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L'Egypte et le nouveau Moyen-Orient

Monday 29 avr. 2013

L’egypte est repliée sur elle-même sans accorder aucun intérêt aux mutations importantes et dangereuses survenues au Moyen-Orient et dans le monde entier. Ce repliement dévoile l’ampleur de l’impuissance dans laquelle nous vivons. Il s’agit d’une impuissance complexe. Une impuissance qui émane de l’absence d’une stratégie nationale suprême concernant les objectifs et les intérêts nationaux vitaux ainsi que les éventuels dangers qui menacent ces objectifs et ces intérêts. Une impuissance d’avoir une boussole claire pour la gestion des relations avec les forces régionales et internationales partant de la détermination des objectifs et des intérêts nationaux. Une impuissance de posséder des institutions spécialisées capables de jouer des rôles importants dans la prise des décisions relatives à la politique étrangère.

Nous sommes absorbés dans nos conflits diaboliques qui sont en général des conflits sur le pouvoir entre ceux qui tentent d’ancrer l’emprise des Frères musulmans sur le pays et ceux qui luttent contre cette hégémonie. C’est ainsi que nous nous efforçons de gaspiller le peu de ressources nationales que nous possédons. Mais le plus dangereux est que nous nous efforçons de faire avorter la plus importante réalisation égyptienne de l’histoire contemporaine, la révolution du 25 janvier. La révolution, qui a levé l’emblème « le peuple veut renverser le régime », connaît échec sur échec comme si le peuple subissait la sanction d’avoir mené cette révolution. La preuve la plus évidente de la régression de cette révolution est l’apparition provocante du président déchu lors de laquelle il a tenté de dire au peuple que ce dernier est incapable de renverser ses tyrans ou de les punir.

Alors que nous sommes préoccupés par le règlement de nos comptes et par l’offense aux plus importants piliers de notre unité nationale qui sont l’Eglise et Al-Azhar, alors que nous faisons exprès de porter atteinte au prestige de la justice et que certains essayent même de porter atteinte à l’armée, d’autres se préoccupent de retracer une nouvelle carte du Moyen-Orient et du monde arabe.

Retracer une nouvelle carte du Moyen-Orient signifie imposer un nouvel équilibre pour l’intérêt de certaines parties et tracer une nouvelle carte des coalitions et des conflits, partant des éventuelles répercussions des révolutions arabes et des évolutions qu’elles ont entraînées.

Ce sont les Etats-Unis qui s’imposent comme une force régionale internationale au Moyen-Orient, ils ont pris comme d’habitude l’initiative d’imposer un nouveau régime régional. Un nouveau régime qui préserve leurs intérêts et qui s’accorde avec la nouvelle stratégie américaine internationale, laquelle vise à transférer le poids du conflit mondial de l’Europe et du Moyen-Orient vers l’Extrême-Orient. Il s’agit pour les Etats-Unis de faire face au danger de l’émergence de la Chine en tant que force mondiale capable de les concurrencer et au danger de l’éventuelle formation d’un axe mondial asiatique comprenant la Chine, la Russie et l’Inde. Les Etats-Unis avaient pris des initiatives similaires après la chute de l’Union soviétique et leur émergence en tant qu’unique superpuissance mondiale. Avant d’envahir l’Iraq en 2003, ils avaient soumis le projet du Grand Moyen-Orient sous l’emblème du retraçage des cartes politiques des pays. Après la guerre criminelle d’Israël contre le Liban à l’été 2006, Washington est revenu sur son projet grâce à la résistance héroïque du peuple iraqien. Il a alors invité à la fondation d’un nouveau Moyen-Orient basé sur trois points. Remplacer le conflit arabo-israélien dans la région par un conflit arabo-iranien, imposer l’Iran comme principal ennemi et principale source de menace pour les pays de la région au lieu d’Israël et enfin imposer un conflit confessionnel sunnite-chiite comme principal moyen de faire réussir le projet.

Maintenant, grâce à la vague de révolutions arabes qui a mené au renversement des régimes alliés des Etats-Unis et après l’explosion de la révolution syrienne et des énormes dangers qui attendent la Syrie et la région avec l’éventuelle chute du régime d’Al-Assad, les Etats-Unis se sont orientés vers le traçage d’une nouvelle carte du Moyen-Orient. Cela afin de réarranger la région de manière à assurer la stabilité des Etats-Unis et à se consacrer à leurs nouveaux conflits en Extrême-Orient.

Où sommes-nous de tous ces plans ?

Personne ne s’intéresse à cette question, parce que nous ne savons plus qui nous sommes, ni ce que nous voulons, ni comment reprendre nos forces pour retrouver notre prestige et notre place en tant que force régionale capable de protéger ses intérêts et ses coalitions, et de se dresser contre quiconque oserait menacer nos intérêts et nos objectifs.

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