Les gens en bleu dans les rues d'Alexandrie.
Au milieu de la rue Port-Saïd, les gens se demandaient où se trouve l’école Saint-Gabriel qui accueille dans sa cour le spectacle Eskenderia Bivouac, de la compagnie française Générik Vapeur, en coopération avec l’Association égyptienne I ACT pour la création et l’entraînement.
Créée en 1983 à Marseille, par Pierre Berthelot et Caty Avram, Générik Vapeur est une compagnie de théâtre musical de rue. Après un atelier de dix jours à Alexandrie avec des artistes égyptiens, le spectacle a vu le jour. Sept Français originaires de la compagnie Générik Vapeur et dix-huit comédiens et artistes égyptiens ont séduit la foule et ont présenté un spectacle musical et théâtral captivant.
Dix interprètes à la peau bleue portaient des costumes gris. Ils sont sortis de la cour de l’école et ont amené le public vers la corniche. « Depuis deux ans nous travaillons sur ce projet Eskenderia Bivouac avec l’Association I Act, avec Amina Abou-Douma. Il fallait préparer, discuter et écrire le projet. Ces créatures en bleu sont des personnages intemporels et sont pour l’égalité des gens partout. On n’arrive pas à faire la différence entre les Egyptiens et les Français. Ils n’utilisent pas un langage verbal, mais plutôt ce qu’on appelle au théâtre le gromolo (langage imaginaire) », explique Pierre Berthelot.
Les interprètes étaient allongés sur le trottoir, saluaient les piétons, pénétraient dans un petit restaurant pour s’asseoir avec les gens, franchissaient le portail d’un ancien immeuble et se posaient pour des selfies avec les habitants. « D’habitude, on travaille directement dans la rue. D’une part, j’ai envie que tous les gens qui ne peuvent pas aller au théâtre voient le théâtre. D’autre part, la rue pour moi est un espace de liberté et en plus, je ne veux pas qu’elle soit réservée aux voitures », lance Pierre Berthelot.
La foule qui les suivait augmentait. Les personnages en bleu regagnent la cour de l’école pour que le spectacle commence sur une musique retentissante. Les interprètes ont utilisé des barils comme accessoires et comme instruments de percussion. « Ces barils sont plutôt le symbole du pétrole et du dollar. Ils sont au départ de forme pyramidale qu’on fait tomber exprès pour renoncer à toutes les barrières », explique Caty Avram.
Donner un spectacle pareil dans la cour d’une école était un moyen d’éviter les problèmes avec la sécurité en Egypte, surtout avec la loi sur l’état d’urgence. C’était un espace en plein air en quelque sorte protégé et limité. « Il fallait sortir vers la rue. Ce n’était pas autorisé, mais la cour de l’école était une bonne solution », souligne Avram.
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