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Après Mossoul, Raqqa

Dimanche, 05 mars 2017

Quelques mois après le début de l’offensive lancée par les autorités iraqiennes pour reprendre la ville de Mossoul à l’Etat Islamique (EI), le groupe djihadiste continue à opposer une résistance farouche. Les autorités de Bagdad, appuyées par la coalition internationale anti-EI sous commandement américain, avaient reconquis le 24 janvier les quartiers Est de la ville coupée en deux par le Tigre. L’EI s’était emparé de Mossoul en juin 2014 lors d’une offensive éclair qui lui avait permis de contrôler de vastes territoires en Syrie et en Iraq. Il a, depuis, perdu une grande partie de ces zones.

Selon des estimations américaines, il resterait quelque 2 000 djihadistes à Mossoul-Ouest. Ces combattants peuvent encore infliger des pertes importantes à l’armée iraqienne en ayant recours à la guérilla, comme les explosions d’engins piégés et les attentats suicides.

Si la reprise totale de Mossoul, dernier grand fief de l’EI en Iraq, bien qu’ardu et pénible, ne semble plus faire l’objet de doute, la bataille contre Daech n’est pas encore terminée. Car il faudra aussi déloger les islamistes ultraradicaux de leur fief syrien de Raqqa, où des centaines, voire des milliers de combattants en provenance d’Iraq pourraient arriver dans les semaines à venir.

Mais cette bataille de Raqqa s’avère politiquement compliquée, et pose déjà des problèmes à la coalition internationale menée par les Etats-Unis. En effet, qui va prendre part à l’offensive sur Raqqa ? Le président américain, Donald Trump, qui avait déclaré à plusieurs reprises que sa priorité numéro un sera d’anéantir les djihadistes de Daech, se trouve à présent confronté à un choix difficile. Pour battre Daech en Syrie, il a besoin de l’appui des Kurdes syriens. Depuis l’avènement de l’Etat islamique en 2014, les Kurdes ont joué un rôle important dans la lutte contre l’EI. Ils ont systématiquement été utilisés par les Américains dans la lutte anti-djihadiste. Les Kurdes syriens avaient notamment remporté une brillante victoire contre l’EI à Kobané à la frontière turque en 2015 au moment où rien ne semblait arrêter l’organisation djihadiste. Tout comme leurs homologues d’Iraq, les Kurdes syriens, à qui les Etats-Unis fournissent des armes et des équipements, veulent leur autonomie, et cherchent l’appui politique de Washington. Or, une éventuelle participation kurde à l’offensive sur Raqqa va assurément froisser la Turquie, l’autre grand allié régional des Etats-Unis au sein de l’Otan. Ankara a toujours cherché à empêcher l’avènement d’un pouvoir kurde autonome en Syrie et en Iraq craignant que cette situation ne donne des idées aux Kurdes de Turquie. L’hostilité turque à l’égard des Kurdes syriens est d’autant plus importante que ces derniers ont annoncé leur affiliation au Parti des travailleurs du Kurdistan avec qui le pouvoir turc est en guerre depuis 1984. La bataille contre l’Etat islamique est politiquement compliquée et parsemée d’embûches .

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