Le pape Tawadros II reçu par le pape François au Vatican.
Vers la mi-mars dernier, le pape François avait confirmé qu’il accepterait les invitations du président Abdel-Fattah Al-Sissi, du grand imam d’Al-Azhar (la plus haute instance de l’islam sunnite), du pape Tawadros II (chef spirituel des coptes orthodoxes) et celle du patriarche Ibrahim Isaac (chef spirituel des catholiques égyptiens) pour visiter l’Egypte. Selon le Vatican, le pape voudrait montrer «
qu’il n’y a pas de guerre de religion entre l’Orient et l’Occident. Il veut aussi promouvoir de meilleures relations entre catholiques et musulmans ». Selon Mgr Emmanuel Ayad, chef organisateur du séjour du pape, la visite transmet le message que l’Egypte est un pays sécurisé et stable. Mais «
c’est aussi un voyage pastoral, oecuménique et interreligieux », a-t-il ajouté. Ce voyage à l’étranger est le 18e que le pape effectue au cours de ses 4 années de pontificat, et le 7e dans un pays à majorité musulmane. C’est aussi la 2e visite d’un pape en Egypte, après celle du pape saint Jean-Paul II, en l’an 2000 (voir encadré). Le pape arrivera le vendredi 28 avril à l’aéroport du Caire où un accueil officiel sera organisé. Le pape s’entretiendra ensuite avec le président de la République au palais présidentiel d’Al-Ittihadiya. Il visitera ensuite Al-Azhar, où sera tenue une conférence internationale sur la paix, avec 2 discours par le pape François et le grand imam, Ahmad Al-Tayeb. L’après-midi sera consacré à une visite au patriarcat copte orthodoxe de Abbassiya incluant un entretien avec le pape Tawadros. La tournée se terminera par une visite symbolique à l’église d’Al-Botrossiya, adjacente au siège du patriarcat, avec un recueillement particulier à la mémoire des victimes de l’explosion du 11 décembre dernier et de toutes les autres. Le lendemain, samedi 29 avril à 10h, le pape célèbrera la sainte messe et prononcera une homélie. A midi, il déjeunera avec les patriarches et les évêques égyptiens et orientaux. Ensuite, il consacrera une heure au clergé catholique d’Egypte, prononcera un discours et quittera Le Caire pour Rome à 17h. La communauté catholique d’Egypte compte environ 300 000 croyants, soit moins d’1 % de la population égyptienne, en majorité musulmane sunnite. Les écoles gérées par le clergé catholique offrent une éducation de qualité à des dizaines de milliers de jeunes musulmans et chrétiens. Cette communauté est de même reconnue pour l’action de développement social qu’elle mène dans les milieux défavorisés au Caire et en Haute-Egypte. Et le pape sera là pour l’encourager et lui souffler un vent nouveau. Il lui accordera une audience spéciale à quelques heures de son retour à Rome.
Des relations très profondes
Les relations diplomatiques entre les deux pays datent de 70 ans. Le dialogue interreligieux avait en fait repris en 2000, avec l’arrivée du pape Jean-Paul II, à l’occasion d’un pèlerinage qu’il avait fait au mont Sinaï. Le dialogue se développera remarquablement entre le Vatican et Al-Azhar, avant de connaître une période de coupure totale en 2011, lorsque l’ex-pape Benoît XVI avait dénoncé les violences, les discriminations et l’intolérance religieuses dont font l’objet les chrétiens en Egypte, après l’attaque contre l’église d’Al-Qédisseine (deux saints), à Alexandrie, à la voiture piégée, fin 2010, qui avait fait environ une trentaine de morts. L’avènement du pape François en mars 2013 renoue les liens une nouvelle fois, et les 3 personnalités qui lui ont adressé les invitations à venir en Egypte ont été elles-mêmes reçues au Vatican : le pape Tawadros II (2013), le président Sissi (2014) et le grand imam d’Al-Azhar Ahmad Al-Tayeb (2016). Le dialogue a donc repris avec force, avec la présence, en février dernier, du cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical du dialogue interreligieux, au coeur même d’Al-Azhar « pour renforcer les liens avec les musulmans et prouver que nous ne sommes pas en guerre avec eux ». L’évêque Youssef Aboul-Kheir, évêque copte catholique de Sohag (450 km au sud du Caire), connaît bien le terrain et attend beaucoup de ce voyage. « C’est une visite qui constitue une étape importante dans la relation du Saint-Siège avec l’Egypte », explique-t-il. Il ajoute que cette visite confirme la convergence de visions entre l’Orient et l’Occident, entre le christianisme et l’islam surtout, et montre que « Sa Sainteté le pape refuse catégoriquement de lier le terrorisme à l’islam ou à toute autre religion ».
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