Mardi, 12 novembre 2024
Al-Ahram Hebdo > Economie >

Mohamad Barghash : Les prix des intrants agricoles ont plus que doublé en l’espace de trois ans

Hossam Rabie, Lundi, 20 février 2017

président du syndicat des Agriculteurs, Mohamad Barghash, qui discute la hausse des prix des engrais et son effet sur les agriculteurs

Mohamad Barghash

Al-Ahram Hebdo : Beaucoup d’agriculteurs sont en colère contre la décision de la hausse des prix des engrais. Comment évaluez- vous cette décision ?
Mohamad Barghash : On ne peut pas parler de la hausse des prix des engrais qui a augmenté de 100 % depuis 2015, sans aborder la question de la hausse des prix d’autres intrants de la production agricole, notamment les machines et les pesti­cides dont le prix a triplé en trois ans. Le gouvernement a pris cette décision pour répondre aux demandes des entreprises de production d’engrais. Il a fait un accord avec ces entreprises au détriment de la troisième partie de cette équation, c’est-à-dire les agricul­teurs. Les responsables ne discutent pas leurs décisions avec les agriculteurs. L’article 29 de la Constitution définit les droits des agriculteurs, mais le gouvernement les néglige. Cet article engage le gouvernement à acheter les récoltes de base des agriculteurs à des prix qui leur assu­rent une bonne marge de profit et une vie décente.

— Des députés discutent au parlement une augmentation des prix des récoltes pour créer une sorte d’équilibre avec l’augmentation de ceux des engrais. Comment voyez-vous cette solution ?
— Il faut que ces députés mènent des discussions avec les agriculteurs s’ils cherchent vraiment à défendre leurs intérêts. Un débat sur la hausse des prix qui n’implique pas les agri­culteurs est un débat incomplet et ne sert pas les agriculteurs.

— D’après vous, quelles seraient les consé­quences de la hausse des prix des engrais azotés ?
— Avec la hausse des prix d’autres intrants agricoles, on peut dire que l’agriculture en Egypte est dans une situation de plus en plus difficile. L’Egypte compte 52 millions d’agri­culteurs, comme l’avait dit le président Abdel-Fatah Al-Sissi lors d’un discours en 2014. Mais la plupart ne veulent pas transmettre leur métier à leurs fils. Quand un métier devient inutile, on cherche une autre source de revenu, c’est nor­mal. L’Etat doit réaliser que de telles décisions vont mener à une baisse de la production locale, et par conséquent, pèseront très lourd sur l’éco­nomie. De même, les récoltes stratégiques seront fortement affectées par la cherté des intrants agricoles. Les agriculteurs vont tourner le dos aux récoltes qui consomment plus d’en­grais comme le blé, le maïs ou le riz .

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique