De notre envoyée spéciale —
Le musée Reitberg accueille l’archéologie égyptienne pour la troisième fois de son histoire. Une première exposition avait eu lieu en 2009. Elle comprenait 5 pièces seulement. Mais cette troisième exposition est la plus importante, vu le nombre élevé de pièces exposées : 293 pièces provenant des fouilles sous-marines, et 40 autres empruntées aux musées Egyptien du Caire, Gréco-Romain d’Alexandrie et au musée de la Bibliotheca Alexandrina.
Avec cette exposition qui durera environ six mois, l’Egypte souhaite relancer le tourisme sur son sol.
L’exposition présente le dieu Osiris sous plusieurs formes, en relation avec d’autres divinités hellénistiques. Elle ressuscite l’un des mythes fondateurs de l’Egypte Ancienne en évoquant les mystères d’Osiris, engloutis dans les tréfonds de la mer. L’exposition, dont le contenu provient des profondeurs de la mer, s’étend sur une superficie de 1 300 m2. 293 statues, objets cultuels, sarcophages et autres représentations de divinités y sont exposés de même que des pièces rares, encore jamais vues dans l’espace germanophone de la Suisse, dont certaines sortent même de l’Egypte pour la première fois.
Stèle de Thônis-Héracléion, baie d'Abou-Qir à Alexandrie. (Photo : ChristopheGerigk@FranckGoddio Hilti Foundation)
Ces objets proviennent des deux villes légendaires de Thônis-Héracléion et Canope englouties dans la mer au VIIIe siècle. Ils apportent une réponse à des questions anciennes et racontent des histoires nouvelles. Parmi ces objets, nous trouvons de grandes statues colossales de 5 mètres de hauteur et une grande stèle. Ensemble, elles pèsent plus de 30 tonnes. Elles sont posées à l’entrée du musée.
Trois séquences composent le parcours de la visite. La première expose le mythe et ses protagonistes. La deuxième séquence, la plus importante, est consacrée aux sites des découvertes, et au rite de la célébration des mystères d’Osiris. Alors que dans la troisième et dernière séquence, le visiteur découvre comment ce mythe a évolué et explore ses diverses représentations.
Grâce à une mise en scène extraordinaire qui alterne couleurs et lumière, des photos sous-marines et des vidéos ainsi que les objets découverts par les archéologues au fond de la mer seront exposés aux côtés des chefs-d’oeuvre prêtés par les musées égyptiens.
Un travail d’équipe
Tête d'une statuette chypriote en pierre calcaire représentant le dieu phénicien Baal. (Photo : ChristopheGerigk@FranckGoddio Hilti Foundation)
Les découvertes sous-marines qui ont initié Osiris, Mystères engloutis d’Egypte sont le fruit du travail de l’équipe de l’Institut Européen d’Archéologie Sous-Marine (IEASM) dirigé par l’archéologue sous-marin Franck Goddio. Une équipe internationale qui intègre divers domaines de compétences : archéologues, égyptologues, plongeurs, numismates, céramologues, savants, spécialistes de la restauration et de la conservation des pièces archéologiques, ingénieurs électroniciens, techniciens, cameramen, photographes … Au total, une trentaine, parfois même une cinquantaine de personnes travaillent aux côtés du directeur des fouilles : Français, Egyptiens, Anglais, Américains, Allemands, Espagnols, Philippins et Russes. L’équipe se retrouve en principe deux fois par an, au printemps et à l’automne, à bord du bateau-support, le Princess Duda, pour prospecter et fouiller les sites de la baie d’Abou-Qir à Thônis-Héracléion et Canope.
Le Centre d’archéologie maritime d’Oxford (OCMA) participe aux fouilles avec des étudiants de troisième cycle et leur offre ainsi la possibilité de consacrer leurs recherches au matériel archéologique des fouilles de l’IEASM grâce à l’octroi de bourses. L’OCMA supervise également la publication scientifique des études résultant des fouilles.
L’ensemble des fouilles est placé sous l’égide de l’IEASM, qui est à la base une association (loi 1901) fondée par Franck Goddio en 1987, et sous la haute autorité du ministère égyptien des Antiquités, qui supervise les fouilles dans le pays. Depuis 1996, la Hilti Foundation soutient l’ensemble des recherches de l’IEASM en Egypte.
Disparues sous les flots
Canope et Héracléion reposent sous les eaux depuis plus de 1 200 ans. Un tremblement de terre aurait achevé leur engloutissement au VIIIe siècle. Mais il n’en est pas le seul responsable. Plusieurs séismes, parfois associés à des raz-de-marées, avaient déjà secoué la région. L’un des plus violents, en 365, aurait fait 50 000 victimes à Alexandrie.
D’autres facteurs ont contribué à la submersion de ces sites au cours des temps. Situées sur une côte argileuse, les villes d’Héracléion et de Canope étaient particulièrement exposées à des phénomènes d’affaissement de terrains dûs à la liquéfaction des sols.
Le niveau des terres a ainsi baissé de 5 à 6 mètres alors que, depuis l’Antiquité, le niveau de la mer s’était élevé d’environ 1,5 mètre. Le vrai gain pour l’Egypte est les milliers de visiteurs qui viendront voir de plus près les monuments comme le plateau des pyramides, par exemple ….
Connaissez-vous Osiris ?
Osiris, fils de la Terre et du Ciel, fut tué par son frère Seth. Ce dernier démembra le corps d’Osiris en 14 morceaux avant de le jeter dans le Nil. Isis, soeur-épouse d’Osiris, grâce à ses pouvoirs divins, remembra son corps, avant de lui rendre la vie et de concevoir leurs fils : Horus. Osiris devint alors le Maître de l’Au-delà et Horus, victorieux de Seth, eut l’Egypte en héritage.
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