Samedi, 15 février 2025
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Dans le monde arabe, mêmes tentatives, mêmes limites

Chahinaz Gheith et Abir Taleb, Mardi, 23 avril 2013

Satire
L'émission Les Guignols a été suspendue à la suite des pressions indirectes des autorités.

Depuis l’avènement du Printemps arabe, les émissions satiriques foisonnent dans le monde arabe et sont elles-mêmes sujettes à débat. L’exemple le plus frappant est celui de la Tunisie, où la chaîne Ettounsiya TV a dû cesser en août 2012 la diffusion d’une émission satirique politique, équivalente des Guignols de l’info de la chaîne française Canal+, après des pressions du pouvoir. Une émission qui se moquait particulièrement des dirigeants du pays et du parti islamiste Ennahda, qui domine le gouvernement. Le secrétaire général du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), Mongi Khadraoui, avait alors estimé que la programmation des Guignols « avait été arrêtée à la suite de pressions indirectes des autorités ». Certains responsables, à l’exemple du ministre de la Santé tunisien, Abdelatif Mekki, issu du parti Ennahda, avaient, en effet, déclaré que certaines émissions « dépassaient » certaines limites, qu’il fallait « respecter les symboles nationaux, le président de la République, le président du Parlement, le chef du gouvernement » et qu’il fallait que « la critique soit dans le cadre du respect ».

L’arrêt de la diffusion des Guignols tunisiens a coïncidé avec l’arrestation de Sami Fehri, patron de la chaîne privée Ettounsiya TV. Il est actuellement incarcéré dans le cadre d’une enquête pour complicité de détournement de fonds de la télévision publique remontant à l’époque du président déchu Zine El Abidine Ben Ali et risque 10 ans de prison pour « préjudices financiers causés à la télévision publique ».

Il y a quelques jours, le Parquet tunisien a refusé de libérer Fehri malgré un arrêt de la Cour de cassation, et des pourparlers sont en cours avec le ministre de la Justice pour clore cette rocambolesque affaire.

Loin des pays du Printemps arabe, en Algérie, l’idée de diffuser une émission similaire, sans pour autant toucher à la politique, avait été lancée en 2010, mais le projet est resté lettre morte.

Quant au Liban, le programme y existe et est diffusé sur la chaîne LBC. Cependant, au Liban aussi, on ne peut pas rire avec tout le monde. Les producteurs de l’émission respectent les lignes rouges libanaises, « le président de la République, les hommes de religion et les magistrats » et « les chefs d’Etat arabes ». D’ailleurs, lorsqu’en 2008, l’émission a présenté une marionnette du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, les partisans de ce dernier ont bloqué l’aéroport en signe de protestation.

En Arabie saoudite, les vidéos de l’émission parodique Ala Attayer, c’est-à-dire « vite fait », attirent régulièrement des millions de visiteurs sur Youtube. On y voit de jeunes Saoudiens se moquer des autorités, depuis les fonctionnaires corrompus jusqu’aux censeurs. Depuis, d’autres émissions humoristiques se sont établies sur Youtube avec le même succès. Mais les stars de Youtube sont également prudentes et ne franchissent pas toutes les limites. On ne plaisante ni avec la famille régnante, ni sur le fait que le Printemps arabe, en Arabie saoudite, n’a donné lieu à aucune manifestation de masse l

Depuis l’avènement du Printemps arabe, les émissions satiriques foisonnent dans le monde arabe et sont elles-mêmes sujettes à débat. L’exemple le plus frappant est celui de la Tunisie, où la chaîne Ettounsiya TV a dû cesser en août 2012 la diffusion d’une émission satirique politique, équivalente des Guignols de l’info de la chaîne française Canal+, après des pressions du pouvoir. Une émission qui se moquait particulièrement des dirigeants du pays et du parti islamiste Ennahda, qui domine le gouvernement. Le secrétaire général du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), Mongi Khadraoui, avait alors estimé que la programmation des Guignols « avait été arrêtée à la suite de pressions indirectes des autorités ». Certains responsables, à l’exemple du ministre de la Santé tunisien, Abdelatif Mekki, issu du parti Ennahda, avaient, en effet, déclaré que certaines émissions « dépassaient » certaines limites, qu’il fallait « respecter les symboles nationaux, le président de la République, le président du Parlement, le chef du gouvernement » et qu’il fallait que « la critique soit dans le cadre du respect ».

L’arrêt de la diffusion des Guignols tunisiens a coïncidé avec l’arrestation de Sami Fehri, patron de la chaîne privée Ettounsiya TV. Il est actuellement incarcéré dans le cadre d’une enquête pour complicité de détournement de fonds de la télévision publique remontant à l’époque du président déchu Zine El Abidine Ben Ali et risque 10 ans de prison pour « préjudices financiers causés à la télévision publique ».

Il y a quelques jours, le Parquet tunisien a refusé de libérer Fehri malgré un arrêt de la Cour de cassation, et des pourparlers sont en cours avec le ministre de la Justice pour clore cette rocambolesque affaire.

Loin des pays du Printemps arabe, en Algérie, l’idée de diffuser une émission similaire, sans pour autant toucher à la politique, avait été lancée en 2010, mais le projet est resté lettre morte.

Quant au Liban, le programme y existe et est diffusé sur la chaîne LBC. Cependant, au Liban aussi, on ne peut pas rire avec tout le monde. Les producteurs de l’émission respectent les lignes rouges libanaises, « le président de la République, les hommes de religion et les magistrats » et « les chefs d’Etat arabes ». D’ailleurs, lorsqu’en 2008, l’émission a présenté une marionnette du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, les partisans de ce dernier ont bloqué l’aéroport en signe de protestation.

En Arabie saoudite, les vidéos de l’émission parodique Ala Attayer, c’est-à-dire « vite fait », attirent régulièrement des millions de visiteurs sur Youtube. On y voit de jeunes Saoudiens se moquer des autorités, depuis les fonctionnaires corrompus jusqu’aux censeurs. Depuis, d’autres émissions humoristiques se sont établies sur Youtube avec le même succès. Mais les stars de Youtube sont également prudentes et ne franchissent pas toutes les limites. On ne plaisante ni avec la famille régnante, ni sur le fait que le Printemps arabe, en Arabie saoudite, n’a donné lieu à aucune manifestation de masse.

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