Le programme nucléaire nord-coréen continue de préoccuper au plus haut niveau les Etats-Unis, et consiste toujours un volet important des relations entre Washington et Pékin, principal soutien diplomatique et économique de Pyongyang. « L’ère de la patience face à la Corée du Nord est terminée », a lancé samedi Donald Trump, dénonçant un régime qui n’a pas de respect pour la vie humaine. Mais en dépit de l’alourdissement des sanctions contre le régime stalinien, Pyongyang ne cesse de défier ses adversaires avec ses missiles balistiques et nucléaires. De même, le ton est monté cette semaine et la Corée du Nord a comparé le président américain à Hitler. « Pyongyang ne va jamais renoncer à ses ambitions nucléaires. Pour le régime stalinien, une bombe nucléaire est le seul moyen de dissuasion contre Washington », explique Dr Norhane Al-Cheikh, professeure de sciences politiques à l’Université du Caire.
Séoul appelle au dialogue
Parallèlement aux sanctions et aux menaces, la diplomatie tente de se frayer un chemin. Le nouveau président sud-coréen, Moon Jae-In, partisan d’une politique d’ouverture envers son voisin du nord, s’est rendu à Washington, vendredi dernier, pour convaincre son homologue américain de proposer des concessions à la Corée du Nord. « Nous devrions entamer un dialogue avec la Corée du Nord. La Corée du Sud et les Etats-Unis devraient examiner ce qu’ils pourraient donner au Nord en échange d’un gel de son programme nucléaire », a déclaré M. Moon Jae-In. Il s’agit d’une approche similaire à celle de Pékin qui ne cesse d’affirmer que la seule issue à la crise c’est la diplomatie. Déjà, des négociations à Six, qui réunissaient les deux Corées, la Chine, le Japon, la Russie et les Etats-Unis, ont capoté en décembre 2008 et n’ont jamais repris. La Chine aspire à convaincre son allié communiste de reprendre ces pourparlers et a proposé à Washington un compromis stipulant l’arrêt du programme nucléaire nord-coréen en échange d’un arrêt des manoeuvres militaires américano-sud-coréennes. Une offre qui a été rejetée par Trump, partisan de la politique du bâton envers Pyongyang. « La stratégie de M. Trump est d’augmenter la pression sur la Corée du Nord afin de la faire changer d’approche », a expliqué un responsable de la Maison Blanche.
Or, il semble que l’Administration Trump n’a pas opté pour la politique du bâton avec Pyongyang seulement, mais aussi avec son parrain chinois. Alors que les relations entre Washington et Pékin semblaient s’être réchauffées en avril après la rencontre du président chinois, Xi Jinping, et son homologue américain, la lune de miel s’est terminée cette semaine après que M. Trump eut froncé les sourcils face à Pékin dans la gestion du dossier nucléaire nord-coréen. Annonçant le changement de sa politique vis-à-vis de Pékin, Trump a affirmé que les efforts chinois dans le dossier nord-coréen « n’avaient pas fonctionné », et a annoncé des sanctions contre une banque chinoise accusée par Washington de mener des activités illicites avec la Corée du Nord. Dimanche, la tension a atteint son apogée quand un navire militaire américain s’est approché d’une île contrôlée par Pékin en mer de Chine méridionale, contestant la souveraineté chinoise sur ce territoire occupé par Pékin, mais revendiqué par le Vietnam et Taïwan.
Face à ces pressions, Pékin a paru plus exacerbé que jamais, protestant solennellement contre les provocations américaines. « Nous espérons que les Etats-Unis pourront corriger leurs actions erronées pour ramener les relations sino-américaines sur la voie correcte. La Chine accomplit des efforts sans relâche afin de résoudre la question nucléaire dans la péninsule coréenne », s’est insurgé Lu Kang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « Sous pression américaine, la Chine est dans une situation périlleuse. Pour Pékin, une Corée du Nord qui possède l’arme nucléaire à ses frontières c’est un scénario affreux. Mais aussi un effondrement du régime stalinien conduisant à une péninsule coréenne réunifiée soutenue par Washington à sa frontière, c’est un cauchemar. La seule issue à la crise est que Pékin réussit à convaincre son voisin communiste de retourner à la table des négociations », explique Dr Hicham Mourad, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire.
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