La tombe où étaient trouvés les débris d'une barque solaire de Sénousert III.
C’est en 1954 que le grand archéologue égyptien Kamal Al-Mallakh a découvert, par hasard, la présence de deux fosses hermétiquement recouvertes par des dalles en calcaire, lors des travaux de nettoyage du mur sud de la pyramide de Chéops. En fouillant la première fosse, Al-Mallakh et son collègue, l’archéologue Ahmad Youssef, ont découvert plus d’un millier de morceaux de bois, provenant d’une structure détruite. Il avait fallu 13 ans de patience aux spécialistes égyptiens pour reconstruire l’objet initial, constitué de 1 224 morceaux de bois de cèdre. Lors de l’assemblage, les scientifiques ont découvert que quelques rares pièces n’étaient pas du cèdre du Liban, mais de l’acacia égyptien. Ils en ont conclu que cela pouvait être des réparations effectuées après l’achèvement de la pièce originale. Après de longues années de dur labeur, l’équipe d’archéologues et de spécialistes a réussi à reconstituer une magnifique barque échelle 1 de 43,6 mètres de long et de 5,9 mètres de large, munie de tout son outillage : rames, cordes et cabine. Cette barque gigantesque est aujourd’hui exposée dans le Nouveau Musée égyptien situé au pied de la grande pyramide.
Depuis leur découverte, les deux barques de Chéops n’ont cessé de susciter le débat parmi les archéologues concernant leur fonction. Etaient-elles des barques solaires ou funéraires ? Certains archéologues envisagent que ce sont des barques solaires nommées ainsi en l’honneur du dieu Rê qui, selon la légende, voyage à bord d’une barque solaire dans l’au-delà en compagnie du roi défunt. « C’est la raison pour laquelle on a trouvé ces vestiges proches des tombeaux », explique l’archéologue Mamdouh Taha.
Une autre hypothèse suggère que ces barques étaient utilisées pour transporter le pharaon sur l’autre rive du Nil, lors de la cérémonie funéraire. Selon Taha, cette hypothèse est tout à fait admissible également en vue de la grande taille des barques. « Les barques solaires sont de petites barques symboliques. Il n’est pas nécessaire qu’elles soient à l’échelle 1. En outre, des traces de vase ont été trouvées sur la première barque lors de sa découverte. Ce qui pourrait valider l’hypothèse que ces barques ont bien été utilisées pour l’inhumation des corps du pharaon ou alors pour visiter les temples situés le long du Nil », indique Mamdouh Taha.
Quant à l’égyptologue de renom, Zahi Hawas, il a confirmé dans ses recherches « Les Empreintes et les secrets des barques du soleil », que ces barques étaient des barques solaires. Zahi Hawas étudie ces barques comme un monument à partir d’un point de vue religieux sans regarder le contexte architectural et patrimonial. Il assure que leur présence au pied de la pyramide, où le roi est enterré, confirme que ce sont des barques solaires. « Kamal Al-Mallakh n’était pas dans l’erreur lorsqu’il les a nommées les barques solaires de Chéops », conclut Hawas.
Des barques dans l'ombre
Les barques de Chéops sont les plus célèbres, mais il existe des dizaines d’autres barques moins connues près de beaucoup de nécropoles et tombes royales. Plusieurs remontant à la première dynastie ont été découvertes à Saqqara. Mais la plus ancienne reste celle qui date du règne du roi Den. Vieille de plus de 5 000 ans (elle date de l’année 2950 avant notre ère), cette barque mesure environ 6 mètres et est composée de 11 planches de bois. Elle a été découverte par l’Institut Français des Antiquités Orientales (IFAO) sur le site funéraire d’Abou-Rawach, au nord de Guiza.
Une autre barque a été mise au jour en l’an 2000, mais cette fois-ci à Aboussir au sud de Guiza par une équipe d’archéologues de l’Institut tchèque d’égyptologie. Cette barque, de 18 mètres de long, date de 2550 avant notre ère, entre la fin de la troisième dynastie et le début de la quatrième.
En outre, les ruines de plus d’une vingtaine d’autres barques solaires ont été retrouvées sur divers sites funéraires. Malheureusement, beaucoup ont été pillées de leurs fosses. C’est le cas de la barque du roi Sesostris III, située à 60 mètres de sa tombe dans la nécropole d’Abydos, dans le gouvernorat de Sohag en Haute-Egypte. Il n’en reste que quelques débris. Dans d’autres cas, les archéologues n’ont trouvé que des traces brunes de la forme de l’embarcation.
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