Après une série d’incidents ayant frappé notamment la capitale économique Abidjan, la commission électorale indépendante a publié, vendredi, la totalité des résultats des élections régionales et municipales du 21 avril. Comme prévu, l’avantage va au parti du chef d’Etat, Alassane Ouattara. Le Rassemblement Des Républicains (RDR) a gagné dans 65 municipalités. Le RDR confirme ainsi son ancrage local, acquis il y a 12 ans, lors des dernières élections municipales. Face aux candidats du RDR, il y avait souvent des indépendants et des adversaires issus de son principal allié dans le gouvernement, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien président, Henri Konan Bédié. Cette formation a remporté 49 communes. Mais la grande surprise du scrutin municipal, c’est la sanction infligée aux appareils des partis politiques. Dans 72 communes, les électeurs ont préféré des maires sans étiquette, même s’il s’agissait en majorité des candidats issus du RDR et du PDCI. Il y avait aussi des membres du Front Populaire Ivoirien (FPI, parti de l’ancien président, Laurent Gbagbo), qui ont bravé la consigne de boycott. Le parti, qui a parlé de « parodie d’élections », les a suspendues. Quant aux élections régionales, le RDR sort en tête avec 10 des 31 régions. 9 reviennent aux candidats du RHDP, coalition RDR-PDCI. Des indépendants seront à la tête de 6 régions et le PDCI en a remporté 4. Le taux de participation proclamé est de 36,44 % aux municipales. Il est en dessous de 3 points par rapport à 2001. Les régionales ont enregistré un taux de participation de 44 %. Mais les 13 communes de la ville d’Abidjan, ainsi que Yamoussoukro, n’étaient pas concernées.
Tensions d’un niveau inédit
Ces élections ont dévoilé l’échec du gouvernement à conserver la stabilité du pays, surtout ces deux dernières semaines avec plusieurs incidents qui ont eu lieu avec des blessés et de sérieux dégâts matériels. Ces contestations ont souvent opposé des candidats RDR et PDCI, entraînant des tensions d’un niveau inédit entre les deux partis alliés au niveau national. Des urnes avaient par ailleurs été détruites ou volées dans certaines localités juste après le vote.
L’Onu a appelé au calme et condamné ces violences qui signaient le retour des « vieux démons », selon l’expression d’un quotidien ivoirien, 2 ans après la fin de la crise née de la présidentielle de novembre 2010, qui a fait quelque 3 000 morts. En outre et malgré son échec dans la stabilisation de la Côte d’Ivoire, Ouattara a annoncé sa candidature pour 2015. « Oui, vraisemblablement, je serai amené à solliciter un deuxième mandat », a-t-il annoncé, lors d’une interview faite par le journaliste Béchir Ben et publiée cette semaine dans l’hebdomadaire parisien Jeune Afrique. A travers cette annonce, le président ivoirien veut rassurer certains de ses partisans qui pérorent sur sa participation ou non à la présidentielle d’octobre 2015 du fait d’une santé précaire. « Quand on décide de s’engager en politique, c’est parce qu’on a des objectifs. Le mien était d’être président pour apporter ma contribution au redressement de mon pays (...) Et a priori, je ne pense pas qu’il soit possible de redresser la Côte d’Ivoire comme je le voudrais dans les 3 ans à venir », a indiqué Ouattara .
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