Le Maroc offre aux investisseurs une exonération totale pendant 5 ans.
(PHOTO : REUTERS)
La Banque mondiale, dans son rapport
Doing Business 2017 sur l’environnement des affaires dans le monde, classe le Maroc à la 68e position sur 190 pays, alors que l’Egypte n’est qu’à la 122e position, les deux pays étant classés dans la tranche inférieure des pays à revenu intermédiaire. Selon un rapport de l’Organisation de la Coopération et du Développement Economique en Europe (OCDE) de 2010 sur les politiques d’investissement, la croissance des IED au Maroc s’explique par «
l’amélioration significative du climat des affaires au Maroc, qui est notamment due à l’augmentation de la transparence et de la prévisibilité des politiques et des lois régissant les investissements ». Ainsi, la sécurité juridique et la stabilité du Maroc sont appréciées par les investisseurs. Sa législation est en effet composée d’une loi-cadre (la Charte des investissements de 1995) complétée par des plans stratégiques tels que le Plan national pour le développement industriel, adopté en 2014.
En revanche, en Egypte, la loi sur les investissements de 1997 a beaucoup été amendée — la dernière fois en 2015 — avant d’être définitivement remplacée par la loi de 2017. Bien que le contenu de ces lois soit proche, les modifications récurrentes de la législation égyptienne provoquent une instabilité juridique qui peut effrayer les investisseurs. Les événements liés à la révolution de 2011 ont aggravé cette situation en y ajoutant une instabilité politique. Cependant, les lois des deux pays partagent des similarités, notamment en offrant la garantie du libre transfert des fonds, la simplification des procédures administratives ou encore de nombreuses incitations fiscales. Le système des incitations est différent dans les deux pays. La Charte marocaine offre aux investisseurs des réductions d’impôts pouvant aller jusqu’à l’exonération totale pendant 5 ans (puis une exonération de 50 % au-delà de cette période). Ces privilèges sont notamment accordés aux entreprises exportatrices, aux artisans ou aux entreprises opérant dans des zones ayant besoin de développement.
Le système des zones
Selon l’analyse opérée par le cabinet égyptien Riad & Riad, l’Egypte cherche également à promouvoir les exportations en réduisant de 30 % les taxes sur les bénéfices des sociétés exportatrices. Elle cherche aussi à promouvoir la production grâce à un système de zones. Ainsi, le territoire est divisé en deux zones faisant l’objet d’incitations différentes. Dans la zone A, les investissements bénéficient d’une réduction de 50 % des taxes imposées aux bénéfices nets, ceci afin d’encourager les investisseurs à s’installer dans ces régions en difficulté économique. Les investissements de la zone B bénéficient d’une réduction de 30 % s’ils correspondent à certains domaines d’activités.
Les deux législations offrent des garanties aux investisseurs : la protection contre les expropriations, la liberté de transférer les bénéfices … Cette dernière garantie est également présente dans la majorité des traités relatifs aux investissements signés par l’Egypte, mais son efficacité dépendra des modalités d’application et des réserves en monnaies étrangères de la Banque Centrale d'Egypte (BCE). A cet égard, selon Entreprise Press, la BCE a annoncé la semaine dernière la suppression des limitations dans les transferts de devises, ce qui est un signe positif. L’Egypte et le Maroc garantissent tous deux une résolution des litiges relatifs aux investissements par la voie de l’arbitrage. Mais la Charte marocaine renvoie directement aux traités internationaux relatifs à l’arbitrage, la loi égyptienne de 2017 prévoit la création d’un nouveau centre d’arbitrage et de médiation. Cette volonté de régler amicalement les litiges s’était déjà fait sentir dans l’amendement de 2015 de la loi sur les investissements qui prévoyait la création de comités spécifiques visant à régler les litiges à l’amiable. Cependant, selon le Dr Ismaïl Sélim, directeur du Centre régional du Caire pour l’arbitrage commercial international (CRCICA), « le recours à l’arbitrage dans ce cadre semble compliqué étant donné la dépendance qu’aurait le centre vis-à-vis du gouvernement égyptien, son conseil d’administration devant être nommé par le premier ministre. Les investisseurs n’accordant leur confiance qu’aux institutions arbitrales internationales indépendantes des gouvernements, telles que le Centre International pour le Règlement des Différends relatifs aux Investissements (CIRDI), qui peuvent notamment être saisies par le biais des traités bilatéraux d’investissement ». Cette idée risque de faire perdre à l’Egypte du temps et des moyens alors qu’elle se trouve aujourd’hui en concurrence avec le Maroc. En effet, le Maroc veut devenir un hub commercial et financier où les sociétés multinationales s’implantent afin de développer leurs activités africaines. La majorité des IDE marocains sont déjà orientés vers l’Afrique. La création d’un climat des affaires favorable aux investissements dépasse donc la simple attraction de flux financiers pour devenir un enjeu de diplomatie économique.
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