » ne concernent pour l’heure que sept pays qui attirent déjà les investisseurs, et sont loin d’être les principales sources d’immigration en Europe.

Pour sa part, Paris a insisté sur l’importance « de ne pas oublier dans ce contexte les pays les plus fragiles », en particulier ceux du Sahel, en première ligne dans la lutte contre le djihadisme. Mais de source proche des négociations, la France a été la seule délégation à soulever cette question.

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