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Nouvelle trêve en Syrie

Inès Eissa avec agences, Mardi, 09 mai 2017

Dans une nouvelle tentative visant à mettre fin à la guerre en Syrie, une trêve a été conclue dans le cadre du processus d'Astana.

Nouvelle trêve en Syrie
Les violences sont en recul après l'accord conclu à Astana. (Photo : AFP)

Un nouvel accord de ces­sez-le-feu a été conclu à Astana entre les factions militaires syriennes. Sa mise en oeuvre a été garantie par la Russie, l’Iran et la Turquie. Le début de ce processus est intervenu deux jours après la signature à Astana, jeudi 4 mai, d’un mémorandum prévoyant la créa­tion de quatre « zones de désescalade » en Syrie.

Ce n’est pas la première fois qu’un accord de cessez-le-feu soit conclu, et plusieurs trêves ont échoué en six ans de guerre. Ce plan semble toutefois plus ambitieux que les précédents, car il prévoit une surveillance de ces zones par des forces des pays garants. L’accord a commencé à être appliqué samedi à minuit (vendredi 21h00 GMT), mais le mémorandum n’entrera réellement en vigueur que le 4 juin, lorsque les zones seront délimitées avec précision, pour une durée de six mois renouvelable. Le texte ne prévoit toute­fois pas explicitement si les combats doivent immédiatement s’arrêter, et ni le régime syrien ni les rebelles n’ont annoncé qu’ils cessaient les hostilités.

Plusieurs heures après le début du processus, quelques combats et bom­bardements sporadiques ont éclaté, mais avec beaucoup moins d’intensité que d’habitude. Le ministère russe de la Défense a assuré que la situation en Syrie était « stable » au terme du pre­mier jour de l’accord. « Hormis quelques combats et bombardements dans la nuit et ce (samedi) matin dans les provinces de Hama, Damas (centre) et Alep (nord), la violence a nettement reculé dans les secteurs concernés par l’accord », a par ailleurs indiqué à l’AFP Rami Abdel-Rahmane, direc­teur de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH). L’ONG a précisé plus tard qu’un enfant avait été tué dans un bombardement des forces du régime dans la province de Homs (centre), première victime civile recensée dans une « zone de désescalade » depuis l’entrée en vigueur de l’accord vendredi.

L’opposition demeure dubitative

Or, l’opposition syrienne a estimé vendredi que « l’accord n’offre pas toutes les garanties nécessaires et manque de mécanismes de vérifica­tion ». Et le Haut Comité des Négociations (HCN) a fait part vendre­di dans un communiqué « de ses préoc­cupations au sujet de l’ambiguïté » de cet accord, « qui a été conclu sans le peule syrien, qui n’offre pas toutes les garanties nécessaires et manque de mécanismes de vérification ». Pour la principale composante de l’opposition syrienne, le mémorandum signé à Astana « n’a pas assez de légitimité ». Dans son communiqué, le HCN rejette en outre le rôle de garant conféré à l’Iran, aux côtés de la Russie et de la Turquie. La délégation rebelle présente à Astana avait déjà fait connaître son opposition à cette mesure, notamment concernant le rôle de garant de l’Iran.

Les quatre « zones de désescalade » prévues par l’accord, réparties sur des secteurs de huit provinces syriennes, doivent être délimitées par les trois pays garants d’ici au 4 juin, pour une validité de six mois. Elles seront doublées de « zones de sécurité » avec postes de contrôle et centres de surveillance tenus conjointement par « les forces des pays garants », et possiblement « d’autres parties ». Dans ces zones, les forces gouvernementales et les groupes armés de l’opposition devront cesser d’utiliser tout type d’armes, y compris l’aviation. Le document exclut les « groupes ter­roristes », définis comme le groupe Etat Islamique (EI), le Front Al-Nosra (ancien nom désignant l’actuel Front Fateh Al-Cham) et tous les groupes, entités et individus qui leur sont affiliés. Cette distinction a toujours été l’un des principaux obstacles à l’application des cessez-le-feu. Car si l’EI n’a aucune relation avec les groupes rebelles, le Front Fateh Al-Cham forme des alliances avec certains d’entre eux. D’après l’accord, une « zone de déses­calade » comprendra la province d’Idleb, contrôlée par une coalition de rebelles islamistes et de djihadistes, et des secteurs de celles de Lattaquié, Hama et Alep.

La frappe américaine contre les forces de Bachar Al-Assad, qui a eu lieu il y a plus de deux semaines, semble avoir influencé les positions de la Russie et de l’Iran en Syrie. « Les protagonistes s’attendaient à une poli­tique américaine qui place la lutte contre le terrorisme en priorité, mais cette frappe a montré que Trump est prêt à aller loin pour faire face aux atrocités commises pour le régime syrien », explique un diplomate qui a requis l’anonymat. Selon lui, les Russes ont accepté pour la première fois l’idée de créer des zones d’expul­sion aériennes et des zones sécurisées. « Ceci reflète des idées américaines pour préparer le terrain à une solution durable. A mon avis, cet accord conclu à Astana est le fruit d’une entente entre l’Administration de Trump et la Russie », conclut le diplomate.

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