Encore inconnu des Français il y a peu, Emmanuel Macron, 39 ans, a conquis l’Elysée au terme de sa toute première campagne électorale, affichant d’emblée, dès dimanche soir, sa volonté de « se battre contre les divisions » et de porter « le changement ». « Ce que nous avons fait depuis tant et tant de mois n’a ni précédent ni équivalent, tout le monde nous disait que c’était impossible », a dit celui qui s’est lancé dans la course présidentielle sans avoir jamais été élu et avec un mouvement créé de toutes pièces en avril 2016. Ce fils de médecins est entré discrètement sur la scène politique en 2012 comme conseiller économique du président socialiste François Hollande. Il devient ministre de l’Economie deux ans plus tard, puis démissionne en août dernier en disant avoir retenu une leçon majeure, « le dysfonctionnement » du système politique, avant d’annoncer dans la foulée sa candidature à la présidentielle, suscitant une certaine condescendance dans le monde politique.
Le flou de son programme, son inexpérience des rendez-vous électoraux et sa campagne sans parti structuré passent alors pour des obstacles infranchissables. Mais celui qui se définit comme « progressiste » sait profiter des primaires de droite puis de gauche qui ont désigné des candidats laissant une marge de manoeuvre au centre à son jeune mouvement En marche !.
Les déboires judiciaires du candidat de la droite, François Fillon, et la débâcle de la gauche lui permettent de rejoindre le peloton des favoris, puis de consolider au fil des mois une base électorale. Ses meetings attirent les foules, l’omniprésence de son épouse Brigitte, son ancienne professeure de français de vingt-quatre ans son aînée, fait couler beaucoup d’encre.
Son caractère, on l’a surtout vu lors du débat télévisé houleux de l’entre-deux-tours : Face aux attaques de Marine Le Pen, ce philosophe de formation qui fut un élève brillant des plus grandes écoles françaises a montré sang-froid et pugnacité. Cependant, ses détracteurs voient en lui un « illusionniste » et dénoncent son programme « composite », son positionnement jugé trop proche des milieux économiques, en lui reprochant son passé de banquier, qu’il assume pleinement et qui lui a valu le surnom de « Mozart de la finance ».
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