Mahmoud Mabrouk, muséographe de l’exposition temporaire du Musée National de la Civilisation Egyptienne (MNCE).
Al-Ahram Hebdo : Quelles sont les particularités de la muséographie de cette exposition ?
Mahmoud Mabrouk : Il faut d’abord rappeler la différence qui existe entre le MNCE (Musée National de la Civilisation Egyptienne) et les autres musées égyptiens. En général, les musées exposent les pièces chronologiquement et c’est aux archéologues de raconter le passé grâce à des panneaux explicatifs. Au MNCE, l’exposition des pièces est thématique et nous utilisons différents supports pour donner les informations sur les oeuvres exposées. Nous utilisons par exemple des films documentaires, des répliques ou des graphiques didactiques. Cette façon originale permet aux visiteurs de découvrir les oeuvres et l’artisanat ancien de façon ludique et intéressante.
— Pourquoi le thème de l’artisanat égyptien a-t-il été choisi pour cette première exposition au MNCE ?
— La production artisanale en Egypte a une longue et riche histoire qui a évolué au fil du temps et qui est assez représentative des changements socioéconomiques de notre pays. Certains chefs-d’oeuvre anciens servent encore d’exemple à nos contemporains qui ont peu à peu incorporé de nouvelles techniques et de nouvelles matières. Ce choix de l’artisanat nous a semblé tout à fait légitime et justifié pour une première exposition. Nous avons d’ailleurs choisi de donner une grande place à la poterie, artisanat très présent dans la région qui entoure le musée « Fostat ». Une communauté de potiers vieux de plusieurs siècles vit ici et les vendeurs occupent toujours les rues principales menant au musée. Les quatre métiers suivants : potier, charpentier, tisseur et bijoutier, étaient au coeur de l’économie de l’Egypte Ancienne. Cette exposition donne une vision originale et novatrice de ce qu’était la civilisation égyptienne d’hier à aujourd’hui.
— Ne croyez-vous pas que présenter ces quatre métiers à travers 400 pièces dans un seul espace d’exposition soit trop ?
— J’aurais préféré présenter un ou deux métiers seulement, mais les responsables au ministère avaient une vision différente. Ils voulaient que cette première exposition soit fournie et riche.
— Le choix des pièces a-t-il été difficile ?
— Pas vraiment. Nous avons sélectionné quatre métiers d’art parmi les plus répandus dans le pays, et avons choisi les pièces les plus utiles afin d’expliquer aux visiteurs, quel était leur usage à l’époque, comment elles ont été construites, comment fonctionnait l’ensemble du processus de création et ce que ce métier est devenu aujourd’hui. Nous avons choisi des pièces de plusieurs musées et entrepôts de différents gouvernorats. Le soutien incontestable du ministère nous a été d’une aide précieuse pour réussir à réaliser cette exposition.
— Pourquoi avez-vous choisi d’utiliser de nouveaux médias comme les films documentaires et les répliques dans votre exposition ?
— Nous ne pouvons pas ignorer les moyens de communication modernes qui sont désormais présents partout dans notre société. L’idée est de dépoussiérer l’image que les gens, notamment les jeunes, ont du musée en général. C’est pourquoi, nous avons utilisé des films documentaires et des répliques 3D pour expliquer les origines de certaines pièces ou techniques au public. Ces nouveaux médiums explicatifs, en plus d’être modernes et attirants, sont très didactiques.
— Quelles sont les prochaines expositions au MNCE ?
— Nous pensons faire une exposition sur le verre et le cuivre. Deux matériaux fréquemment utilisés durant la période islamique et dont les oeuvres finies sont magnifiques.
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