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Le secrétaire général adjoint du parti Al-Nour, Chaabane Abdel-Alim: « Nous refusons que les rites chiites soient appliqués en Egypte »

Chaïmaa Abdel-Hamid, Lundi, 08 avril 2013

Le secrétaire général adjoint du parti Al-Nour, Chaabane Abdel-Alim, refuse le rapprochement égypto-iranien. Selon lui, Téhéran veut propager le chiisme en Egypte.

Chaabane Abdel-Alim
Chaabane Abdel-Alim

Al-Ahram Hebdo : Comment analysez-vous le rapprochement actuel entre l’Egypte et l’Iran ?

Chaabane Abdel-Alim : Nous avons manifesté devant la résidence du chargé d’affaires iranien au Caire pour dénoncer le réchauffement des relations entre l’Egypte et l’Iran. Nous rejetons ce rapprochement sous toutes ses formes et nous avons prévenu que cette normalisation aurait des conséquences négatives sur le pays.

— Quelles pourraient être ces conséquences négatives ?

— Nous sommes bien conscients du projet de Téhéran de diffuser la pensée chiite. Nous voyons comment l’Iran soutient le régime de Bachar Al-Assad en Syrie, ce qui a engendré la mort de nombreux sunnites. Pourquoi devons-nous accepter la présence des Iraniens ici en Egypte ? Pour nous, ceci est hors de question. Nous avons assez de problèmes ici. Nous n’allons pas en plus accueillir des chiites qui ne feront qu’accentuer les divergences politiques et idéologiques en Egypte.

— Pensez-vous qu’on peut facilement influencer le peuple égyptien avec le chiisme ?

— Oui, c’est possible. Nous avons un très grand nombre de soufis en Egypte qui pourraient très facilement subir cette influence du chiisme.

— Mais le gouvernement dit que le rapprochement est seulement d’ordre politique, économique et touristique …

— Cela ne veut rien dire. Il est même question de leur permettre de visiter certains gouvernorats et pas d’autres. Mais nous assisterons avec le temps à une ouverture totale du pays à ces touristes et à ces hommes d’affaires. A mon avis, cette décision n’est pas réfléchie. Afin que toutes les forces politiques puissent s’exprimer sur la question, il faudrait qu’un nouveau Parlement et un gouvernement soient formés. Nous refusons qu’un seul courant s’empare des décisions sans prendre en compte l’avis des autres forces politiques. Nous avons des craintes que ce rapprochement avec l’Iran soit motivé par des considérations économiques. Mais les intérêts économiques ne doivent pas prendre le dessus sur la sécurité nationale.

— Tous les partis d’opposition sans exception ont salué ce rapprochement. Pourquoi le courant salafiste est-il le seul à s’y opposer ?

— C’est normal, ni les libéraux, ni les laïques allaient s’opposer à un tel rapprochement. Ils sont favorables aux rapprochements entre les différentes factions. Mais nous, le courant salafiste, nous avons des craintes concernant la religion et le sunnisme. Nous refusons que les rites chiites soient appliqués ici en Egypte. Et il faut dire que la grande majorité du peuple le refuse aussi.

— Jusqu’où peuvent aller les salafistes pour empêcher l’influence iranienne ?

— Cela dépend de la politique du parti. Nous allons attendre le nouveau Parlement dans lequel nous seront représentés et notre opinion pèsera dans la balance. Ce pays n’appartient à aucun groupe politique en particulier. Il est légitime pour tout citoyen ou parlementaire soucieux pour sa religion de lutter contre ce genre de décision. D’ici là, nous allons protester et manifester. Notre message, lors de la dernière manifestation, exprimait notre refus de cette normalisation avec Téhéran. Jusqu’où cela pourrait aller, je ne sais pas encore, nous en déciderons .

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