L’avancée des troupes iraqiennes vers la ville de Mossoul ne s’est pas jusqu’à présent heurtée à de grandes difficultés. Mais elle est entrée dans la phase la plus compliquée de l’opération. La résistance de l’Etat Islamique (EI) dans la partie orientale de Mossoul va être sans doute féroce, et les dégâts attendus parmi les civils et du côté de l’armée seraient, selon l’estimation des observateurs, nettement plus importants que les pertes jusque-là observées. Pour le moment, les forces iraqiennes ont repris plus d’un tiers de la partie ouest de la ville aux djihadistes de l’EI depuis le lancement de leur vaste offensive mi-février. C’est ce qu’a affirmé à l’
AFP dimanche 12 mars le général Maan Al-Saadi, des forces d’élite du Contre-Terrorisme (CTS). «
L’ennemi s’était battu férocement sur la première ligne de défense », a-t-il indiqué. La résistance des djihadistes montre toutefois des signes d’affaiblissement face aux assauts répétés depuis le début de l’opération pour les chasser de leur dernier grand fief iraqien. «
L’EI a perdu de nombreux combattants (...), l’ennemi commence à s’effondrer », a estimé le général Saadi.
Une avancée non sans résistance
Cela dit, l’EI compte combattre jusqu’au bout. Les djihadistes ont envoyé vendredi des voitures piégées — technique récurrente pour ralentir la progression des forces iraqiennes —, « mais pas autant qu’ils en envoyaient au début de la bataille », a ajouté le militaire. « Nous combattons un ennemi aux méthodes irrégulières, qui se cache au milieu des citoyens et utilise des engins explosifs, des snipers et des kamikazes. Or, l’opération vise justement à préserver la vie des citoyens », a expliqué de son côté le général Yahya Rasool, porte-parole du commandement des opérations conjointes. Cette résistance devrait être particulièrement forte dans la vieille ville, dernier repaire ou presque, des hommes de Daech en Iraq.
En attendant, des unités d’intervention rapide et la police fédérale attaquaient dimanche la zone de Bab Al-Toub, près de la vieille ville, tandis que les CTS combattaient dans les quartiers Al-Jadida et Al-Aghawat. Ces forces progressent à partir du sud et ont repris plusieurs quartiers à l’EI depuis le lancement, le 19 février, de leur opération d’envergure pour reprendre la partie ouest. Mais cette progression des forces iraqiennes demeure laborieuse. Car « nous ne pouvons pas laisser des poches (de djihadistes) derrière nous. Il nous faut donc prendre le contrôle des zones, traquer les djihadistes, désamorcer (les bombes), contrôler les citoyens présents avant de pouvoir poursuivre notre progression », explique le général Saadi.
Autre signe de l’étau qui se resserre sur l’EI, son chef Abou-Bakr Al-Baghdadi a « probablement quitté Mossoul avant que Mossoul et Tal Aafar ne soient isolées par les forces iraqiennes », selon un responsable américain. Le leader de l’EI avait proclamé en juin 2014 depuis Mossoul un « califat » sur des territoires à cheval entre l’Iraq et la Syrie. En novembre dernier, il appelait encore les djihadistes à résister à l’offensive lancée le 17 octobre par l’armée iraqienne sur la deuxième ville du pays. Cela dit, « la libération de Mossoul ne veut pas nécessairement marquer la fin de l’EI en Iraq. Depuis l’invasion américaine de l’Iraq en 2003, la résistance contre le régime politique en place a pris plusieurs formes », analyse un diplomate qui a requis l’anonymat, selon lequel l’EI rassemble en Iraq tous les opposants sunnites au régime politique au pouvoir depuis la chute de Saddam Hussein. « Il ne faut pas oublier que le système politique en Iraq est considéré par les sunnites comme inégalitaire et favorisant les chiites. Ce qui n’est pas tout a fait faux d’ailleurs », explique le diplomate, en concluant que cette frustration sunnite à l’égard du pouvoir prendra d’autres formes tant que le gouvernement n’aura pas mené des réformes qui rassureraient les sunnites.
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