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Raqqa : Daech le dos au mur

Inès Eissa avec agences, Mercredi, 14 juin 2017

Une vaste offensive a été lancée cette semaine contre Raqqa, le fief de l'Etat Islamique (EI) en Syrie. Elle devrait éventuellement marquer le début de la fin de Daech.

Raqqa : Daech le dos au mur
La fin de Daech semble proche. (Photo : AP)

L’Etat Islamique (EI) qui contrôlait depuis des années une large partie des territoires syriens n’a cessé de reculer depuis l’interven­tion russe en 2015. Pour autant Raqqa demeure la capitale de l’EI dans le pays et est toujours sous le contrôle de Daech.

Après l’opération militaire lan­cée contre Mossoul en Iraq, la libération de Raqqa s’impose dans le cadre de la stratégie visant à en finir définitivement avec l’EI. La coalition internationale sous com­mandement américain intensifie ses raids aériens sur Raqqa et sa banlieue, tuant de nombreux civils, alors que les forces arabo-kurdes poursuivent leur progression dans le principal fief du groupe EI en Syrie. Dans l’est de la ville, les combats au sol se poursuivaient vendredi entre les djihadistes et les Forces Démocratiques Syriennes (FDS), soutenues par Washington, qui ont annoncé mardi le lance­ment de l’assaut final sur Raqqa.

La coalition internationale anti­djihadistes fournit aux FDS des armes, un appui aérien et les assiste au sol avec des conseillers. Les raids de la coalition, qui se pour­suivaient tout au long de la semaine, visaient à « ébranler les capacités de l’EI et à ouvrir la voie aux FDS dans l’est de la ville et (leur permettre) de lancer l’assaut sur d’autres fronts », selon un porte-parole de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH).

Les FDS « ont pris le contrôle du quartier de Mechleb » dans l’est de la ville et « procèdent actuellement au nettoyage des mines et des engins explosifs », a, de son côté, affirmé à l’AFP le porte-parole des FDS, Talal Sello. Selon lui, les FDS avancent également à la péri­phérie nord de Raqqa et ont « réus­si à repousser une attaque de l’EI dans la banlieue ouest de la ville ».

Risques sur les civils

Si cette bataille était attendue depuis longtemps et était considé­rée comme la bataille finale contre l’EI, elle ne ferait pas l’unanimité. En effet, elle constitue l’un des principaux fronts de la guerre aux multiples belligérants en Syrie qui a fait plus de 320 000 morts depuis mars 2011. Abou-Mohammad, un militant du collectif « Raqqa is Being Slaughtered Silently » (Raqqa est massacrée en silence), a décrit les bombardements de la coalition comme « insensés ». En effet, des dizaines de milliers de civils ont fui la ville et ses environs depuis le lancement par les FDS en novembre de leur vaste opération pour chasser l’EI de son principal bastion en Syrie.

Le régime de Bachar Al-Assad considère la reprise de Raqqa comme une « priorité », mais ses troupes sont encore loin de la ville. Elles ont réussi mardi à pénétrer dans la province du même nom par l’ouest, et ont repris à l’EI « 20 villages », aidées par des frappes russes, selon l’OSDH. Une source militaire syrienne avait affirmé mardi à l’AFP que l’objectif de l’avancée des forces gouvernemen­tales dans la province de Raqqa était « d’assurer la sécurité de la province (voisine) d’Alep contre les attaques des djihadistes ». Il n’est pas encore clair s’il existe une quelconque coordination entre les forces du régime et les FDS.

L’attaque contre Raqqa serait à l’évidence guidée par la politique de Trump en Syrie ayant l’extermi­nation de l’EI comme priorité. « La visite du président américain Trump à Riyad a mis l’accent sur la nécessité de mettre fin à l’Etat islamique dans le monde arabe », explique un diplomate qui a requis l’anonymat. Selon lui, l’offensive lancée contre Raqqa se situe dans un contexte plus large convenu lors du sommet de Riyad pour com­battre le terrorisme. « Une priorité qui s’est avérée d’autant plus urgente suite aux attaques de Londres », conclut le diplomate.

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