Les entreprises d'engrais vendent des quotas de leur production au gouvernement à des prix réglementés.
(Photo: Hossam Rabie)
Les producteurs locaux d’engrais sont les principaux gagnants de la hausse des prix. Avant la hausse, le prix fixé par le gouvernement était inférieur au coût de production. Les entreprises de production d’engrais en Egypte ont repris leur souffle après la décision du gouvernement d’augmenter les prix des engrais subventionnés, ou plutôt, ce sont elles qui ont poussé le gouvernement à prendre cette décision impopulaire parmi les agriculteurs, en suspendant les quotas qu’elles fournissaient au gouvernement. En fin de compte, ce sont les entreprises qui subventionnent les agriculteurs, alors que le gouvernement fixe les prix et les quantités d’engrais que chaque entreprise doit livrer à la Banque de crédit et de développement agricole, responsable de la distribution des engrais subventionnés. « Le ministère de l’Agriculture n’a rien à faire avec la hausse des prix, celle-ci affecte négativement le ministère de même que les agriculteurs », dit Hamed Abdel-Dayem, porte-parole du ministère de l’Agriculture, ajoutant que les entreprises ont affronté des difficultés financières après les dernières décisions économiques, en référence à la libéralisation des taux de change, la hausse des prix du carburant ainsi que l’imposition de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) en octobre et novembre derniers.
Variations du coût de production
Ces décisions s’appliquent aux entreprises privées et aussi à celles du secteur public. Or, ces dernières sont plus affectées car elles fournissent une partie importante de leur production, voire toute leur production dans le cas de l’entreprise Abou-Qir, au ministère de l’Agriculture. Le prix du gaz naturel acheminé aux entreprises n’est pas non plus unifié pour toutes les entreprises, ce qui crée des variations importantes dans le coût de production. « Les entreprises subissent des pertes lorsqu’elles vendent leur production au gouvernement, les plus touchées sont Abou-Qir, Delta et Hélouan (toutes les trois publiques). Cette dernière vend toute sa production en urée (plus sollicité sur le marché local) au gouvernement, elle gagne en produisant et en exportant d’autres produits, mais subit des pertes en ce qui concerne l’urée », explique Ahmad Hazem Maher, chercheur auprès de la Banque d’investissement EFG-Hermes.
Afin d’éviter de grandes pertes, les entreprises ont suspendu les approvisionnements dédiés à la Banque agricole pour quasi deux mois. « Avant la hausse des prix, il était plus profitable aux entreprises de payer l’amende de 150 L.E. par tonne, imposée en cas de non-livraison des quantités requises. En revanche, elles exportaient leur production vu que le prix international était supérieur au pris en Egypte, alors que le prix du gouvernement était inférieur au coût de production », raconte Ahmad Hazem Maher. Il appelle le gouvernement à complètement libéraliser les prix de vente des entreprises et à subventionner directement les agriculteurs afin de mettre fin aux distorsions sur le marché. « Le gouvernement va retirer plus d’impôts
aux entreprises en cas de libéralisation des prix et les entreprises ne s’abstiendront pas de fournir les engrais azotés en cas de baisse des prix », argumente-t-il.
Les entreprises d’engrais en Egypte n’opèrent pas avec leur capacité de production maximum depuis quelques années à cause de la baisse des approvisionnements en gaz naturel. Celui-ci n’est pas seulement utilisé en tant que carburant dans cette industrie mais aussi comme une matière première. Son prix est de 65 % supérieur au coût de production des engrais azotés. En 2014, des usines ont presque suspendu par intermittence leur production à cause de la pénurie de gaz. Durant l’été 2015, les niveaux de production de certaines usines étaient très bas. « La situation s’est considérablement améliorée en 2016, le secteur travaille à 70 % de sa capacité. Nous prévoyons une amélioration en 2017 et 2018 avec le début de la production des nouvelles découvertes gazières », annonce Ahmad Hazem Maher .
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