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Tensions turco-grecques

Maha Al-Cherbini avec agences, Mardi, 31 janvier 2017

L'accord migratoire entre l'Union européenne et la Turquie risque de faire les frais du nouveau bras de fer engagée cette semaine entre Ankara et Athènes.

La turquie ne change pas de tactique. A chaque fois qu’elle veut faire pression sur le club européen, elle fait sortir la carte des migrants. Dernière preuve en date : Ankara a menacé d’annuler son accord sur les réfugiés conclu avec l’Europe suite à son bras de fer avec la Grèce. Malgré une inimitié historique entre les deux pays à cause de leurs différends en mer Egée, Athènes compte sur son voisin turc pour endiguer le flux migratoire via l’accord UE-Turquie, qui permet le renvoi en Turquie de tout migrant arrivé illégalement en Grèce.

Réalisant l’importance de son rôle dans le frein de l’afflux des réfugiés chez son voisin, la Turquie a fait cette semaine de la carte migratoire son cheval de bataille dans sa crise avec Athènes. La crise a commencé quand la Cour suprême grecque a rejeté la demande d’extradition vers la Turquie de 8 officiers turcs soupçonnés par Ankara d’avoir pris part à la tentative de putsch du 15 juillet, soulignant l’absence de garanties en Turquie pour un procès juste et équitable. « Indépendamment de leur culpabilité présumée, leur extradition n’est pas autorisée, car leurs droits sont en danger en Turquie », a statué la Cour suprême grecque, mettant en avant le risque de « torture ». Dénonçant une décision grecque « motivée par des considérations politiques », les autorités turques ont réagi avec colère, émettant vendredi une deuxième demande d’extradition de militaires turcs. « Cette décision de la justice grecque contredit les principes du droit international. Nous ne pouvons pas regarder positivement un pays qui protège des terroristes », s’est insurgé le ministre turc des Affaires étrangères. Passant à l’acte, Ankara a menacé d’annuler l’accord migratoire, inquiétant Athènes qui a tenté de se retrancher derrière l’indépendance de la justice. « La Grèce est un Etat de droit », et la « justice grecque indépendante a la compétence exclusive sur les affaires liées aux extraditions », a indiqué le premier ministre grec, Alexis Tsipras.

Chypre, un éternel contentieux

Alors que les relations entre les deux voisins sont envenimées, une nouvelle pomme de discorde vient mettre de l’huile sur le feu : Chypre. Après une semaine de négociations sous l’égide de l’Onu à Genève entre représentants chypriotes grecs et chypriotes turcs, ainsi que responsables turcs et grecs en vue de la réunification de l’île divisée depuis 42 ans, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a déclaré vendredi que les négociations ont achoppé à cause de l’épineuse question de la présence militaire turque au nord de Chypre. « Je ne vois pas de base à un accord sur Chypre actuellement », a déploré M. Tsipras.

Pour leur part, le président chypriote, Nicos Anastasiades, et le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Kotzias, insistent sur le fait que tout accord de paix doit aboutir au retrait des troupes turques et à de nouveaux arrangements de sécurité, Athènes qualifiant les 30 000 soldats turcs d’armée d’« occupation ». M. Kotzias a révélé que les deux parties doivent aboutir à une proposition visant à créer une police fédérale composée d’officiers chypriotes grecs et turcs. « Les Chypriotes turcs seront capables de gérer leur propre sécurité, ils auront leur propre force de police », a déclaré M. Kotzias. Rejetant cette solution, Ankara estime que ses troupes sont « une force de stabilité » pour la protection de la population chypriote turque minoritaire. « Le retrait total des soldats turcs est hors de question », a affirmé le président turc, étouffant ainsi toute lueur d’espoir en une réunification de l’île déchirée.

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