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La hausse des prix profite aux producteurs

Marwa Hussein, Lundi, 20 février 2017

La hausse des prix profite aux producteurs
Les entreprises d'engrais vendent des quotas de leur production au gouvernement à des prix réglementés. (Photo: Hossam Rabie)

Les producteurs locaux d’engrais sont les principaux gagnants de la hausse des prix. Avant la hausse, le prix fixé par le gouvernement était inférieur au coût de production. Les entreprises de produc­tion d’engrais en Egypte ont repris leur souffle après la décision du gouverne­ment d’augmenter les prix des engrais subventionnés, ou plutôt, ce sont elles qui ont poussé le gouvernement à prendre cette décision impopulaire parmi les agriculteurs, en suspendant les quotas qu’elles fournissaient au gouver­nement. En fin de compte, ce sont les entreprises qui subventionnent les agri­culteurs, alors que le gouvernement fixe les prix et les quantités d’engrais que chaque entreprise doit livrer à la Banque de crédit et de développement agricole, responsable de la distribution des engrais subventionnés. « Le ministère de l’Agriculture n’a rien à faire avec la hausse des prix, celle-ci affecte négati­vement le ministère de même que les agriculteurs », dit Hamed Abdel-Dayem, porte-parole du ministère de l’Agriculture, ajoutant que les entre­prises ont affronté des difficultés finan­cières après les dernières décisions éco­nomiques, en référence à la libéralisa­tion des taux de change, la hausse des prix du carburant ainsi que l’imposition de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) en octobre et novembre derniers.

Variations du coût de production
Ces décisions s’appliquent aux entre­prises privées et aussi à celles du secteur public. Or, ces dernières sont plus affec­tées car elles fournissent une partie importante de leur production, voire toute leur production dans le cas de l’entreprise Abou-Qir, au ministère de l’Agriculture. Le prix du gaz naturel acheminé aux entreprises n’est pas non plus unifié pour toutes les entreprises, ce qui crée des variations importantes dans le coût de production. « Les entre­prises subissent des pertes lorsqu’elles vendent leur production au gouverne­ment, les plus touchées sont Abou-Qir, Delta et Hélouan (toutes les trois publiques). Cette dernière vend toute sa production en urée (plus sollicité sur le marché local) au gouvernement, elle gagne en produisant et en exportant d’autres produits, mais subit des pertes en ce qui concerne l’urée », explique Ahmad Hazem Maher, cher­cheur auprès de la Banque d’investisse­ment EFG-Hermes.

Afin d’éviter de grandes pertes, les entreprises ont suspendu les approvi­sionnements dédiés à la Banque agri­cole pour quasi deux mois. « Avant la hausse des prix, il était plus profitable aux entreprises de payer l’amende de 150 L.E. par tonne, imposée en cas de non-livraison des quantités requises. En revanche, elles exportaient leur production vu que le prix international était supérieur au pris en Egypte, alors que le prix du gouvernement était inférieur au coût de production », raconte Ahmad Hazem Maher. Il appelle le gouvernement à complète­ment libéraliser les prix de vente des entreprises et à subventionner directe­ment les agriculteurs afin de mettre fin aux distorsions sur le marché. « Le gouvernement va retirer plus d’impôts

aux entreprises en cas de libéralisa­tion des prix et les entreprises ne s’abstiendront pas de fournir les engrais azotés en cas de baisse des prix », argumente-t-il.

Les entreprises d’engrais en Egypte n’opèrent pas avec leur capacité de pro­duction maximum depuis quelques années à cause de la baisse des approvi­sionnements en gaz naturel. Celui-ci n’est pas seulement utilisé en tant que carburant dans cette industrie mais aussi comme une matière première. Son prix est de 65 % supérieur au coût de pro­duction des engrais azotés. En 2014, des usines ont presque suspendu par inter­mittence leur production à cause de la pénurie de gaz. Durant l’été 2015, les niveaux de production de certaines usines étaient très bas. « La situation s’est considérablement améliorée en 2016, le secteur travaille à 70 % de sa capacité. Nous prévoyons une amélio­ration en 2017 et 2018 avec le début de la production des nouvelles découvertes gazières », annonce Ahmad Hazem Maher .

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