Salaheddine Al-Jamali : Les Libyens ne contestent plus la légitimité de l’accord de Skhirat
Al-Ahram Hebdo : Un an après l’accord de Skhirat, qui a théoriquement expiré, certains parlent de la nécessité de l’amender. Pouvez-vous nous éclairer sur ce point ?
Salaheddine Al-Jamali : Les termes de l'accord n’ont pas expiré et sont encore valables. Seulement leur avenir doit faire l’objet de discussions entre les différentes parties libyennes. Les absents, lors de l’élaboration et de la signature de l’accord il y a un an, veulent aujourd’hui des amendements. Je crois qu’ils se sont mis d’accord sur 6 ou 7 amendements concernant le Conseil de la présidence, le commandement de l’armée, la formation du gouvernement et le Sénat. C’est un pas en avant, car maintenant, la plupart des Libyens ne contestent plus la légitimité de l’accord de Skhirat. Les opposants demandaient des amendements mais pas la suppression totale de l’accord.
— Dans ce contexte, quelles sont les initiatives du voisinage libyen ?
— Presque toutes les initiatives sont orientées vers un même objectif, à savoir que cet accord soit acceptable pour tous. La Tunisie, par exemple, n’apporte plus rien de nouveau. Elle souhaite réunir les différentes parties libyennes pour discuter de Skhirat et unifier les efforts déployés par l’Egypte et l’Algérie, pour enfin rationaliser les initiatives de chacun. Il est actuellement difficile de penser à d’autres accords. Nous sommes dans une phase plutôt délicate, et il serait difficile de repartir à zéro. Toutes les forces concernées déploient leurs efforts pour parvenir à un consensus, comme le font actuellement l’Union africaine et les Nations-Unies.
— Sur quels points achoppent ces efforts ?
— Il y a un consensus de principe, et pratiquement, toutes les parties sont prêtes à dialoguer. Les discussions porteront surtout sur des prérogatives du président et de ses adjoints, ainsi que sur l’avenir de l’armée.
— Le chef de l’armée, Khalifa Haftar, et la Russie se sont récemment rapprochés. Qu’en pensez-vous ?
— Haftar n’est pas le seul dans cette situation. Agila et Fayez Al-Sarraj, le chef du gouvernement, se sont également rendus en Russie. Il est préférable pour Moscou de trouver des solutions à l’amiable entre les parties libyennes, car l’exemple syrien n’est, pour l’instant, pas très encourageant. La Russie se positionne comme une puissance internationale et le démontre à travers ses actions, parfois militaires sur la scène internationale. En Syrie, elle a en principe réussi à changer l’équilibre et ce n’est donc pas surprenant qu’elle essaye de jouer un rôle politique en Libye.
— Washington vient de bloquer la candidature de Salam Fayad comme successeur à Kolber, l’envoyé de l’Onu en Libye. Comment interprétez-vous cette décision ?
— C’est dommage. Cette décision résulte bien entendu de la pression israélienne. Fayad est pourtant l’homme du consensus et il est en faveur de la création de deux Etats. Je trouve cette opposition des Etats-Unis un peu étrange. Ce n’est pas une décision très intelligente, d’avoir mis sur la touche un homme expérimenté qui aurait favorisé l’instauration de la paix en Libye.
— Quelle est la prochaine étape en Libye ?
— Les pays voisins sont en train de préparer une réunion des ministres des Affaires étrangères de tous les pays concernés par le dossier. Cette rencontre doit se tenir au plus tard dans deux semaines mais le lieu n’a pas encore été décidé.
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