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Coupures de presse : Les islamistes à l’épreuve du pouvoir

Najet Belhatem , Mardi, 30 avril 2013

Les Frères musulmans et les différents courants islamistes en Egypte courent-ils à leur perte ? C’est la question à laquelle quelques éditorialistes tentent de répondre cette semaine en se basant sur différents indices.

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La démocratie c'est : De se complèter ... ! Caricature de Ramadan dans Al-Shorouk.

« Je peux dire que le soutien populaire au courant islamiste en Egypte a commencé à diminuer d’une manière sensible ces derniers temps », avance le politologue Hassan Nafea dans son article publié dans le quotidien Al-Masry Al-Youm. Comment a-t-il pu mesurer la baisse de ce soutien ? « Ce ne sont pas des impressions personnelles. Il y a eu dernièrement une série d’élections dans des secteurs qui étaient considérés comme des fiefs traditionnels des factions de l’islam politique, comme celles qui ont eu lieu dans les universités pour constituer des unions estudiantines ou encore celles des syndicats des Pharmaciens et des Journalistes. Toutes ces élections ont eu pour résultat le recul clair et net du courant islamiste en général et de la confrérie des Frères musulmans en particulier ». L’auteur fait ensuite remarquer qu’il est vrai que ces élections ont eu lieu dans des milieux appartenant en majorité à la haute classe moyenne éduquée, ce qui ne suffit pas à porter un jugement définitif, « mais ces résultats sont d’une grande importance sur le plan national car il s’agit de fiefs qui ont été, des années durant, sous l’emprise du courant islamiste ». Il ajoute que cette tendance va se poursuivre, « ce n’est pas seulement un changement d’humeur soudain et temporaire ». Pour Nafea, nous sommes devant un processus de transformation qui va mener au final « à corriger une relation encore déséquilibrée entre la politique et la religion, et du coup éliminer le plus grand obstacle au processus démocratique, non seulement en Egypte mais aussi dans tout le monde arabe et islamique ». Il avoue qu’il est vrai qu’on ne peut pas émettre un jugement sur la performance politique de ces groupes, vu le court laps de temps au pouvoir et le lourd héritage légué par l’ancien régime. Cependant, « la raison essentielle du jugement négatif à l’égard de ces groupes vient du fait de leur mise à nu qui a montré une incapacité à gérer les affaires de l’Etat et de la société et une volonté de s’accaparer tous les pouvoirs ». Nafea conclut que cela est l’une des facettes positives de la révolution. « C’est une grande bulle qui s’est gonflée jusqu’au point d’explosion et cela n’aurait pas eu lieu sans être aux rênes du pouvoir. Est-ce de l’exagération de dire donc que le phénomène de la confrérie, et avec elle toutes les factions qui sont sorties de son manteau, est en voie de disparition ; que l’explosion est proche et dépend de la capacité des forces civiles à s’organiser pour présenter au peuple un programme alternatif ? ».

Selon l’écrivain et journaliste Belal Fadl qui écrit dans le quotidien Al-Shorouk, le programme alternatif viendrait plutôt des jeunes : « Les Frères commettent les mêmes erreurs de Moubarak en croyant que la colère des jeunes dans la rue va finir par cesser quand ils n’auront plus de ressources. Son vrai problème ce sont les jeunes qui apprennent tous les jours la nécessité de s’organiser dans des structures qui annoncent la rupture entre leur génération et la génération des politiciens fossilisés ». L’auteur fait état des mesures prises dans toutes les universités d’Egypte par les étudiants sous l’intitulé « Où est le droit de l’étudiant ? ». « Ce sont des étudiants qui appartiennent à des partis et des mouvements révolutionnaires divers et parfois opposés. Ils ont annoncé dans leur premier communiqué : Malgré la différence de nos idées et nos appartenances politiques, nous avons réussi à passer le cap que nos élites ont échoué à passer, à savoir nous unir, à commencer par unir nos listes électorales lors des élections estudiantines, ce qui a mené à briser pour la première fois le mythe que les Frères sont les rois des urnes ».

L’ex-député et analyste politique Amr Hamzawi pointe du doigt une autre faiblesse des Frères musulmans : la dualité de l’Etat officiel et l’Etat officieux. Il remet sur le tapis la question de la diversité des centres de décision sous le régime des Frères entre la présidence, le Parti Liberté et justice et la confrérie. Il découle de tout cela par exemple que le vice-gouverneur a plus de pouvoir que le gouverneur lui-même, du fait qu’il appartient au sacro-saint cercle de la confrérie. Hamzawi écrit : « Le gouvernement exécutif est face à autre gouvernement de l’ombre dont les membres font partie de la confrérie ou du parti et occupent des postes de conseillers dans les différents ministères. Cela cause beaucoup de perturbations dans des ministères vitaux comme celui des Finances ou des Affaires étrangères, et mène à l’anarchie et l’opacité. Au final, la confrérie demeure en dehors de légalité et la présidence se transforme en une institution dont on ne connaît pas la source de prise de décision » .

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