Al-Ahram Hebdo : Quelle est la position exacte du Hamas vis-à-vis de l’appel lancé, lors du sommet arabe de la semaine dernière, pour l’organisation d’un mini-sommet au Caire consacré à la réconciliation interpalestinienne ?
Dr Ghazi Hamad : Notre position est claire et elle est la même depuis le départ : nous accueillons favorablement tout effort mené par l’Egypte ou par n’importe quel autre Etat arabe en vue de parvenir à une réconciliation interpalestinienne. L’initiative lancée lors du sommet de la Ligue arabe de Doha (26 mars dernier) est donc la bienvenue, d’autant plus qu’elle intervient à un moment où la rue palestinienne commence à s’impatienter, voire à perdre espoir en la réconciliation. Or, ceci équivaut à perdre espoir en l’avenir, car sans réconciliation, on ne peut pas parvenir à nos objectifs communs en tant que Palestiniens.
Aujourd’hui, il est urgent de sortir de ce statu quo, car cette impasse n’est plus acceptable. La division dure depuis 2007, c’est-à-dire depuis beaucoup trop longtemps. C’est pourquoi toutes les parties doivent fournir l’effort nécessaire pour en finir avec la division. C’est l’objectif de la venue d’une délégation du Hamas cette semaine au Caire, avec notamment le chef de l’organisation Khaled Mechaal, le premier ministre Ismaïl Haniyeh, et moi-même.
— Cependant le président Mahmoud Abbas ne fait pas partie de la délégation envoyée au Caire …
— Je suis confiant que les efforts égyptiens en vue de mettre fin à la désunion palestinienne vont aboutir et que les obstacles à la mise en exécution de l’initiative de l’émir du Qatar, Hamad bin Khalifa Al-Thani, seront levés. J’espère vraiment que Le Caire sera capable de convaincre nos frères du Fatah de parvenir à une solution pour clore définitivement le sujet. La réconciliation passe par la formation d’un gouvernement d’union nationale qui inclut la totalité des formations palestiniennes. L’Egypte, tout comme le Qatar, jouent un rôle très important dans cette réconciliation.
— Certains évoquent un rôle accru de la Turquie dans ce dossier, notamment suite au dégel des relations entre Ankara et Tel-Aviv … Le rôle de la Turquie peut-il se substituer à celui de l’Egypte ?
— Il est impossible que la Turquie remplace l’Egypte. C’est irréaliste et toutes les parties palestiniennes sont convaincues que le rôle de l’Egypte dans la réconciliation est primordial et irremplaçable. Ceci dit, nous ne nions pas le rôle d’Ankara qui soutient la tenue d’un mini-sommet pour parvenir à la réconciliation entre le Fatah et le Hamas. Mais il faut savoir que l’intervention turque s’est faite avec l’accord du Caire. Si les choses se compliquent, il est tout à fait possible que les autres forces régionales fournissent des efforts aux côtés de l’Egypte.
— On parle aujourd’hui davantage des dissensions interpalestiniennes au détriment de la cause palestinienne …
— Justement, on en est arrivé à oublier l’essentiel, et c’est là tout le danger. La question ne devrait pas se limiter à parler du rôle de tel ou tel pays dans les efforts de réconciliation. Ce qu’il nous faut, c’est un véritable soutien à la cause palestinienne, et ce, à travers la mise en place d’une stratégie commune palestino-arabo-islamique pour sauver Al-Qods.
Comme vous le voyez, le processus de paix est quasiment mort. Preuve en est la récente visite du président américain, Barack Obama, dans la région. Sa visite dans les territoires était une opération de relations publiques si on la compare avec sa visite en Israël, où il a démontré une fois de plus le soutien total et inconditionnel des Etats-Unis à Israël. La position de Barack Obama vis-à-vis de la question palestinienne est très négative et je considère même qu’elle est pire que celle de Georges W. Bush. Ses réactions concernant la politique de colonisation israélienne et les atteintes israéliennes aux droits des Palestiniens sont d’une passivité extrêmement décevante.
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