Dans l’Ancienne Egypte, les femmes ont toujours été représentées à côté des hommes, à grandeur égale, ce qui a fasciné beaucoup de monde. Mais qu’en est-il de leurs descendantes ? Les Egyptiennes de notre temps, qui sont-elles ? Que savons-nous d’elles ? Quel est leur statut dans la société ? Comment ont-elles participé au développement de leur société ? Participent-elles au développement de leur pays et du reste du monde ou non ? ».
Tant de questions que se pose Samia Spencer, l’éditrice de Les Filles du Nil, dans une longue introduction expliquant pourquoi ce livre est important pour découvrir la femme égyptienne actuelle. « A part Néfertiti et Cléopâtre, la majorité des gens peinent à reconnaître le nom d’une femme égyptienne, et peinent encore plus à parler de ce qu’elle a réalisé en Egypte ou à l’étranger », poursuit-elle. Google et Wikipédia présentent en fait plus d’informations sur les femmes anciennes que sur les contemporaines. Et les figures féminines médiatisées ne représentent que difficilement la réalité, intentionnellement ou non.
Mais en regardant autour d’elle, Samia Spencer découvre différents types de femmes : des pionnières dont les succès leur ont valu d’être reconnues et honorées par les plus hautes institutions et gouvernements. Spencer se pose encore des questions : « Pourquoi ces femmes-là ne sont-elles pas sous les feux des projecteurs ? Pourquoi les médias les boudent-elles ? ». Et la décision de faire un livre sur les femmes égyptiennes contemporaines ne tarde pas à venir.
« J’ai décidé de faire le livre pour trois raisons. Premièrement, je voulais interrompre le stéréotype habituel et peu flatteur de la femme égyptienne contemporaine qui apparaît comme une femme peu instruite, sans bagage culturel, et dominée par les hommes.
Deuxièmement, je voulais que le monde soit conscient de l’existence de championnes égyptiennes modernes qui ont voulu améliorer la qualité de vie dans leur société et leur entourage. La troisième raison est que je voulais présenter des modèles positifs de femmes égyptiennes issues des nouvelles générations, expliquer leurs objectifs et leurs combats face aux obstacles que chacune d’elles a pu rencontrer », écrit-elle dans sa préface.
Samia Spencer voulait au début présenter 50 femmes, mais elle a reçu les réponses positives de seulement 36. L’éditrice, elle, est le numéro 37.
De la littérature à l’économie
Spencer a varié les domaines de leur réussite : littérature, édition, ingénierie, médecine, chimie, aéronautique, politique, économie, etc. Elle a demandé à chacune d’elles d’écrire 10 pages en anglais, puisque ce livre était destiné, au départ, au public occidental. Il fallait que chacune se présente, qu’elle raconte son parcours personnel et les défis auxquels elle a fait face et, enfin, qu’elle relate les honneurs qu’elle a reçus et les succès qu’elle a réalisés. Le travail de l’éditrice consistait à établir des normes de rédaction, pour qu’elles soient similaires dans chaque chapitre, puis coordonner, rassembler, raffiner les textes et les publier. Un travail intéressant, intensif et passionnant avec 36 « compatriotes exceptionnelles », dit Samia Spencer, qui a duré presque deux ans.
Une seule femme étrangère intervient pour écrire la préface. Il s’agit de Melanne Verveer, experte américaine à l’Onu. Elle fut désignée par l’ex-président Barack Obama en tant qu’ambassadrice itinérante. Dans sa préface, nous pouvons lire : « Nous apprenons beaucoup de choses à travers la vie de ces femmes. Je suis vraiment impressionnée par leur force d’esprit, leur remarquable leadership, que ce soit au gouvernement ou dans les organisations internationales ou civiles. Elles éprouvent toutes un désir profond d’améliorer la qualité de leur vie dans leurs pays natals ou à l’étranger. Ces femmes ont su faire l’équilibre entre la maison et le travail, non sans difficultés. Elles ont fait la différence, souvent à contre-courant et en présence d’adversaires, dans une société patriarcale où la discrimination entre les sexes est de mise. Comme l’a bien dit une écrivaine : Je dois démontrer que les femmes peuvent aspirer à toute profession et à la pratiquer éminemment ».
Un ouvrage de 600 pages
La première édition du livre a été publiée par une maison d’édition anglaise de renom, la Cambridge Scholars Publishing, fin 2016. Un ouvrage d’environ 600 pages qui coûte 57,99 £ et dont la traduction arabe et française est sérieusement sous étude.
Une soirée de présentation du livre a déjà été faite au Canada, puis une deuxième au Centre culturel égyptien à Paris, accompagnée d’une audience spéciale avec l’ambassadeur d’Egypte en France.
Les Filles du Nil présente une variété d’histoires fascinantes. La vente de ce livre exceptionnel financera deux ONG égyptiennes : l’Association de la protection de l’environnement pour le compte des chiffonniers de Moqattam, où s’est investie Marie Assaad, et l’Association Banati (mes filles), où s’est investie Hanna Aboul-Ghar, en faveur des filles des rues.
En fait, la femme égyptienne des temps modernes n’est pas très différente de celle du temps des pharaons. Elle continue à franchir les barrières et de se tenir debout, la tête haute .
Lien court: