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Ces Egyptiennes qui ont changé leur monde

Loula Lahham, Dimanche, 26 février 2017

Publié à l'occasion de la Journée mondiale de la femme, le livre de Samia Spencer Les Filles du Nil est un grand succès en Europe. Présentation.

Dans l’Ancienne Egypte, les femmes ont toujours été représentées à côté des hommes, à grandeur égale, ce qui a fasciné beaucoup de monde. Mais qu’en est-il de leurs descendantes ? Les Egyptiennes de notre temps, qui sont-elles ? Que savons-nous d’elles ? Quel est leur statut dans la société ? Comment ont-elles participé au développement de leur société ? Participent-elles au développement de leur pays et du reste du monde ou non ? ».

Tant de questions que se pose Samia Spencer, l’éditrice de Les Filles du Nil, dans une longue introduction expliquant pourquoi ce livre est important pour découvrir la femme égyptienne actuelle. « A part Néfertiti et Cléopâtre, la majorité des gens peinent à reconnaître le nom d’une femme égyp­tienne, et peinent encore plus à parler de ce qu’elle a réalisé en Egypte ou à l’étran­ger », poursuit-elle. Google et Wikipédia présentent en fait plus d’informations sur les femmes anciennes que sur les contempo­raines. Et les figures féminines médiatisées ne représentent que difficilement la réalité, intentionnellement ou non.

Mais en regardant autour d’elle, Samia Spencer découvre différents types de femmes : des pionnières dont les succès leur ont valu d’être reconnues et hono­rées par les plus hautes ins­titutions et gouvernements. Spencer se pose encore des questions : « Pourquoi ces femmes-là ne sont-elles pas sous les feux des projec­teurs ? Pourquoi les médias les boudent-elles ? ». Et la décision de faire un livre sur les femmes égyp­tiennes contem­poraines ne tarde pas à venir.

« J’ai décidé de faire le livre pour trois rai­sons. Premièrement, je voulais interrompre le stéréotype habituel et peu flatteur de la femme égyptienne contemporaine qui apparaît comme une femme peu instruite, sans bagage culturel, et dominée par les hommes.

Deuxièmement, je voulais que le monde soit conscient de l’existence de championnes égyptiennes modernes qui ont voulu amé­liorer la qualité de vie dans leur société et leur entou­rage. La troisième raison est que je voulais présenter des modèles positifs de femmes égyp­tiennes issues des nouvelles généra­tions, expliquer leurs objectifs et leurs combats face aux obstacles que chacune d’elles a pu rencontrer », écrit-elle dans sa préface.

Samia Spencer voulait au début présenter 50 femmes, mais elle a reçu les réponses positives de seule­ment 36. L’éditrice, elle, est le numéro 37.

De la littérature à l’économie
Spencer a varié les domaines de leur réussite : littéra­ture, édition, ingénierie, médecine, chimie, aéronautique, politique, économie, etc. Elle a demandé à chacune d’elles d’écrire 10 pages en anglais, puisque ce livre était destiné, au départ, au public occi­dental. Il fallait que chacune se présente, qu’elle raconte son par­cours personnel et les défis aux­quels elle a fait face et, enfin, qu’elle relate les honneurs qu’elle a reçus et les succès qu’elle a réa­lisés. Le travail de l’éditrice consistait à établir des normes de rédaction, pour qu’elles soient similaires dans chaque chapitre, puis coordonner, rassem­bler, raffiner les textes et les publier. Un tra­vail intéressant, inten­sif et passionnant avec 36 « compatriotes exceptionnelles », dit Samia Spencer, qui a duré presque deux ans.

Une seule femme étrangère intervient pour écrire la préface. Il s’agit de Melanne Verveer, experte américaine à l’Onu. Elle fut désignée par l’ex-président Barack Obama en tant qu’ambassadrice iti­nérante. Dans sa préface, nous pou­vons lire : « Nous apprenons beau­coup de choses à travers la vie de ces femmes. Je suis vraiment impressionnée par leur force d’es­prit, leur remarquable leadership, que ce soit au gouvernement ou dans les organisations internatio­nales ou civiles. Elles éprouvent toutes un désir profond d’améliorer la qualité de leur vie dans leurs pays natals ou à l’étranger. Ces femmes ont su faire l’équilibre entre la maison et le travail, non sans difficultés. Elles ont fait la diffé­rence, souvent à contre-courant et en présence d’adversaires, dans une société patriarcale où la discri­mination entre les sexes est de mise. Comme l’a bien dit une écrivaine : Je dois démontrer que les femmes peuvent aspirer à toute profession et à la pratiquer éminemment ».

Un ouvrage de 600 pages
La première édition du livre a été publiée par une maison d’édition anglaise de renom, la Cambridge Scholars Publishing, fin 2016. Un ouvrage d’environ 600 pages qui coûte 57,99 £ et dont la traduction arabe et française est sérieusement sous étude.

Une soirée de présentation du livre a déjà été faite au Canada, puis une deuxième au Centre cultu­rel égyptien à Paris, accompagnée d’une audience spéciale avec l’am­bassadeur d’Egypte en France.

Les Filles du Nil présente une variété d’histoires fascinantes. La vente de ce livre exceptionnel financera deux ONG égyptiennes : l’Association de la protection de l’environnement pour le compte des chiffonniers de Moqattam, où s’est investie Marie Assaad, et l’Association Banati (mes filles), où s’est investie Hanna Aboul-Ghar, en faveur des filles des rues.

En fait, la femme égyptienne des temps modernes n’est pas très dif­férente de celle du temps des pha­raons. Elle continue à franchir les barrières et de se tenir debout, la tête haute .

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