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Trump et la crise syrienne

Dimanche, 23 avril 2017

Le président américain, Donald Trump, a finalement décidé de mener une frappe militaire contre le régime syrien qui a encore une fois eu recours aux armes chimiques, contre la ville de Khan Cheikhoun à Idleb cette fois. Les déclarations du président américain et de son secrétaire d’Etat confirment en effet un changement de position par rapport à la crise syrienne. Une semaine auparavant, le secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, déclarait que « le sort de Bachar Al-Assad devrait être décidé par le peuple syrien ». Mais après le carnage survenu à Khan Cheikhoun, M. Tillerson a affirmé qu’Assad n’avait pas de place dans la phase de transition et que son acte barbare ne resterait pas impuni.

Il s’agit maintenant de savoir si les Etats-Unis se contenteront de tirer des missiles depuis la Méditerranée contre des cibles précises, comme ils l’ont fait contre la base syrienne d’Al-Chaayrate, d’où a été lancée l’attaque chimique, ou s’ils utiliseront le soutien arabe et international afin d’élaborer une stratégie politique et militaire qui permettrait de mettre un terme au conflit syrien. Si les Etats-Unis optent pour les frappes limitées, cela ne risque pas de régler le problème, bien au contraire. La situation peut se compliquer davantage, surtout si la Russie enchaîne les attaques ou si le régime d’Assad intensifie les frappes aériennes sur les zones civiles. L’Administration Trump doit donc profiter de la situation et développer une stratégie globale pour pouvoir ensuite entamer un processus de transition politique susceptible de redonner confiance aux Syriens et de les libérer du régime oppressif et injuste d’Assad qu’ils endurent depuis de longues années.

Au coeur de cette stratégie doit figurer la protection des civils. Pour ce faire, une zone de non survol devra être imposée de sorte à empêcher Assad d’utiliser son aviation contre les civils. Notons que la majorité des quelque 500 000 civils morts dans le conflit syrien ont été tués par les raids intensifs de l’aviation d’Assad, ce qui a provoqué un gigantesque exode de la population. L’utilisation insensée des bombes barils remplies d’explosifs, de gaz, de combustible et de ferraille, a poussé des millions de Syriens à s’enfuir. L’objectif était de transformer les régions qui ont échappé au contrôle du régime en zones inhabitables. Et cette stratégie est en train de réussir, bien qu’elle soit considérée comme un crime de guerre. L’utilisation des bombes barils est contraire aux conventions internationales qui insistent sur la mise en place de dispositions visant à épargner les civils, et sur un ciblage précis des frappes. Or, ces barils sont tout le contraire. Ils sont spécifiquement fabriqués pour viser les civils, et détruisent complètement les quartiers sur lesquels ils sont largués de façon aléatoire.

L’utilisation de ces bombes barils devrait donc être immédiatement suspendue et des zones de sécurité, protégées à la fois contre le régime d’Assad et les terroristes de Daech et d’Al-Nosra, devraient être créées. Ces zones de sécurité avaient d’ailleurs été évoquées par l’équipe de Donald Trump lors de sa campagne électorale, et il semble que le président américain tienne à concrétiser cette promesse. Dans ses récentes déclarations, Trump a renouvelé son engagement de créer ces zones de sécurité. Un acte qui permettrait à des millions de réfugiés, instrumentalisés par les dirigeants européens d’extrême droite, de rentrer dignement dans leur pays. Or, ce retour ne peut avoir lieu sans garanties internationales assurant la fin du régime d’Assad.

Si cette démarche n’a pas lieu, les frappes américaines limitées risquent de renforcer les représailles de la Russie, principale alliée d’Assad, contre la population civile. L’Administration Trump doit donc réaliser que l’engagement en Syrie est une longue entreprise destinée à mettre fin à l’un des pires drames de notre époque. Si l’Administration américaine permet à ce dictateur sanguinaire d’échapper aux conséquences de ses actes, elle devra assumer le rôle de celui qui a laissé faire et a volé au peuple syrien son dernier espoir de paix. Mais pire encore, si tel était le cas, un message serait lancé à tous les dictateurs du monde : Vous pouvez éliminer votre peuple avec le consentement international.

Le président Trump a donc entrepris une nouvelle politique en Syrie, mais comme il a été dit plus haut, il est important de développer une stratégie globale, avec pour première priorité la protection des civils et la désignation de zones sécurisées. Si le président Trump parvient à le faire, non seulement il redorera le blason des Etats-Unis sur la scène internationale, mais il gagnera aussi en popularité à l’intérieur de son pays. Ses déclarations face au massacre de Khan Cheikhoun ont révélé un certain humanisme, absent jusque-là de l’image qu’a donnée le magnat de l’immobilier durant sa campagne. Cette chance est unique et mérite d’être saisie, pour la Syrie et pour Trump. Ce retournement de situation prouve bien encore une fois que c’est l’actualité qui façonne les politiciens et non pas le contraire.

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