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Une histoire commune

Hanaa Al-Mekkawi, Mercredi, 19 avril 2017

La communauté grecque à Alexandrie existe depuis la fondation de la ville. Une présence qui a influencé les deux parties.

Une histoire commune

La présence de la diaspora grecque en Egypte remonte à l’an­tiquité. Alexandrie notamment, fondation hellénistique, était une ville à majorité grecque. L’île de Pharos, comme on la surnommait à l’époque de l’antiquité, située au nord de l’Egypte, a été fondée en 332 av. J.-C., par Alexandre le Grand, roi de Macédoine. C’est l’architecte Dinocrate qui a construit le Heptastadion, c’est-à-dire la voie qui relie l’île de Pharos au continent. C’est donc là que la culture grecque est rentrée en contact avec la civilisation égyp­tienne. Sous les Ptolémées, la ville devient la capitale littéraire et scientifique du monde antique. Cléopâtre VII, dernier gouverneur, rêvait d’une « Athènes africaine » sur la rive sud de la Méditerranée.

En 638, lors de la conquête arabe de l’Egypte par Amr Ibn Al-As, Alexandrie est tombée dans l’ou­bli. Et, c’est à l’époque de Mohamad Ali (1805-1849) que la cité a repris son essor. Originaire de Cavala, ville grecque au parfum ottoman, le khédive a développé la ville avec l’aide des Grecs, bien intégrés à cette époque et présents dans tous les domaines. Il les a invités en Egypte, de la Grèce des îles, tels Chios et Crête, etc. et de la Grèce continentale. Sous le règne de Mohamad Ali, les Grecs ont obtenu beaucoup d’avantages, dont l’acquisition de la nationalité égyptienne, pour les encourager à venir et travailler en Egypte. C’est ainsi qu’en 1843, la première com­munauté grecque en Egypte et dans le monde s’est formée. Averoff, son fondateur, était natif du nord de la Grèce. Tosistas, un commerçant en coton, a créé la Bourse du coton, et plus tard, Bénachi, Gliménopoulo, Zizinia et Ganacklis, également des grands noms, ont fait partie de cette com­munauté. Ils cultivaient la terre, travaillaient dans l’industrie et excellaient dans le commerce.

En ce temps-là, les Grecs vivaient dans le quartier de Gomrok, près du port d’où ils sont arrivés par bateaux. Lors de la Révolution de Orabi et du bombar­dement des Anglais en 1882, les Egyptiens se sont révoltés contre les Grecs, les accusant d’avoir aidé les Anglais. Alors, des membres de la communauté ont déménagé à Manchiya et Attarine, certains des gens les plus aisés sont partis habi­ter au quartier grec à Chatbi.

100 000 dans les années 1930

Jusqu’en 1967, ils travaillaient dans le commerce, la navigation, l’industrie des cigarettes et du tex­tile et presque tous les restaurants d’Alexandrie étaient gérés par des Grecs. Bien avant cette date, il y a eu d’autres vagues d’émigration. En 1920, des Grecs de l’Anatole sont venus se réfugier en Egypte. Dans les années 1930-1940, le nombre de Grecs atteignait les 100 000. Et dans les années 1956- 1960, ce nombre a chuté, passant de 80 000 à 60 000 puis à 40 000. Suite à la nationalisation sous Abdel-Nasser, la communauté grecque avait quitté progressive­ment Alexandrie. Un voyage sans retour. Il y a eu un exode rural et les Egyptiens ont abandonné leurs terres agricoles pour travailler et diriger les entreprises et les usines, alors que les Grecs, sans être ren­voyés n’avaient plus leur place. Quant aux familles riches, la majorité sont parties surtout en Australie, ne voulant pas retourner en Grèce, considérée comme un pays pauvre. Environ 50 000 Grecs ont quitté l’Egypte en ce temps-là. Une nouvelle vague d’émigration a eu lieu lors de la crise écono­mique en Grèce en 2014. Depuis toujours, les deux peuples ont lutté ensemble. Lors de la Première Guerre mondiale, l’Egypte a même servi de refuge à l’armée grecque. En 1956, lorsque l’île de Chypre fut occupée par les Anglais, son gouvernement s’est allié à l’Egypte contre les Anglais. De même, lors de la nationalisa­tion du Canal de suez à l’époque Nassérienne, alors que les Italiens et les Français avaient quitté le pays, les Grecs sont restés en Egypte et ont présenté leur aide pour garder le prestige de cette nation qu’ils aiment par-dessus tout.

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